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De retour pour 2 jours à Valberg, j’avais prévu d’en profiter pour traverser au départ de Péone la crête de la Montagne de l’Alp, dont la Cime Nègre constitue l’acmé… La météo avait annoncé pour ce lundi 3 une journée de transition correcte entre la superbe période estivale précédente et les pluies continues annoncées à partir de ce soir…
Me voici donc parti dès 7h30 du gué au bas du carrefour des Mians, sous un ciel tout bleu et ensoleillé, avec juste une fine bande nuageuse à l’horizon derrière moi. Il fait frais, et je monte d’un bon pas entre les pins et les mélèzes aux si délicates couleurs automnales (vert et jaune, le must !). Malgré le caractère quelque peu tortueux de l’itinéraire jusqu’au Col de Crousette, je n’ai pas trop de mal à me repérer, sauf, brièvement, sur les vastes espaces de la montagne de l’Estrop, où la carte et la boussole me sont parfois utiles vu l’absence de trace, malgré un bon balisage mais pas toujours évident à trouver sur les rares pierres au sol dans l’alpage. Ce qui m’inquiète un peu par contre, c’est, vers les 11h, le développement soudain de la bande nuageuse, qui envahit bientôt la moitié du ciel. Lorsque je vois enfin apparaître le Col de Crousette au bout du plateau de l’Estrop, je constate avec horreur que des nuages bas ont déjà enveloppé toute la crête et descendent rapidement vers le Col. D’un seul coup, tout est gris et un vent glacial se met à souffler. Le mauvais temps aurait-il pris une bonne demie-journée d’avance ? La perspective de me trouver noyé dans un épais brouillard voire sous la pluie (ou la neige ?!) pour le restant de la journée ne me réjouit guère ! Que faire ? Je décide finalement, "la mort dans l’âme", 1. de renoncer aujourd’hui au parcours de crête, et 2. de ne pas trop tarder à faire demi-tour. Mais quand je me vois ainsi sur le point de renoncer, j’essaie toujours, dans la mesure du possible, d'atteindre quand même un petit objectif "identifiable" avant le demi-tour fatal… Alors… le Col ? Il me parait trop loin, surtout en aller-retour, trop rébarbatif, trop sinistre ! C’est alors que j’aperçois au-dessus de moi, perchés sur un petit sommet rocheux à droite du large couloir sous le Col, les silhouettes de trois bouquetins qui de toute évidence paraissent très intéressés par ma progression… Eh ben voilà, j’ai trouvé : pourquoi ne pas monter vite fait sur le petit sommet des bouquetins tout proche (que j'ai identifié après coup comme la Crête du Rocher de l'Or - joli nom- avec, derrière, le Petit Mounier) ? Alors j’y grimpe en deux coups de cuillère à pot par une arête rocheuse facile, et bien sûr une fois en haut, plus de trace des bouquetins. Mais vu d’ici, le Col de Crousette paraît soudain plus proche et plus humain. Et comme le brouillard semble stabilisé pour le moment, je me dirige dès que possible vers le col, en dévers (assez pénible) pour ne pas perdre trop d’altitude. Et en effet je finis enfin par l’atteindre ce col, mais il est froid, venté, inhospitalier ; des 2 côtés, la grisaille partout… La menace d’une aggravation de la situation me fait résister à une dernière tentation : faire un aller-retour au "vrai" sommet de la crête, moins de 100m au-dessus...
Et me voilà donc dégringolant du Col dans les schistes, toujours à flanc pour rejoindre au plus vite le plateau. Et là, sur les pâturages de l’Estrop, d’un coup, voilà qu'il se met à neiger !! Heureusement, ça ne durera pas trop, mais une pluie fine va bientôt remplacer la neige... Cela dit, le brouillard ayant le bon goût de continuer à stagner juste au-dessus de moi, je n’aurai pas trop de mal à retrouver dans l’herbe les uns après les autres les gros cailloux balisés du Petit Poucet (ouf). J’y trouve même le poteau-balise n° 92, tombé au sol (je comprends mieux pourquoi je ne l’avais pas vu à l’aller), et que je redresse du mieux que je peux en le calant dans les cailloux, mais sans parvenir à y recoller les 4 panneaux indicateurs qui gisent eux aussi par terre. Plus loin, quelques cairns m’aident à négocier sur la gauche le virage vers la bergerie. La suite sera sans histoire, puisque le sentier réapparaitra au bout du replat et me mènera sans faillir au gué, départ de la rando, pour cette fois tronquée, du jour. De retour à Valberg, j'aurai le plaisir de constater que le temps pourri qui s'est installé ce matin pendant ma rando n'a cessé de s'aggraver : j'ai bien fait de faire demi-tour (on se console comme on peut...) !
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