Sortie : Ne vivent haut que ceux qui rêvent. 

C'est en substance ce qui est affiché sur le préau du petit village de Saint Martin de Clelles. Voila un bon adage pour nous qui rêvons de monter au col de Pellas par le parcours réputé proposé par le syndicat d'initiative du Trièves. L'objectif est ambitieux pour deux raisons, c'est une piste noire et les pluies battantes de la veille risquent d'avoir transformé les chemins en terribles champs de boue. 

Nous voilà partis par de sympathiques sentiers larges et faciles mais cela ne va pas durer. Brutalement le chemin est effondré, un petit single coupe à travers les pentes raides, il nous faut descendre des vélos pour franchir le raidillon bien trop glissant. Le palpitant monte rapidement dans les tours mais une fois retrouvé le plateau, c'est à nouveau bien roulant jusqu'à Saint Michel les Portes si l'on excepte une petite partie où coule un ruisseau bien décidé à suivre lui aussi le chemin. La suite sera en revanche terrible pour le cardio, c'est raide que ça n'en peut plus, si raide que la roue avant touche à peine le lit de cailloux qui sert de plateforme au sentier. Nous mettons pied à terre plusieurs fois mais on ne lâche rien. Finalement nous retrouvons la large piste qui nous conduit tranquillement au col de Pellas. C'est le point haut du parcours, la descente quoique glissante se négocie sur un filet de frein arrière, pas la peine de s'arrêter au col de Papavet, le plus beau belvédère sur le Mont Aiguille, tout est dans les nuages. 

La descente se poursuit à vive allure jusqu'à la charmante chapelle de Tresanne, pittoresque avec son toit de chaume et ses vitraux. D'ailleurs un contemporain de Beethoven dort encore dans le petit cimetière entourant l'édifice sacré, vous dire comme l'endroit est plaisant. La descente par le Pas de l'Escalier n'est pas si redoutable que son nom laisse à penser. C'est raide et en devers mais tout à fait négociable en VTT, néanmoins les cailloux roulants me feront faire une cuplette heureusement sans gravité puisque je suis tombé côté montagne. Rapidement nous arrivons au pied de l'imposant viaduc ferroviaire, c'est impressionnant mais il faut remonter par un magnifique single en lacets que nous parcourons intégralement à vélo ! 

Manque de bol en arrivant à la fromagerie du Trièves, nous trouvons porte close, c'est ballot nous comptions nous approvisionner en calendos. Il ne reste plus qu'à se laisser descendre jusqu'au vieux pont de Chardon, une merveille vieille de 200 ans. Le chemin de descente est outrageusement gras, on y fait des travers impressionnants et c'est avec deux kilos de boue que nous arrivons en bas. Quant au pont, et bien il a disparu, emporté par une crue centenaire, ou par le temps. La dernière fois que nous passions ici, il était encore debout et parfaitement praticable. Heureusement une petite passerelle remplace l'ancien édifice, nous pouvons ainsi terminer la boucle sans faire demi-tour. 

Le parcours est magnifique, je le conseille chaudement, mais à faire par beau temps et au sec. En tout cas l'adage de Xavier Grall en titre de la publication s'est avéré parfaitement exact, on l'a rêvé le col Pellas et on l'a fait !