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Quoi ? Une rando dans un aqueduc proposée par le CAF ? Est-ce bien sérieux ? Le seul moyen de s’en assurer, c’est encore d’y aller voir. Me voici donc parti ce matin avec 11 cafistes stéphanois, tout aussi curieux que moi j’imagine, entre Bernard qui file devant comme une flèche et Michèle qui fait office de serre-file. Il fait très beau, et ça chauffe fort dans les pentes ou les plateaux à découvert (champs et vergers, bien caractéristiques de ces monts du Lyonnais), qui vont alterner toute la journée avec les sous-bois ombragés dans les vallons, mais malgré la faible altitude ça restera supportable, même au cœur de l’après-midi.
Après la mise en bouche au Centre Leclerc de St-Chamond, on démarre la rando proprement dite vers 9h40 au parking de Chagnon, avec son panneau explicatif des 3 circuits balisés de l’aqueduc, dans la première partie de son tracé – certes pas la plus spectaculaire, puisque les vestiges hors sol les plus importants se situent plus à l’Est, dans le Rhône autour de Mornant et surtout de Chaponost (encore à découvrir en ce qui me concerne).
Dès les premiers vestiges, aux et après les Echèdes, je suis fasciné : ces bâtisseurs (et ces esclaves ?) romains, à la fois si lointains et si proches, leur chef-d’œuvre nous parait d’autant plus mystérieux qu’il est ici largement souterrain, donc inaccessible, et extrêmement fragmentaire, ce qui exige un gros effort d’imagination pour reconstituer ce que le temps - et l’incurie des humains - ont pu détruire en près de 20 siècles.
Heureusement, la fameuse Cave du curé nous remet les pieds sur terre (plutôt sous, d’ailleurs !), puisque là on va pouvoir y aller voir au plus près, aller au cœur-même de l’aqueduc ici encore intact, là-même où l’eau captée en amont s’écoulait doucement, il y si longtemps… Bref mais intense moment d’émotion, dans cet étroit boyau où on ne peut ni se tourner ni se redresser (petite pensée pour nos spéléos !). Cela dit j’aurais pu me passer de mes sandales enfilées pour l’occasion, vu que, fait rarissime d’après nos guides, il n’y a aujourd’hui quasiment pas d’eau dans notre boyau (vu l'extrême sécheresse de cet été), juste une grande quantité de boue où pataugent aussi quelques minuscules grenouilles…
Une fois de retour à l’air libre, vers 11h30, on respire un bon coup, puis c’est reparti pour de nouvelles découvertes. Oh plus rien de très spectaculaire, mais c’est encore mieux car l’imagination aidant, on recrée dans nos têtes, à chaque indice découvert ici et là, les pièces manquantes ou enfouies – un sacré puzzle ! - du fabuleux ouvrage de nos lointains ancêtres. Ce sera particulièrement le cas au niveau du franchissement aérien de la vallée de la Durèze, avec ce fameux jeu de vases communicants (ici au moyen de tuyaux de plomb) entre le réservoir de chasse en amont (qu’on voit parfaitement, depuis les panneaux V et VI, sur le versant d’en face en-dessous de Leymieux) et le réservoir de fuite en aval (dont il ne reste plus aucune trace), avec le pont-siphon au fond entre les deux.
Mais entretemps on aura pris soin de se restaurer : pique-nique vers 12h40 au bas de la raide descente vers la Durèze, juste au bord du ruisseau dans les pommes des vergers, pile poil à l’entame de la boucle de retour. Puis, à partir de là, changement complet de décor. Mis à part les 2 derniers panneaux ci-dessus, plus rien à voir avec notre aqueduc, mais une longue et belle déambulation, tout en montées et descentes successives, dans les coteaux, les vergers, les vallons et les villages typiques des monts du Lyonnais… côté Stéphanois ! C’est ainsi que nous traversons Génilac, puis, via le vallon du Féloin, Saint-Matin-la-Plaine, où un habitant très complaisant (merci à lui) remplit avec une belle jovialité les gourdes et autres bouteilles de la plupart d’entre nous, un peu surpris par la forte chaleur de cet après-midi qui a presque épuisé nos réserves d’eau (un comble pour des marcheurs de l’aqueduc…). Puis, ragaillardis, nous voilà repartis direction le zoo, puis la Cula que nous effleurons pour rejoindre, après une belle remontée, l’esthétique Crêt du Peu, petit culmen bien aéré et bien mérité de notre boucle de retour. Reste donc l’ultime et très agréable plongée vers Chagnon (où nous arriverons à 16h45), via Tarévieux et le superbe petit chemin piéton. Avec pour terminer la triple récompense, histoire de nous rappeler à l’Histoire que nous sommes d’abord venus honorer aujourd’hui, le pont du 14e siècle, le four à pain plus proche de nous mais néanmoins déjà entré dans l’Histoire, et la Pierre d’Hadrien, qui boucle avec brio notre périple romain du jour.
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