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En voilà, une vire, qu'elle est belle... !
Ça oui.
Vue du bas, elle ne se distingue pas. Ou si peu.
Pour comprendre qu'il pouvait y avoir, là-haut dans cette face, un passage naturel, il fallait un coup de main. Et ce coup de main, c'est la neige qui l'a fourni.
Parmi toutes les photos faites cet hiver, quelques unes d'entre elles montraient un « trait blanc », horizontal, et caractéristique de la vire de falaise. Toutefois, plusieurs interruptions de ce trait faisaient douter que l'on puisse trouver là une traversée complète. C'est vrai : il suffit de si peu de chose pour empêcher de passer : juste quelques mètres de balcon qui seraient tombés au cours de l'un des millénaires passés, et puis tout est foutu !
Un premier essai, histoire de tâter le terrain, avait été mené par le côté sud, celui qui vient depuis la vire de Serre-Brion. Mais tout de suite, un couloir peu sympathique avait repoussé la visite. Une autre tentative avait été faite d'en haut, cherchant à vérifier l'accès par le couloir médian, celui qui raye la face entre les 2 parties du sommet nord du Ranc Traversier. Là encore, chou blanc ! Une barre rocheuse trop raide empêchait la descente, enfin plus exactement empêchait l'éventuelle remontée. Ne restait plus maintenant qu'à aller voir le côté nord...
J'en étais là de ces réflexions, quand les observations de Rafaël, suite à sa visite de l'arche de l’œil du chat, nous firent comprendre que nous regardions le même endroit : la vire d'en haut. Une conclusion logique s'imposait : allons y tous les 3, avec Cathy bien sûr !
Comment dire la suite... ??
Ce qui s'est passé, ce jour-là, m'a paru tout simple. Tout était tellement évident, tellement naturel, tellement sans souci, que l'histoire deviendrait presque banale à raconter.
Pour rejoindre la vire, il fallait la bonne "clé" : chercher l'endroit d'où l'on peut s'échapper du couloir de la Peyrouse, en rive droite. C'est tout. Une fois que c'est réussi (à la bonne altitude, bien sûr) tout est gagné ! La trace de bouquetins est là, très nette. La vire est là, magnifique, herbeuse à souhait, pentue certes mais pas déversente... Il n'y a qu'à y aller, au bon rythme pour maîtriser son souffle.
Sauf que pour nous, hélas, ce mardi c'était dans le brouillard...
Et oui, l'humidité de la pluie d'hier, associée au soleil de la matinée commençante, ont fait que le panorama nous a été bouché bien plus que nous ne l'aurions voulu...
Qu'y faire ???
Une première descente, dans une coupure de la face. Mais sans dommage car la trace est toujours là, même si elle y est étroite. Puis le premier éperon est atteint, et le brouillard qui nous masque toujours tout. Nous ne pouvons pas profiter de ce qui doit être, ici, extraordinaire...
Les pitons de la voie d'escalade dite « Arête du brouillard » se voient sur le flanc gauche du pilier.
Suivent trois longueurs de corde magnifiques. Elles sont tellement belles qu'il nous faudra revenir par beau temps pour en profiter vraiment.
Le couloir médian est dépassé, et nous arrivons au deuxième éperon. L'emplacement est si confortable que nous nous y installons pour le repas de midi. Nota pour ceux qui viendront profiter, bientôt, de cette terrasse en pleine falaise : n'oubliez pas les lunettes de soleil ni la crème bronzante !
Sauf un court passage de couloir, la suite de la traversée est horizontale : c'est vraiment impeccable ! Là, nous coupons l'autre voie d'escalade : « le pilier médian », avec les 2 pitons rituels. Tout est toujours très évident, et si beau, que nous arrivons vite au passage de sortie, qui reste une inconnue importante. En fait, l'ambiance est tellement parfaite que ce passage ne nous inquiète presque plus, alors qu'il pourrait en être bien autrement. Raf, disparaît de suite derrière l'angle, et nous annonce dans la foulée le relais suivant : que dire de mieux ! Cathy et moi enchaînons, pénards.
La vue du sentier de Serre-Brion marque une petite fin...
Nous allons bientôt quitter ce lieu magique, même s'il ne nous a pas offert aujourd'hui tout le spectacle qu'il recèle en lui. C'est probablement parce qu'il veut nous faire revenir.
Allez, d'accord !
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