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Encore un recoin du Pilat que je ne connaissais pas ! Pas bien loin des Roches de Marlin, récemment découvertes et que je voulais absolument revoir. J'ai donc saisi l’occasion pour tracer une grande boucle vers l’est incluant, outre les Roches, deux petits mais "vrais" sommets : les Tourrettes (zappées l’autre jour faute de temps), et ce Crêt de Longes dont j’ignorais jusqu’au nom…
Départ plus matinal ce samedi que lors de ma rando aux Roches il y a 15 jours, car la boucle du jour est nettement plus longue (mais devrait pouvoir tenir dans une grosse matinée ?). Le jour se lève, dévoilant peu à peu un ciel tout bleu, avec des lointains plutôt brumeux… et complètement bouchés vers le nord et l'est par une nappe compacte d'un gris-marron douteux. L’air est frais, tonique, et j’avance d’un bon pas. Très vite, à proximité des Tourrettes, je me retrouve une première fois en terrain inconnu, ça stimule ! D’autant que ce terrain aussitôt me fascine, avec ses squelettes d’arbres calcinés, ses troncs couchés en tous sens, ses grands espaces décharnés, mais où la vie a déjà repris avec ses mousses et ses genêts… Le sommet, lui, est tout simple avec sa dalle à cupules au sol et sa borne, et même pas de cairn (j’aurais dû en mettre un, ce sera pour la prochaine fois !).
Deuxième étape, le retour aux Roches de Marlin (par le même chemin que l’autre fois). Comme j’ai un peu plus de temps, je fouine un peu partout, de rocher en rocher au milieu des genêts (et des ronces !). Certaines roches sont sans grand intérêt, mais d’autres sont surprenantes, avec de belles mousses aux couleurs variées, et parfois de petites cupules qui me font penser pour la première fois aux yeux d’un visage humain (ou animal ?). À peine arrivé à la Pierre qui Chante, caressée par la lumière rasante de cette heure encore matinale, je reste saisi par ce que je vois (ou que j’imagine ?) : à son extrémité inférieure, en enfilade, un visage plutôt effrayant avec la bouche grande ouverte comme pour un cri (d’horreur ?) ! La fois précédente, je n’avais rien vu du tout… Bon, je finis quand même mon tour complet du site, lorsqu’un groupe d’une douzaine de marcheurs "nordiques" (de Saint-Etienne) arrive sur les lieux, qu'ils voient pour la première fois. J’en profite pour informer de ma "découverte" toute fraiche le premier arrivé, je l’accompagne sur place, il en convient, mais préfère croire à un phénomène naturel – certes tout aussi vraisemblable… Et quand tout le groupe s’est enfin reconstitué, je le laisse aux mains de mon interlocuteur qui s’apprête tout content à faire le guide super bien informé…
En route vers la Croix du Trève, je décide de faire un petit détour par le hameau de Marlin, que je suis curieux de découvrir. Bonne idée, j’y ferai deux rencontres. D’abord, avant d’y accéder, un petit troupeau de ravissantes chèvres toutes blanches, que lorgne également une jeune randonneuse arrivée là juste avant moi. On s’y met donc à deux pour leur parler et les convaincre de se laisser caresser : peine perdue, elles sont plutôt craintives (la jeune femme pense que c’est à cause de l'impressionnant bouc barbu qui règne majestueusement sur son harem… ahlala, que de progrès encore à faire…). Je croiserai d’ailleurs tout au long de ma rando plein d’autres troupeaux (brebis, bovins, équidés) toujours encore en pâturage à cette période de l’année.
J'arrive enfin à Marlin, improbable petit hameau du bout du monde qui n’a pas dû évacuer ses objets périmés depuis un siècle (à en juger par les montagnes de déchets accumulés dans les maisons ruinées qui vous accueillent à l’arrivée) ! Cela dit, les maisons habitées sont impeccables, tiens justement voici un habitant qui sème à tout vent du marc de café au pied d’un massif de ronces !? On cause, et il m’explique les vertus bénéfiques de cet engrais naturel (en vue d’un futur massif floral qu’il prévoit d'implanter ici-même en lieu et place des épineux). Il envie ma condition physique supposée, qu’il attribue à mon activité de randonneur, on finit par échanger nos âges (avancés…) et même par… se tutoyer ! Comme quoi, faut pas dire du mal de Marlin, hein !
La fin de la rando est moins pittoresque, quoique… À la Croix de la Garde, je m’engage sans réfléchir sur un sentier erroné, et c’est mon arrivée aux bicoques de la Garde qui me fera prendre conscience de mon erreur. Demi-tour donc, et remontée à la Croix : la suite sera irréprochable ! Du Crêt de Longes, dont l’accès est à lui seul un petit plaisir, la vue me récompense de mes petits efforts de montée. Le plus saisissant est aujourd’hui de voir la pointe extrême du Mont Blanc émerger, seule, au-dessus d’un immense océan de pollution qui barre et masque tout l’horizon à l’est… Heureusement, les autres panoramas semblent préservés, et juste un peu brumeux. Après la très "pilatienne" voie de descente en sous-bois jusqu’au village de Longes, baigné de soleil (mais toujours avec la chappe de pollution en toile de fond), je finis par trouver mon chemin (pas si évident que ça) à la sortie du village grâce aux conseils avisés d’un couple de marcheurs et d’une habitante croisés là juste au bon moment ! J’ai adoré ce dernier et fantasque sentier, qui plonge longuement vers un pont tout en bas, avant d’épouser toutes les sinuosités d’un relief capricieux dans un sous-bois lumineux, de franchir ce faisant deux superbes petits ponts en pierre d’un autre âge, et de remonter enfin "à la surface" avec ses troupeaux jusqu’à Dizimieux. De retour au parking près du cimetière, je constate que la matinée est plus que passée (il est 15h30 !), et que je n’ai même pas faim, n’ayant d’ailleurs emmené pour tout viatique que trois barres de céréales sans sucre pour la "matinée"…
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