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Dans les perturbations qui se suivent et se ressemblent, un bulletin météo plutôt optimiste tombe un vendredi.... Ça c'est un coup de bol, y a un créneau, il convient d'en profiter de toute urgence, c'est ainsi que je me retrouve à Villard Notre Dame à la première heure de la journée. Le Grand Renaud surplombe la vallée de ses 2776 m, il brille déjà dans le ciel sous les premiers rayons d'un soleil pour l'instant omnipotent. La lumière orangée annonce l'automne, tout baigne dans cette chaude luminosité, c'est l'avantage des faces Est. Et c'est tant mieux car il ne fait pas chaud. Le sentier serpente agréablement au milieu des prés remplis de vaches, c'est bon de se promener en montagne, pourvu que ça dure... En attendant voilà maintenant la Croix du Carrelet, elle se dresse sur la crête au-dessus de Villard-Reymond dans un calme total, c'est bon signe.
Plus haut, de nombreux chamois traînent sur la longue arête montante et font des cabrioles sans se soucier du parapentiste qui peine avec son gros sac. Après les avoir observés bondir et jouer comme des jeunes fous, je signale ma présence en imitant bien maladroitement le sifflement d'alerte, ce qui n'a pas manqué de les faire détaler dans les pentes raides. La suite est une longue traversée sur une banquette herbeuse suspendue pour rejoindre le fond du vallon, plusieurs ravines la coupent comme autant d'obstacles qu'il convient de franchir prudemment car elles glissent et donnent sur une falaise impressionnante.
La suite est plus simple, en revanche au niveau météo ça se complique, des gros cumulus joufflus apparaissent en dessous et prennent de l'extension de minutes en minutes. Le choix est cornélien, arrêter ici et décoller avant que tout se bouche, ou continuer malgré tout vers le sommet ? Va pour la seconde option, c'est tout de même l'objectif du jour. L'herbe finit par disparaître et laisse le vallon dans un amas indescriptible de pierres instables, la progression devient pénible. C'est au moment d'arriver au sommet que le brouillard m'a enveloppé dans une brise maintenant forte et glaciale, mais qu'est-ce que je fous là ? Aucune vue, aucune opportunité de décoller et mes doigts sont engourdis par le froid. La décision est vite prise, j'aurais mieux fait de décoller depuis les belles pentes juste en dessous.
La descente de trois cents mètres est vite expédiée, un pierrier mou permet de dévaler tranquillement avec les grosses godasses. Plus bas le vent est meilleur et les nuages ont pris le large, parfait pour décoller. Le vol est splendide dans cette lumière de septembre, presque 2000 m plus bas, Bourg d'Oisans n'est même pas encore soumis à son habituel vent de vallée. Là encore, deux options se présentent, la première se matérialise par une grande prairie rase et bien plate et dégagée, mais à 2 bornes de la route, l'autre est un champ bizarre cerné de grands arbres, mais il offre l'avantage de se trouver juste à côté de la route de Villard Notre Dame. Fainéant que je suis, j'opte pour la proximité. C'est dans les derniers mètres que je me suis rendu compte de ma boulette, ce n'est pas un pré, c'est un marais putride couvert de grands roseaux dont l'approche est biscornue. Plus le temps de changer d'option.
Je me vautre plus que je ne me pose dans de la vase vraiment puante, le falsar et les gants d'Hélène sont noirs et dégoulinants, une véritable infection, heureusement la voile est posée sur les roseaux à deux mètres du bourbier infâme. Il a fallu traverser le marais comme un GI américain au milieu des rizières Viêt-Cong... La voile roulée en boule comme un paquet de nouilles chinoises à travers les roseaux touffus et les pieds dans la fange. C'est complètement crotté qu'il a fallu faire du stop. La première bagnole s'arrête mais elle a failli redémarrer devant le remugle nauséabond et l'aspect repoussant du stoppeur. Mais trop tard, je me suis engouffré dans la caisse ne laissant plus d'alternative aux aimables promeneurs du dimanche.
Finalement une bonne sortie qui fait du bien mais la douche est plus que nécessaire...
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