Sortie : 2 montagnes, 2 vallées et 2 bergers

Une semaine après, me voici de retour sur ces deux superbes sommets des Hautes Chaumes du Forez. Et cette fois-ci, pour inaugurer le "grand tour" que j’ai imaginé entretemps, on est deux. Plaisir de partager ce que j'ai déjà exploré en solitaire, pimenté pour moi aujourd’hui par la découverte d’une nouvelle vallée ô combien secrète, celle des Reblats, dans le prolongement de celle du Fossat, ce qui fera un contrepoint parfait à nos deux sommets du jour.

Nous sommes partis un peu avant huit heures de Pré Daval, la météo est idéale, grand beau mais pas caniculaire, et nous sommes tout seuls pour monter au Chouvé par son accès "normal", une fois franchie la raide croupe du Monthiallier par le délicieux petit sentier PR en sous-bois, aujourd’hui tout piqueté d’innombrables taches de soleil.

Une heure et quart après, nous voici toujours tout seuls au sommet du Chouvé, face à l’immense panorama vers l’ouest, les pieds dans la bruyère en fleurs, supputant la meilleure façon d’accéder au Monthiallier de l’autre côté du vallon de la Jacine. On décide d’essayer la seconde option du topo, afin de profiter au maximum de la longue crête de cette montagne. Au bas du petit sentier de descente, on contourne donc la belle tourbière, puis on se dirige vers la Jacine, avec l’intention de prendre la croupe le plus à gauche possible. Mais cette fois nous ne sommes plus seuls : devant la Jacine, quelqu’un nous regarde arriver. Qu’à cela ne tienne, on va aller le saluer. Surprise : c’est le jeune berger de ces lieux, qui nous demande d’où on vient et quel est notre objectif. La discussion va bon train ; Olivier (c’est son prénom) nous dissuade de monter à gauche dans la pente : plusieurs clôtures à franchir, or il tient à leur intégrité, il en a trop vues qui ont été démolies ou abimées par le passage des promeneurs… On le comprend, c’est son outil de travail, et on le rassure : nous (et notre association) sommes particulièrement soucieux de la défense et de la préservation du milieu montagnard… Finalement il nous indique quand même un passage près de sa maison, où nous n’aurions qu’une clôture à franchir avant d’accéder au bas de la longue crête. Puis on cause d'autres sujets, notamment du film (visible sur You Tube) où son prédécesseur et initiateur, Charles, raconte longuement et admirablement ses quarante années de vie en tant que berger de Monthiallier, un passionnant petit chef-d’œuvre documentaire, superbement filmé de surcroit (cf. le lien ci-dessus). Cela dit nous le quittons pour poursuivre notre randonnée.

Et tout se passe comme prévu. Du sommet du Monthiallier (toujours pas d’Alpes en vue, bien sûr, mais c’est sans importance !), nous finissons par redescendre dans l’inconnu, à la recherche de cette fameuse vallée des Reblats. Carte et boussole en main, altimètre aidant, parfois, eh bien on finit bel et bien par accéder au pied de la vallée (non sans une petite erreur vite rectifiée du côté du pont sur le Batifol). Déjà le parcours d’accès depuis le sommet est splendide, dans la lande et les prairies, où le regard porte loin, si loin sur les Hautes Chaumes. Mais une fois dans la vallée, c’est un vrai régal, surtout à partir du moment où il n’y a plus aucune trace. La recherche de l’itinéraire au fond de ce vallon apparemment abandonné de tous, dans ces hautes herbes ondulantes, le long du tout petit ruisseau étincelant qui "batifole" en effet de ci de là, puis dans la forêt qui fait suite, est un vrai jeu d’adultes… et on se prend vite à ce petit jeu-là !

Et lorsque nous arrivons enfin au-dessus de la croix du Fossat, où on voit enfin du monde, on est presque déçus… Heureusement il y a plein de myrtilles à nos pieds pour nous consoler ! Nous sommes tellement contents que nous nous trompons de chemin, un bref instant, en confondant le chemin des rochers de la Pauze (pourtant montant !) avec celui de la vallée du Fossat, bien descendant, lui. Erreur vite réparée, nous voilà dévalant la vallée étroite et encaissée de la Vertolaye, un autre petit régal. Et lorsque nous arrivons au bas du large bassin (ex-lac) de Pré Daval, il est déjà 14h10. Un peu long pour une rando prévue par moi à la demi-journée… et pourtant on n’a pas traîné depuis les Reblats !