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Sortie : Vire de l'Aubeyron

Vue d'ensemble de l'itinéraire

Données de la sortie

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  • Date : 18-06-2019
  • Durée : 5h
  • Dénivelé : 550 m
  • Sport : Randonnée

Données de l'itinéraire


Continuant sur la lancée du Serpaton et du Goutaroux, j’avais évidemment repéré l’Aubeyron, dont la vire prolonge, un peu plus au nord, celle du Goutaroux.

Choisissant une des rares journées de beau temps de cette mi-juin, je suis allé voir sur place ce mardi.  

La montée au col de Papavet est de qualité standard, si ce n’est que le Mont Aiguille domine les lieux, et qu’il donne sa pointe nord à voir à tout un chacun, ici.

Après le col, la montée en forêt (hêtraie - sapinière) est des plus charmante, d’autant que le chemin est très régulièrement tracé pour la montée. L’esprit, soulagé de l’effort physique à fournir, part dans ses détours, et cède le contrôle. Je me prends à observer les racines qui serpentent en surface, à imaginer le réseau qu’elles forment dans le sol, se touchant entre voisines, même se jonctionnant avec celles d’arbres de même essence, transmettant ainsi les nutriments de l’une à l’autre afin d’alimenter le petit arbre, celui qui est le faiblard du coin, et qui n’aurait pas assez à sa disposition pour grandir…

C’est là la vie secrète des arbres !

Plus haut, sur la crête, j’apprécie beaucoup cette partie de balade, qui amène au sommet de l’Aubeyron et qui est dégagée de tout arbre. C’est une vue pleine, tous azimuts.

Les choses s’enchaînent comme prévu, faciles et très plaisantes. Même le départ de la crête, descendant dans le versant pour aller chercher la trace des bêtes, se passe sans difficulté : pile à l’endroit dont j’avais eu l’intuition. Très vite la trace est visible. Et même, un gros genévrier, curieusement plat et haut au lieu d’être rondouillard, fait comme une rambarde à ce chemin. Maintenant, la vraie trace apparait : nette, voire grosse, filant vers le nord. Le passage qui – sur photo - m’avait semblé pouvoir donner du fil à retordre se montra tout évident et facile. Il n’y a qu’à avancer. Vraiment, cette vire est un plaisir ! Horizontale, le souffle n’est même pas sollicité sur son parcours. Je fais plein de photos. Et déjà me voici sous le sommet de l’Aubeyron : la moitié du chemin est déjà parcourue. Une pause casse-croûte s’impose. Cervelas, pain, orange et fruits secs ; un coup d’eau ; j’enchaîne les habitudes.

Maintenant, reprenant le sac sur les épaules, il faut filer vers la suite : la partie en descente.

La voilà. Tout va bien.

La trace est belle : je descends.

Dans un court raidillon, après trois quatre foulées un peu rapides et saccadées, je me bloque et me cale contre un sapin bienvenu au bord du chemin. Tiens, c’est pentu… Je dois veiller à ne pas me laisser embarquer dans cette pente. Et, visant tel caillou ou telle racine, les utilisant comme des marches d’un escalier, je continue cette descente plus lentement.

Tout à coup, un passage bizarre se présente. La falaise, côté gauche, commence à mordre sur la vire en un dégouliné de strates calcaire sur lesquelles la trace est notablement dissoute. Terre peu épaisse, rochers arrondis forment un sol peu ragoûtant. Et puis côté droit, côté vire, l’herbe, un peu épaisse, est posée sur une pente très raide, pente dont la largeur est vraiment réduite. Le vide est finalement tout proche, là. Ouuhhh ! Je n’aime pas trop tout ça. Utilisant le bâton rigide pour assurer mon équilibre, j’entame le passage. Lentement, précautionneusement. J’avance pas à pas. Ouf, ça y est ! La trace redevient plus plane, et quitte ces strates de la falaise. Je me rassure à nouveau. Vingt mètres plus bas, rebelote ! Oh là là. Cette fois, la trace est dans la terre mais, à la façon d’un petit toboggan entouré d’herbe, elle descend franchement droit en bas, trop raide à mon goût. Bâton rigide à nouveau en piste, je pose mes semelles avec la plus grande attention, et finis par franchir ces quelques mètres plus que délicats. A droite, c’est toujours la même situation : herbe, pente, balcon pas large. Bon, je me calme. Je reprends un souffle régulier. Et continue. Bing ! Cette fois, c’est une espèce de vague couloir, comme un entonnoir. Il faut descendre dedans, 5 ou 6 mètres sur des mottes de terre et d’herbe, au-dessus d’un simple arbuste sensé servir de filet de sécurité ??  Cette fois je sors le piolet. Avec lui, j’ai toujours été en sérénité. Sauf que là, la couche de terre est maigre, et la pointe vient vite buter contre la roche sous jacente sans pouvoir ancrer correctement. M..de, ça ne va plus, là ! Je bloque le mode « gamberge » du cerveau, et m’applique à trouver les meilleurs appuis de chaussure. Bâton rigide toujours. Ça y est, c’est franchi…

Les questions commencent à se poser, et l’idée de faire demi-tour est triturée. C’est évidemment possible. Mais, en faisant le constat de la situation, chaque difficulté s’avère ne pas être bloquante. Elle est, en fait, au premier abord, impressionnante, mais au franchissement pas complètement difficile. Simplement, je ne m’étais pas préparé à ces situations, avais imaginé une trace simple, commode, qui déroule tranquillement. Et là, ces passages rudes qui s’enchaînent les uns à la suite des autres, ça m’use le mental. Il est sûr que la fin approche, mais je trouve qu’elle met du temps à arriver, cette fin.

Le scénario continue malgré tout, et deux ou trois passages du même calibre (le nombre précis me fait défaut) doivent être négociés encore avant que je ne reconnaisse enfin ! le cône de terre qui signale la remontée sur la crête. Ouf ! Là je pousse un grand soupir de soulagement… C’est fini ! Content, le bonhomme !

Tout le long du retour, je repense à ce que je viens de subir. C’était très impressionnant. Mais finalement le niveau de sécurité restait correct. C’est vrai, la pression est montée fort, oui. Cela a empêché d’avoir du plaisir, sur l’instant. Ça l’a gâché un peu, parce que je ne m’étais pas préparé à ce genre de difficultés. Pourtant…

Pourtant, quand je regarde mes photos, aujourd’hui, je trouve que ces passages ont  « du chien », et je regrette vraiment d’avoir manqué d’en profiter. Sur l’instant, j’avais besoin que cela finisse. Mais peut-être cette vire est-elle plus agréable, en fait, que les sensations qu’elle m’a ainsi laissées… ???

Comme il est très rare que je retourne faire une de ces balades, probablement ne saurais-je jamais ce qu’il en est. Ni l’idée d’aller planter quelques spits dans les rochers de ces passages ; ni l’idée d’aller faire cette vire dans le sens « montée », pour voir la différence ; rien de tout cela ne me tente, aujourd’hui. Et puis j’ai plus d’envies autres à faire dans ma liste que je ne dispose en temps pour les réaliser. Alors, pour la prochaine sortie, j’irai ailleurs. Et la vire de l’Aubeyron restera avec sa part d’incertain, et d’incomplétude.

En tous cas, il n’y a pas de doute : cette vire, en descente, fut l’un de mes moments intenses.

 

Creative Commons licence
Vue d'ensemble de la montagne Goutaroux - Aubeyron
Point de départ, sur la crête
Début de la vire, sous la barre de falaise
Verrou d'accès, très facile
Et voilà : c'est parti !
Un peu plus loin : toujours sympa.
Sur ce promontoire, les 2 barres de falaise se voient bien
Là, on est dans la deuxième partie : ça descend, et le vide n'est pas loin.
Trace excellente, mais vire très pentue et peu large....
Les paramètres restent toujours les mêmes. Concentration !
Heureusement que la végétation cache ce qu'il y a en-dessous...

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