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Comment ne pas profiter de ces divines journées printanières de plein soleil pour poursuivre mon entreprise de découverte de ce secteur nord-est du Pilat ? Je l’avais commencée il y a moins de six mois à la faveur des quelques demi-journées que je peux m’octroyer actuellement. Va donc aujourd’hui pour ce circuit bien tentant à l’ouest de Sainte-Croix-en-Jarez, et que j’avais déjà repéré à l’occasion de ma première rando dans ce secteur, autour du barrage de Couzon tout proche.
Et me voici, au départ de la rando, déjà tout ragaillardi à la seule vue de la superbe Chartreuse (elle aussi découverte depuis peu, et même pas encore complètement visitée, quelle honte !). Il fait encore froid ce matin, mais le soleil levant qui inonde de lumière le monumental portail d'accès au "village" chartrousin (on peut dire ça, ou c’est une exclusivité iséroise ?) est aussi mon meilleur dopant. Je pars donc plein d’entrain à l’assaut des premières côtes du parcours, d’abord à l’ombre du joli sentier rocheux, puis à découvert jusqu’à la robuste ferme des Joannes. Peu après, en guise d’apéritif, une première crête ouvre déjà largement la vue de part et d’autre du chemin. Puis un stimulant petit jeu de piste (facile !) va me mener jusqu’au hameau de Seyoux.
Et là c’est parti pour la montée sur les crêtes, et leur succession de vues plongeantes sur les petites ou immenses vallées de part et d’autre (tiens, revoilà mon barrage de Couzon). À la Croix du Cerisier (carrefour de 5 directions différentes !), il serait dommage de couper déjà directement en plongeant à l’ouest dans la vallée (d’ailleurs ça semble impossible sur le terrain, car la trace sur IGN, visiblement plus du tout fréquentée, est entièrement encombrée de végétation). Je file donc en crête vers le nord comme prévu, avec en prime l’odeur entêtante de milliers de genêts en fleurs ! Oh ce sont des crêtes bien douces, et larges, et confortables (on n’est pas dans les Alpes, ni même dans le haut Pilat plus au sud !). Ici circulent paisiblement quelques randonneurs, coureurs et vététistes (sans parler des heureusement rares athlètes de haut niveau sur leurs motos ou leurs quads…). Je fais durer le plaisir au maximum, donc jusqu’à la très large trouée en forêt de la ligne à haute tension, où il faut bien se résoudre à franchir la petite vallée d’Égarande, mais là le plaisir persiste tout au long de la descente (quelles vues !), on en oublierait presque ces affreux pylônes…
Et puis on remet ça sur la crête d’en face, en sens inverse (nord-sud donc), de Farnay (que l’on effleure au sud) jusqu’au Crêt de Montieux. Et là, à partir de la vierge, on en a pour son argent, c’est beaucoup plus long et c’est superbe. On domine à droite Saint-Paul-en-Jarez et toute la vallée du Gier. En plus on a droit au petit intermède mégalithique avec le mystère de ses deux roches à cupules, qui émergent aujourd’hui d’une mer de genêts en fleurs. Moins poétique, un peu plus loin : il faut enjamber des mètres et des mètres de chenilles processionnaires en travers du chemin - mais il suffit d’imaginer tout ce redoutable petit monde en papillons, et tout change ! Arrive enfin le petit dôme sommital du jour, totalement inoffensif, mais (abstraction faite de la clôture barbelée !) charmant, avec ses petites vues vers le nord-ouest et le sud-est…
La descente finale qui s’ensuit jusqu’à Sainte-Croix est assez brève, très variée mais dépourvue des vues panoramiques de la montée. Là encore c’est un petit jeu de piste, plus facile même qu’à l’aller, mais corsé par le bout de parcours hors trace qu’il va falloir se farcir dans un pâturage, puis en bordure d’un champ en pente (en fait il suffit de garder la même direction, c’est un jeu d’enfant). Mais deux rencontres inattendues (les seules de la matinée) ont égayé ma descente. La première juste après l’épingle de Neufond : dans la pente en-dessous, quelqu’un est assis dans l’herbe face à la vallée. C’est une toute jeune fille, charmante, souriante (on se croirait dans un film de Bergman ?!). Elle me demande d’où je viens, puis si je sais comment accéder au sommet de cette "montagne" derrière elle. C’est une grosse bosse boisée recouverte de sapins, sans vue sûrement, et sans doute dépourvue d’accès (c’est en fait le Bois de Ban, et en effet il n’y a aucune trace jusqu’au sommet sur IGN). Je lui conseille de bien rester sur les sentiers, elle me remercie et me souhaite une agréable randonnée… Puis, sur le chemin qu’on rejoint sous le passage hors trace, mon passage a été salué (c’est moins poétique…) par les bêlements soudains et impressionnants d’un troupeau de chèvres blanches alignées en haut de la pente à ma droite, à l’ombre d’une rangée d’arbustes ; elles n’ont pas bougé, mais que diable voulaient-elles me faire savoir ? C’est sur ce double mystère insondable que s’est achevée ma belle rando du jour…
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