Alors que je marchais sur le sentier qui mène au sommet du Saint Eynard en ce jour de noël 2015, deux jeunes femmes qui montaient tranquillement m'ont cédé le passage, me laissant ainsi accéder seul à la cime, face à un paysage illumine par ce soleil de décembre qui, cette année, n'en fini plus de briller pour la plus grande joie de tous les amoureux des activités de plein air.
Après une petite pause à me régaler d'un paysage décidément impossible à se lasser, il fut l'heure de descendre. Par une étrange coïncidence, j'ai rattrapé les deux filles à l'endroit où je les avait croisé. Elles descendaient devant moi à une distance respectable. Les écouteurs vissés sur les oreilles, Angus et Julia Stone me distillaient une musique superbe et douce en rapport certain avec le paysage tout en rondeurs qui défilait sous mes pas. C'est quand le chemin s'est élargi que les marcheuses se sont mis à se tenir la main tout en discutant de tout et de rien, et puis d'un coup, soudainement elles se sont enlacer pour se rouler un baisé long et doux comme l'air qui nous entourait. Mes pas m'ont rapproché ostensiblement d'elles alors qu'elles ont repris le plus naturellement du monde la marche, ignorant tout de ce qui se passait autour d'elle, y compris du marcheur qui descendait derrière elles. La descente se poursuivait alors que j'observais ce couple sous un nouvel angle.
Plutôt bien faite toutes les deux, la quarantaine sans doute, elle suscitaient plus que jamais ma curiosité, cette brutale effusion amoureuse était pour le moins surprenant sur ce sentier de moyenne montagne ou l'on croise plutôt des touristes et des sportifs de tous âges. Alors que j'échafaudais les scénarios romantiques les plus biscornus qui pouvaient coller au mieux à l'histoire de ces deux filles, un point de vue splendide sur la ville me fit faire deux ou trois photos avant de reprendre la marche. Elles avaient donc repris quelques mètres et tout aussi soudainement que précédemment, elle se remirent une nouvelle fois à s'enlacer tendrement pour une séquence interminable d'un nouveau baisé toujours aussi tendre et sensuel, à mesure que mes pas me faisaient rapprocher d'elles, rien ne semblait infléchir la force de leur échange charnel, j'ai pensé un moment sortir l'appareil photo de ma poche comme l'aurait probablement fait un Robert Doisneau, mais n'ayant certainement pas les capacités du photographe à saisir l'indicible, j'ai, plutôt que de tenter de fixer ce baisé pour l'éternité, profité bien égoïstement de ce spectacle touchant de simplicité. Elles n'avaient manifestement rien à faire de moi et poursuivait langoureusement cette effusion amoureuse, se caressant mutuellement la nuque tout en s'embrassant délicatement, le monde aurait pu s'écrouler autour d'elles que rien aurait pu changer le déroulement de l'action. Et puis, aussi subitement que cela a commencé, sans se soucier une seconde de ma personne, elles ont repris la marche.
La fin de la descente s'est déroulée ainsi, moi écoutant ma musique tout en marchant tranquillement, elles, toujours en avant, s'offrant ici et là de tendres marques d'affections. Une force magnétique semblait imperceptiblement entretenir des gestes amoureux, un frôlement de mains se transformait en une caresse, un obstacle du terrain les obligeant à redoubler d'attention l'une vers l'autre. Ce fut un vrai bonheur que de voir ainsi la matérialisation évidente d'un amour manifestement passionnel et puissant. Je n'ai pas eu d'autre alternative, une fois au parking que de les féliciter pour la joie qu'elle m'avait donner à m'offrir cette démonstration amoureuse qui semble si rare de nos jours et je leurs promettais de m'appliquer à faire de même avec ma douce dès que l'occasion se présenterait, elle me répondirent que l'amour était finalement la chose la plus importante, quelque en fut le contexte.