Toujours trop de vent alors nous partons pour Montlambert, site miraculeusement protégé des caprices d'Éole. Nous laissons la voiture à l'atterrissage déjà soumis à un bon vent de vallée, ce qui laisse augurer un vol mouvementé... Mais pour l'heure, cette relative fraîcheur est la bienvenue pour cette marche roborative en sous-bois. Nous tenons à monter à pied, malgré la route possible, en raison de notre éthique quelque peu chrétienne il est vrai, à savoir qu’il faut souffrir pour mériter le paradis. Quoi qu'il en soit la peine n'est pas vraiment insupportable, tout au plus faut il essorer le tee-shirt de la sueur accumulée une fois en haut.
En apercevant la manche à air au décollage, le doute n'est pas possible, ça va pulser. Quand elle n'est pas vigoureusement dressée par la brise, c'est qu'elle subit les pires outrages des turbulences que génèrent les puissants thermiques... Pourtant il n'est pas encore 11h ! Comme les conditions vont encore forcir, nous n'attendons pas que le stage performance finisse de s'envoler, il faut dire qu'ils hésitent alors ça risque de durer longtemps. Afin de ne froisser personne, nous étalons nos voiles loin du totem, là où jamais personne ne s'installe. L'étalage des voiles est laborieux, elles veulent sans cesse décoller avant le top départ !
Hélène s'envole la première, le temps que je prenne une photo, une rafale a mis ma voile en vrac, je la ré-étale grossièrement pendant que ma douce monte à la verticale en s'éloignant du relief. Avec quelques retards, je prends enfin mon essor. Ma trajectoire n'est pas la même qu'Hélène, je m'enfonce inexorablement vers la vallée, je vire donc à bâbord pour trouver le thermique salvateur, rien encore ne se présente, dépité j'opère alors un demi-tour pour changer de coin. C'est à ce moment qu'un vigoureux thermique me prend enfin en charge. Plus détendu sur l'avenir du vol, j'enroule tranquillement tout en cherchant ma douce dans ce décor wagnérien. Au bout de quelques tours, je commence à m'inquiéter, impossible de repérer la voile jaune et rouge d'Hélène, ni en bas se découpant dans la forêt, ni au dessus sous les nuages maintenant proches, elle a littéralement disparue des radars, comme un avion au dessus du triangle des Bermudes ! Inquiet, il n'est plus question pour moi de continuer comme si de rien n'était, direction la vallée. Durant toute la descente, mon caractère naturellement angoissé a pris le dessus, mais où est elle donc passée ?
Ce n'est qu'une fois largement au dessus de la vallée que j'ai enfin vu l'ultralite se poser comme une fleur sur le terrain, face à une solide brise venue du sud. Ouf, rassuré j'ai terminé mon vol sans plus enrouler quoi que ce soit, trop pressé de retrouver ma douce qui était allée se promener dans un coin plus tranquille de la montagne, échappant ainsi à mon observation.