C'est le début de notre virée briançonnaise, pour optimiser le trajet, nous partons à 6h30 pour faire au passage le Pic Blanc du Galibier. S'il manque 45 m au sommet pour arriver à 3000 m d'altitude, l'ambiance n'en n'est pas moins alpine. Une brise glaciale en sortant de la voiture nous fait enfiler les bonnets et les gants. On ne les quittera pas de la journée. La neige fait peur au début de la rando au col du Lautaret, la couche est misérable et les crocus commencent déjà à pointer leur tige menue au milieu des plaques d'herbe. Mais rapidement la couche de neige s'épaissit en même temps que la pente s'accentue. Les couteaux, ces petits crampons à ski, sont placés sur les fixations, avec cette neige glacée, c'est pas le moment de se gauffrer.
Après avoir coupé la route fermée du col du Galibier, dont on devine à peine la trace, c'est de nouveau moins raide alors on vire les couteaux. La pyramide sommitale apparaît soudain, parfaitement géométrique, présentant un face magnifique de neige immaculée, le Pic Blanc porte bien son nom. C'est cette face qu'il va falloir remonter! A l'approche des 3000 mètres, le souffle se fait plus court, curieusement le vent est moins fort qu'en bas. Nous replaçons les couteaux pour la dernière pente raide qui soutient le sommet. Les quatre dernières conversions, accrochés à la pente gelée, sont plutôt périlleuses. C'est pas le moment de faire des photos.
Là-haut on est juste entre le blanc de la terre et le bleu du ciel, c'est quasiment du vol au dessus des reliefs, l'impression d'être dans l'espace est réelle. Le sommet est un minuscule dôme de glace entouré de gouffres insondables. Surtout ne rien lâcher ! C'est au moment d'enlever mes peaux qu'un clips indispensable en profite pour partir dans l'effrayante face nord.... Il me faut aller le récupérer si je veux skier demain. Par bonheur une congère l'a stoppé net. Me voilà à quatre pattes en marche arrière pour aller le récupérer ! Pareil, pour chausser au sommet il faut un vrai talent d'équilibriste. Sitôt prêts nous envoyons les premiers virages afin de nous débarrasser du passage raide en neige dure. Par bonheur la face sud a légèrement ramolli pour notre plus grand plaisir.
Quant à la descente, on est loin de la poudreuse pyrénéenne, c'est de la tôle ondulée, mais en observant bien le relief on trouve toujours une surface de neige cartonnée et portante qui nous permet de belles séries de virages. Les 1000 mètres de dénivelé sont vite envoyés, les 400 derniers mètres étant doux comme une moquette Saint Maclou.
On en a pris plein les yeux, Barre des Ecrins et Meije au sud, Mont Viso et Rochebrune à l'est pendant qu'au nord brillent une myriade de 4000 valaisans, un panorama étourdissant ! Le séjour à Briançon commence bien.