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Vu le grand beau enfin annoncé par la météo, j'avais prévu pour aujourd'hui mon grand retour dans les Alpes, tant attendu après plus d'un an où j'ai dû rester dans ma région... Mais la météo est loin d'être une science exacte, et le temps mitigé prévu in fine m'a fait remettre ce retour à plus tard. Je me suis donc rabattu in extremis sur la découverte de ce coin plutôt méconnu, non loin de chez moi, coincé entre les Monts du Forez et les Bois Noirs : auquel de ces deux massifs pouvait-il bien s’apparenter ? Eh bien, au soir de cette sortie, la réponse me paraît évidente…
Cette rando facile par monts et par vaux, évoluant pour l’essentiel entre 700 et 1000m, m’a assez vite paru plus lumineuse et sereine que celles que j’avais faites dans les plus sombres et denses Bois Noirs au Nord de Chabreloche et de Noirétable. Parti vers 9h20, et une fois passé sous l’autoroute, j’ai progressé d’un bon pas et sans souci : GR parfaitement balisé, tellement cool que je me suis trompé de piste juste après Montsude (bizarre… plus aucun balisage ?), et donc demi-tour, ça m’apprendra à relâcher mon attention ! L’air était froid et vif, et le ciel plutôt voilé, entre gris clair et bleu délavé. Je suis passé de sous-bois en clairières ménageant parfois une trouée vers la chaîne des Puys, de points hauts boisés en fonds de vallons dégagés, toujours tout seul sur mes raides chemins pierreux et mes pistes-toboggans (certaines rendues bien boueuses par le passage des engins forestiers), le bonheur, quoi, ou presque !
J’ai débouché ainsi au Grand Bois vers les 13h, et comme là-haut l’horizon était bien dégagé et qu’il faisait bon au soleil, je me suis arrêté pour casser la croûte entre les deux bâtisses, face au Vimont. Puis : à moi le "circuit du Trésor et de Pierre Beille" ! Mais c’est là que mes désillusions ont commencé. Arrivé tout content au sommet de Pierre Beille, et une fois passée la stupeur devant le sobre mémorial du crash de 1972 (je ne savais pas que c’était ici-même que l'accident s'était produit), je suis parti, de bloc en bloc, à la recherche de LA VUE promise. Et je finis par me rendre à l’évidence : rien, nulle part, tout est parfaitement bouché. Bon me dis-je finalement, tant pis, l’endroit est assez fascinant en soi, je verrai plus loin, et au plus tard au Roc du Guet.
Et voilà qu’au bout de la descente je tombe sur l’attendue "Maison du Trésor". Nouvelle déception : le Trésor, j’ai beau savoir que ce n’est qu’un lieu-dit, mais tout de même : à l'intérieur, des murs délabrés et un toit, le tout entièrement vide et ouvert à tous les vents… quelle misère ! Je ne peux pas m’empêcher de penser à la délicieuse "Loge de la Morte", également située en plein bois le long d’une piste de ski de fond, mais c'est vers Chalmazel, et si soigneusement entretenue par les autorités locales (de la Loire). Quel contraste avec cette quasi ruine !
C’est un peu accablé que je repars pour mon dernier objectif (et mon dernier espoir) du jour. Les quelques voitures qui ont le droit de circuler ici sur ces larges pistes ne me remontent pas le moral… Heureusement elles ne peuvent pas me suivre dans la remontée caillouteuse vers la Croix du Pommier, et pas non plus dans celle qui, après le Col des Sagnes, va me mener au Roc du Guet. Et arrivé là-haut, c’est le coup de grâce : l’immense panorama circulaire promis dans un topo-guide a, là aussi, complètement disparu. Là aussi, on a laissé les sapins (ça pousse très vite, un sapin !) envahir le sommet et boucher tous les horizons. Incrédule, je grimpe sur les rochers, à la recherche du plus élevé, je finis par le trouver et de là-haut, par entrevoir, entre deux cimes d’arbres, un tout petit bout de ce que je pense être le Puy-de-Dôme… Eurêka… euh, pas de quoi crier victoire, mais bon, c’est ça ou rien du tout ! Cette fois je me rends à l’évidence : ici, tout comme au Puy de Montoncel et au Puy Snidre (au pied duquel on voit encore la pancarte "Puy Snidre, panorama" !), les deux plus hauts sommets des Bois Noirs, on a laissé la nature faire son travail et re-envahir les sommets. Pourquoi pas après tout ? Mais je crains qu’ici ce soit moins par souci écologique que par négligence, par une absence d’intérêt pour la mise en valeur de ce patrimoine naturel, comme en témoignent les autres indices déjà constatés dans les "vrais" Bois Noirs juste au Nord de Chabreloche (cf. mon topo sur le Puy de Montoncel). Inversement, quel contraste avec, juste au Sud de mes deux sommets du jour, ceux du Grun de Chignore et de Pierre Pamole, parfaitement entretenus (quoique dans un état d’esprit très différent de l’un à l’autre…) par les municipalités respectives de Vollore-Ville et Vollore-Montagne… Mais là on est dans les "vrais" Monts du Forez, alors qu’ici, c’est comme si les Bois Noirs avaient colonisé cette extrémité nord des Monts du Forez…
Pour terminer, en redescendant tout penaud et déçu du Roc du Guet, je rencontre enfin un être humain : une dame devant moi, qui se retourne : "Mais… vous me suivez ?!". Elle est joviale, me voilà ragaillardi, elle cherche des champignons - il y en a plein partout, mais ceux qu’elle cherche se laissent désirer, d’ailleurs elle serait surtout venue là pour marcher… On papote un moment, jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’à force de l’accompagner et de lui tenir compagnie, j’ai laissé passer ma bifurcation de retour vers Chabreloche. Je le lui dis, elle me confirme que "oui, pour aller aux Issards, c’est bien ce sentier qu’il faut prendre". Je la quitte donc, fais mon dernier demi-tour de la journée et trouve sans mal l’itinéraire un peu tortueux jusqu’à Chabreloche, où je vais croiser un homme qui, lui, appelle désespérément son chien. Drôle de journée…
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