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Pour fuir la canicule de la ville, quoi de mieux que d’aller chercher un peu de fraicheur sur les bien nommées Hautes Chaumes (pour changer un peu du Pilat) ? Donc en route pour Jeansagnière, où je prévois un circuit dont j’ai déjà parcouru tous les éléments, mais que je crois n’avoir jamais mis ainsi bout à bout pour réaliser la boucle complète du jour. De plus, Sylviane doit faire en parallèle un trajet plus court : du Col des Placiaux (où elle aura garé la voiture) au Col de la Loge, où on devrait se retrouver vers 13h pour le pique-nique, suivi d’un retour en commun jusqu’aux Placiaux (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué).
Je pars donc vers 10h30 de Jeansagnière, mais dès mon départ la rencontre d’une très aimable voisine sortant de chez elle entraîne des échanges amicaux d’un petit quart d’heure. Second départ donc, et cette fois je ne croiserai plus personne jusqu’au Col de la Loge… sauf à la maison du Fossat, où pour la première fois depuis… des décennies, il y a enfin quelqu’un : les volets sont ouverts, et j’aperçois deux personnes en train de désherber le terrain attenant – un miracle ! Ensuite, comme je connais par cœur la traversée des Hautes Chaumes jusqu’aux Deux Boules (option que j’ai choisie aujourd’hui, sans doute parce que je n’avais plus foulé le GR3 depuis longtemps), ça roule ! Parsemée de fleurs de saison, dont de superbes œillets sauvages, ma chère lande forézienne a revêtu ses habits d’été.
À partir des Deux Boules, le parcours du GR3, d’abord assez banal, devient de plus en plus attrayant, la nature y reprend ses droits, et les fleurs et les chants d’oiseaux explosent littéralement aux abords de la Montagnette. Au Col de la Loge, où j’arrive peu avant 13h30, Sylviane est bien au rendez-vous, allongée à l’ombre d’un grand pin. Je suis soulagé, mais stupéfait lorsque j’apprends qu’au col des Sapeaux elle a loupé le sentier prévu (que nous avions déjà fait une fois ensemble), vu qu’il était était masqué par un énorme engin d’abattage en pleine activité. Donc elle a poursuivi sur la large piste et, ayant vu un panneau indiquant le Col de la Loge, elle a suivi l’indication sans se poser de questions ni se faire du souci. C’est ainsi que, sans carte ni boussole, elle a fini par se retrouver des kilomètres plus loin à une fourche sans aucune indication, où elle a longuement hésité et pris finalement, d’instinct, la bonne direction (ouf !). En réalité, cette large piste, bien marquée sur IGN, et que j’avais déjà empruntée une ou deux fois, permet également de rejoindre le Col de la Loge, mais en effectuant un vaste arc de cercle au Nord du sentier direct… En tout cas, chapeau à Sylviane pour son exercice d’orientation involontaire, parfaitement (et heureusement) réussi !
Après notre pique-nique, mon attention est soudain attirée par des aboiements incessants et un curieux remue-ménage de l’autre côté de la route du col, en lisière du bois. Donc je vais voir ce qui se passe. Là, un personnage extrait, deux par deux, une douzaine de chiens nordiques (superbes huskies) d’une sorte de bétaillère, les attache soigneusement à chaque fois à un piquet planté dans le sol. Les chiens n’ont pas l’air méchants, d’ailleurs leur maître le confirme aux enfants qui se sont approchés, et en effet les bestiaux se laissent caresser sans problème ! Un bon moment après ce manège, ça se corse : les chiens sont harnachés les uns après les autres, un savant attelage prend forme, ils se mettent à aboyer comme des fous, bref il se prépare une "course verte" où ils vont tous tirer une sorte de machin (kart ?) à roulettes sur la piste poussiéreuse, à défaut de traineau sur la neige ! Et finalement les voici partis à toute allure, dans un nuage de poussière : joli spectacle, parfaitement inattendu ! Il faut bien que ces sportifs de haut niveau s’entraînent eux aussi, été comme hiver...
Cela dit, il faut bien aussi que nous deux, petits sportifs de bas niveau, nous rentrions au bercail. Et bien, ça se fera peu après, ensemble, par mon petit sentier habituel (celui que Sylviane a loupé ce matin), via le Col des Sapeaux et le Col des Placiaux. Une journée sans prétention, mais pas sans intérêt, dans nos Hautes Chaumes et nos forêts du Forez, toujours aussi belles, été comme hiver. Pourvu que ça dure ! Il y a en effet une sérieuse menace d’installation prochaine de 5 (!) éoliennes industrielles justement sur ce si beau parcours de crête, qui serait alors complètement ravagé, défigurant ainsi définitivement ces splendides Hautes Chaumes auxquelles le Prof. Axel Kahn consacrait en 2014, dans son ouvrage Pensées en chemin. Ma France, des Ardennes au Pays Basque, six pages enthousiastes (149 à 154). Il concluait ainsi : "Je ne connaissais pas ces lieux… J’en ai été ébloui… Pour ma part, ce serait bien là, dans les Hautes Chaumes du Forez, près d’un petit pin isolé sur une éminence, que j’aimerais voir blanchir mon squelette pour les siècles futurs".
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