Sortie : Le GR 42 au lieu du Pinet

Bien décidé à profiter de ce dimanche pascal pour combler une lacune flagrante sur bivouak (et qui m’avait échappé jusqu’à ce jour), me voici donc parti ce matin pour faire honneur à ma ville (d’adoption : depuis 53 ans !) en l’intronisant enfin camp de base pour mon expé du jour : une petite boucle vers le plateau de la Barbanche, connu ici de tous mais surtout pour son restau et comme point de passage en bagnole sur la route vers le Bessat, la Jasserie ou le Crêt de la Perdrix…

La seule fois où j’avais effectué ce parcours à pied, c’était en janvier 2004 avec le CAF de Sainté, un dimanche où nous devions partir pour une rando raquettes prévue de longue date au Pinet en Chartreuse. Mais le matin du départ, la météo était si exécrable là-bas que notre mentor nous avait proposé de remplacer au débotté cette rando alpine par une bête rando pilatienne : un "Sainté - Le Bessat" à pied par le GR 42. Nous voilà donc partis avec nos sacs et nos raquettes dans le dos… mais jamais mises aux pieds pour cause de neige pas assez profonde ! Après 3h de montée dans le froid et la grisaille, nous étions allés nous mettre au chaud dans un café du Bessat pour avaler notre pique-nique du jour, avant de redescendre par le même itinéraire à Sainté l’après-midi… On a connu des randos plus grandioses !

Heureusement, ce matin, rien de tel. Plein soleil, douceur de l’air, odeurs printanières et cerisiers en fleurs, go ! Montée facile et sans histoire, sur un itinéraire que j’avais pas mal fréquenté il y a des années, parfois même en courant (à partir de Rochetaillée), mais délaissé ensuite. Je le redécouvre donc avec plaisir, tout comme la Barbanche, avec son restau donc (souvenir d’un repas avec des copains du CAF) et son poulailler – mais là, grosse déception, sans le rituel vacarme des oies à mon passage, vu qu’il n’y a plus aujourd’hui que des poules et des coqs indifférents…

Par contre, scénario très différent à la descente, dont je découvre aujourd’hui certaines portions du trajet. Notamment après le carrefour (que j’ai bien reconnu) du Sapey, où je ne dois mon salut qu’à l’IGN. Bon, rien de difficile question orientation, mais j’ai quand même eu une petite hésitation au moment de traverser la bordélique parcelle de coupe, où la trace au début était tout sauf évidente (j’ai mis un cairn sur une souche, mais je ne me fais aucune illusion sur sa longévité…). Par la suite, ça s’est arrangé au fur et à mesure de la descente jusqu’aux maisons du Breuil, avec un vrai festival de vues plus belles les unes que les autres. Et ensuite, le festival reprend jusqu’à Rochetaillée, d’où je termine ma petite boucle en terrain ultra-connu, ça roule sans problème jusqu’au parking de départ.

Quant au Pinet, je n’avais pas pu m’empêcher d’y aller deux mois après, en mars 2004 donc, toujours à raquettes mais tout seul cette fois-ci. Il faisait super beau, je m’en souviens comme si c’était hier. La belle montée finale dans une neige parfaite était curieusement dépourvue de toute trace, et peu avant le sommet j’ai pu voir en dégageant un peu la neige une stèle en mémoire de deux randonneurs morts ici même quelques années auparavant. Je me rappelle parfaitement mon étonnement : ils avaient dû passer par-dessus la falaise sommitale ?... En redescendant dans mes traces, je remarque comme à la montée de belles cuvettes en entonnoir ici ou là, que je préfère éviter tout en ne comprenant pas bien ce qu'elles font là… Plus bas, en repassant devant la cabane de l’Alpette pour me reposer deux minutes, j’y trouve un randonneur sympa, il me demande d’où je viens, je le lui dis et il me répond, sibyllin : "Vous avez eu de la chance !".

18 ans après, j’en frémis encore…