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Départ du Recoin de Chamrousse, un peu après 8h. Il n’y a quasiment pas un chat, ambiance de fin de saison. Des vaches broutent tranquillement dans l’air déjà tiède. Pas un brin de rosée, le ciel est d’un azur parfait. Un peu plus haut dans la lande forestière qui mène aux lacs Robert, des casse-noix mouchetés passent d’un arbre à l’autre, épluchant les pommes de pin en vue des provisions d’hiver. Je passe le couloir de Casserousse et rencontre mes premiers chamois de la journée, une chèvre et son petit. Ils sont à une centaine de mètres descendant sans se presser une combe pierreuse. Malheureusement, je fais tomber le bouchon de mon objectif et ce léger bruit suffit à les alerter. Ils détalent et en moins de dix secondes ils ont disparus.
Les eaux bleues vertes, les cimes élancées des Vans, du Grand Sorbier, de la Pointe de Vaudaine, les roches moutonnées bordant les rives, les pelouses dorées sous la lumière rasante du soleil du matin… L’arrivée aux lacs donne toujours autant de satisfaction. Au nord des lacs, un petit groupe lève le camp. Ce seront les seuls humains que je verrais de la journée. Un peu après les tourbières, il faut descendre le verrou et regagner l’ombre. Le silence est total, seulement troublé de temps à autre par le piaillement lointain d’un chocard. Très haut dans le ciel, deux rapaces tournoient. Après la descente du verrou, il faut remonter ! Heureusement cela se fait sans peine, la dégustation de framboises mûres à point accompagnant l’ascension. C’est les papilles ravies que je prend pied sur le sentier en balcon passant sous le vallon menant au col de la Petite Vaudaine.
Je le quitte rapidement pour gagner le pied du pilier Ouest de la Pointe convoitée ce jour. Dans la petite combe j’aperçois à nouveau deux chamois, encore une chèvre et son petit. Ils m’ont repéré mais ne détalent pas. Je me cache un peu en faisant bien attention de ne pas faire de bruit ce coup-ci ! J’attends qu’ils soient partis et je poursuis ma route. Une bonne trace de bouquetins longe le pilier et s’élève rapidement pour aboutir dans l’immense pierrier qui descend des pointes de Jasse Bralard. C’est d’abord un éboulis terreux et très instable que je choisis de traverser plutôt que de le remonter, pour prendre pied dans une zone où les blocs sont plus stabilisés. La pente est raide, c’est un peu la galère ! Quelques bouquetins m’observent, placides.
Une fois arrivé dans les gros blocs, c’est plus facile et il s’agit juste de choisir l’itinéraire le plus commode, naviguant parmi les rochers et les bouquetins. Je repère à une centaine de mètres sur la droite la brèche entre le sommet et l’antécime qui doit donner sur le couloir menant au vallon du col de la Petite Vaudaine. Re-traversée pénible de l’éboulis terreux, heureusement moins large ici dans le haut des pentes. La brèche est alors atteinte, je jette un coup d’œil au couloir qui me semble plus avenant que les pentes jusqu’ici gravies puis je longe par la gauche l’éperon sommital pour buter contre les petites barres qui supportent le sommet. Je tente par la gauche pour rejoindre par des dalles fracturées un peu délicates le col qui sépare la Pointe Centrale de la Pointe Ouest. Mauvaise pioche, l’arête est trop scabreuse pour moi, demi-tour par les dalles fracturées. Je finis par repérer un couloir-cheminée facile qui borde les abrupts sud de la Pointe et qui mènent aisément au sommet. Pas de cairn mais un petit tas de roches fracturées coiffant la cime. Pas un brin d’herbe, à peine quelques décimètres carrés pour s’asseoir. Même tout seul je m’y sens à l’étroit ! En contrebas, les pelouses du col de la Petite Vaudaine me semblent bien plus accueillantes pour se reposer. Je reste encore un petit moment à jouir du panorama et puis je regagne la brèche menant au couloir repéré plus tôt.
Le premier tiers est vite dévalé ! L’éboulis est constitué de petites pierrailles et de terre et on peut descendre en ramasse à moindre effort. Sur les éperons rocheux, d’autres bouquetins prennent le soleil. Je traverse alors à flanc en direction du col, gagnant une zone où de gros blocs se mêlent aux éboulis. Je passe devant une cavité sous un bloc que je prends d’abord pour un terrier de marmotte puis je me ravise rapidement devant la taille de l’ouverture et surtout des pierres qui forment un petit mur, fermant un peu l’entrée. Il s’agit d’un abri ! D’un vieil abri même. Le fond est bâti de pierres sèches, patinées par le temps, savamment agencées en un ouvrage méticuleux. Mais que fait cet abri dans cette pente d’éboulis au beau milieu de nulle part ? Qui l’a ainsi aménagé ? Et de quand date-t-il ? Je reste un moment dubitatif, note consciencieusement l’endroit puis poursuit mon chemin jusqu’au col et ses pelouses accueillantes.
Là, je reste un bon moment et je finis par être rejoins par une escadrille d’une dizaine de vautours, naviguant entre Jasse Bralard et Grand Sorbier en larges cercles. Certains passent à une dizaine de mètres de moi et j’entends le vent dans leurs ailes. Ce sont vraiment des oiseaux très impressionnants et le spectacle est de premier ordre !
Retour tranquille par les framboises de l’Echaillon, les rives désertes des lacs Robert et le vallon aux odeurs sucrées de résineux des Pourettes. Une bien bonne journée !
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