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Sortie : Karelia suite

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Données de la sortie

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  • Date : 14-02-2023
  • Durée : 04:00
  • Dénivelé : 1100 m
  • Altitude chaussage : 1600 m
  • Altitude déchaussage : 1600 m
  • Risque avalanche : 1/5
  • Sport : Ski de randonnée

Voulant faire découvrir à ma douce la belle vallée de la Clarée, je m’en remets à Skitour pour le choix de la balade au départ de Névache. Sur les simples critères d’un dénivelé et d’une difficulté modestes, le Col du Raisin apparaît comme la destination idéale. Ce n’est qu’au moment de partir qu’un coup d’œil sur la carte me fait découvrir la longueur conséquente du parcours, trop tard pour changer d’objectif. Nous voilà partis à 10 h sous un soleil irradiant au milieu des vacanciers sur un parking complètement plein. Ça commence par 4 km de départementale qui monte à peine, mais qui descend aussi, en ski de fond ça peut aller mais en ski de rando c’est un peu bourrin. Et quand ça commence à monter, c’est en versant nord froid dans les mélèzes et surchauffé des clairières avec pour conséquence des peaux trempées qui gèlent aussi sec accompagnées de beaux sabots de neige bien lourds. Tout cela est bien pénible et parfait pour tester la solidité du couple, surtout en ce jour de la saint Valentin. 

 
La trace étant bien faite je finis par proposer à ma douce de lui porter ses skis devenus deux masses informes de neige à tirer. Nous arrivons légèrement rétamés au refuge du Chardonnet que nous trouvons ouvert à midi, c’est ballot, j’ai monté un pique-nique certes amélioré en ce jour de fête, mais on aurait pu déjeuner aux chandelles en terrasse… Peu importe, nos agapes restent festives. Au milieu de ce paysage superbe baigné de lumière, on est bien décidés à ne pas monter plus haut. Ainsi nous musardons tout en observant les randonneurs qui traînent autour du refuge. Alors que le temps s’écoule tranquillement, passe un couple venu d’en bas qui ne s’arrête même pas au gite et qui, sans l’ombre d’une hésitation, poursuit vers les cimes. Ce détail n’échappe pas à ma sagacité et Hélène l’a bien vu, elle me susurre à l’oreille de reprendre mes skis et de poursuivre vers le haut pendant qu’elle termine son étude sociologique, me précisant que si je n’y vais pas, je vais le regretter. Alors sans plus attendre, je rechausse mes skis dont les peaux ont séché au soleil pour terminer seul la balade projetée.
 
N’ayons pas peur des mots, la suite est sportivement toute aussi rébarbative que la première partie, c’est une succession de vastes plats entrecoupés de raidillons en neige dure. Néanmoins j’arrive enfin au Col du Raisin et même un peu au dessus. La satisfaction du devoir accompli, j’enlève promptement les peaux dans un vent à peine glacial et admire le paysage sibélien qui se découvre enfin. Steppes immenses et lumineuses au nord jusqu’au Mont Blanc alors qu’au sud une enfilade de sombres faces nord austères et glacées offre des contrastes à couper le souffle. Mais on m’attend au refuge, aussi j’entame une descente axée sur l’efficacité. L’objectif, sur cette neige froide dont les qualités sont périmées depuis bien longtemps, consiste à perdre de l’altitude le plus rapidement possible, la pente douce et la neige dure permettent des vitesses affolantes sans faire le moindre virage, tant et si bien que les presque deux heures de montée sont avalées en 12 minutes jusqu’au refuge. J’y retrouve ma moitié au milieu d’un groupe cosmopolite et bigarré aussi étonnant que haut en couleurs. 
 
Nous terminons la balade par une descente efficace en nous bénissant finalement de ne pas avoir des skis de fond, les planches alpines s’avérant bien plus stables sur ce type de pente. Nous arrivons au parking avec 22 kilomètres au compteur quand même ! Finalement avec du recul ce fut une magnifique balade dans un univers qui fait immanquablement penser à la musique de Sibelius. Ce long cheminement au cœur des forêts de mélèzes, ces vastes étendues blanches où sourdent de paisibles rivières, c’est En Saga et Finlandia réunis. Et puis cette interminable errance a quelque chose de nordique et grandiose, un peu comme le Pic de l’Etendard au départ de La Croix de Fer, tout aussi stakhanoviste à parcourir et pourtant si beau !

 

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