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La forte brise annoncée nous contraint à retourner dans cette région bénie du parapentiste, en effet la Vanoise est protégée du perfide souffle glacial venant des contrées septentrionales. C'est le vallon du Laisonnay qui nous tente. Jacques ne connais pas, et fort de son beau vol au Grand Som la semaine dernière, il rempile pour une nouvelle sortie en montagne. Certes, quand il a vu sortir de nos sacs piolets et crampons, sa mine s'est un peu allongée, heu c'est de la Haute montagne ? Meuh non, que nous lui répondons en coeur Loïc et moi, c'est juste au cas où....
La marche débute en forêt par des lacets bien raides, si la discussion va bon train dans les premiers virages, elle se calme subitement avec l'altitude acquise. C'est au refuge que les premiers signes d'impatience sont apparus chez mon frère Jacques... Puisque c'est bon ici, pourquoi ne pas décoller maintenant ? En plus les conditions sont bonnes, n'avons nous pas vu un parapente décoller il y a une demi-heure ?
Négatif, on est venus pour la pointe de Méribel, pas question de se contenter du refuge, il est au demeurant très joli, mais ce n'est pas l'objectif initial ! Alors nous sommes repartis. Il faut savoir que je n'ai pas la moindre idée de la configuration du sommet ni de ses prédispositions au décollage, c'est en observant les photos satellite qu'il m'a semblé voir une réelle opportunité, mais tout cela reste très théorique et aléatoire.
Le sentier passe par un passage délicat astucieusement nommé le Pas de Marianne, en raison de la complexité du relief et du fil conducteur qu'est le sentier à travers ce dédale de cailloux. Heureusement la neige a disparu et le passage est vite franchi. Une délicieuse brise nous pousse vers le haut. Alors que nous ne sommes plus qu'à un jet de pierre, Jacques déclare unilatéralement qu'il est temps de décoller et de profiter des bonnes conditions avant qu'elles ne se dégradent. Loïc salue au passage cette prudente décision allant dans le sens de la sécurité. Pour ma part, le sommet est trop important pour le négliger, le risque est effectivement réel de ne pas trouver là-haut des conditions assez bonnes pour décoller. Sommet ou vol ? Tel est le dilemme.
Finalement nous regardons Jacques décoller et poursuivons à deux la balade. Il ne s'est pas passé 10 minutes avant que les conditions changent du tout au tout, le vent est devenu mauvais et les nuages ont brutalement assailli l'objectif qui a disparu dans les nuées.... Mais cela n'entamera pas notre détermination, 1) parce qu'une personne du groupe a réussi son vol, 2) parce qu'un retour terrestre me permettra d'accompagner Loïc à la descente ! La progression dans la neige déformée par des vaguelettes devient laborieuse, Loïc dans sa grande mansuétude me propose d'échanger nos sacs... J'ai mis ma fierté dans ma poche et répondu promptement et favorablement à son offre ! Malgré le poids élevé de mon sac contrairement à la légèreté du sien maintenant sur mon dos, le bon Loïc a pris son rythme de croisière et n'a pas tardé à me semer. C'est beau cette jeunesse fougueuse et infatigable.
Au col entre les deux pointes de Méribel, la vue est insolente sur le Sud et le monstrueux Grand Bec de Pralognan qui étend son ombre immense au delà de notre position. Le vent par ailleurs est très mauvais, il vient du côté Sud du col qui est d'une raideur vertigineuse, si une chaîne permet à des montagnards aguerris de descendre par ce versant vertical, il n'en est pas de même pour décoller. Impossible d'imaginer un envol sur ce versant. Alors, pendant que Loïc fait un tour au sommet oriental, j'en profite pour chercher un endroit potable pour tenter un décollage. La pente enneigée peu raide est idéale même si le vent faible n'est pas du tout bien orienté.... Une tentative ne paraît pourtant pas des plus incongrues, un échec sur la neige molle ne devrait pas porter préjudice à mon intégrité et notamment à mon auguste séant.
Loïc, déjà de retour du sommet, m'assiste, finalement tout se passe pour le mieux, après un rase-motte impressionnant au dessus des vaguelettes de neige, le sol s'éloigne rapidement, le plaisir de voler dans un cadre aussi granitique et glacé devient intense, les pics acérés, les glaciers immenses de la Vanoise me donnent subitement le tournis, c'est fabuleux ! Le survol du vallon du Laisonnay est proprement magique, c'est beau comme la Suisse ! Des petits chalets regroupés autour d'une petite chapelle, des cascadent rugissantes, des forêts sombres alternent avec d'immenses prairies. En bas je retrouve Jacques en grande discussion avec Marc qui a décollé du refuge simultanément avec Jacques. De mon côté, l'atterrissage a été un peu folklorique, la faute à un fort vent de vallée déjà levé malgré la relative fraîcheur du matin.
Le temps de partager avec Marc nos conditions de vol du jour et le temps de plier la voile dans cette brise soutenue, voila Loïc qui arrive, frais comme un gardon malgré la longue descente par le sentier. J'espère que ce dernier aura apprécié cette sortie avec les deux ancêtres dont la cadence de marche est sans commune mesure avec les coureurs du Grand Duc. Par ailleurs j'espère qu'il ne m'en voudra pas de ma précoce sénilité, j'ai en effet donné rendez-vous à Loïc à 5 heures du mat à Montmelian alors que c'est à 6 en fait que je pensais, il a du donc poireauter une heure au petit matin dans la caisse... Fait pas bon vieillir !
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