Sortie : Le Furan, thème et variations

Je me rappelle vaguement être monté un jour, il y a très longtemps, au Frioul. Mais je ne me souviens pas d’une croix : sans doute étais-je alors persuadé que le sommet se trouvait au carrefour dans le bois, de toute façon ça ne m’a pas laissé un souvenir impérissable…

Toujours à la recherche de nouveaux itinéraires, voilà que je retombe sur lui. Mais bien vite c’est sur le Furan que se concentre toute mon attention. Etant maintenant Stéphanois depuis plus de 55 ans, je l’ai encore connu en partie à découvert dans la ville, notamment devant l’Université de la rue Tréfilerie, où sa couleur pouvait encore changer du tout au tout d’un jour à l’autre…

Ma boucle ne quitte pratiquement pas le Furan, sauf pour monter au Frioul ; mais c’est pour mieux le retrouver en amont dans la descente vers le Gouffre d’Enfer et ne plus le lâcher.

A vrai dire j’avais fait un premier repérage le 18 avril avec Sylviane ; nous étions alors montés du parking du Bernay jusqu’au croisement 764, puis redescendus par les lacets serrés à l’W de l’Ollagnière. Suffisant déjà pour que Sylviane soit enchantée par ce parcours bucolique qui se hisse paisiblement à flanc de vallée, tantôt en sous-bois tantôt à découvert, au-dessus de Saint-Etienne…

Aujourd’hui je remets ça, mais parti plus tôt en début d’après-midi, je compte bien réaliser toute ma boucle. Le parking des Grandes Molières, lui, permet surtout un superbe premier contact en sous-bois avec le Furan ; on peut même le longer au plus près en aller/retour sur une sente de pêcheur, avant de revenir le traverser sur la passerelle et d’entamer la montée vers le Frioul, avec ses belles vues, notamment sur les versants Nord et Sud du vallon du Furan… et au-delà !

Aujourd’hui encore, cette montée en douceur, souvent bien à l’ombre, mais avec plein de taches de soleil sur mon chemin, est un petit régal en soi. La découverte commence après notre demi-tour d’il y a 2 mois, toujours aussi plaisante, notamment vers Fissemagne et ses points de vue panoramiques, puis avec l’entrée quasi solennelle dans le bois du Frioul, suivie de la recherche ludique de sa mystérieuse croix sommitale - pas si évident a priori... Idem pour le point de vue quasi vertical mais très partiel sur un bout du barrage du Gouffre d’Enfer, tout au fond du versant Est du vallon du Furan. Tout ça, ça se gagne !

Après un bref retour à la civilisation et l’agitation contemporaines avec la traversée de Planfoy, je replonge voluptueusement dans le passé et le calme olympien de ses vestiges avec la majestueuse descente vers le barrage du Gouffre d’Enfer, puis la traversée de sa digue. Vu l’heure, je préfère renoncer, à regret bien sûr, à la montée/ descente au raide Belvédère rocheux, que je connais bien mais dont on ne se lasse jamais. Ma plongée se poursuit avec la descente délicieusement vertigineuse de ses antiques et toujours irrégulières marches d’escaliers, autre petit chef-d’œuvre du 19^e siècle. S’ensuit cet autre morceau de choix qu’est la trop courte mais toujours impressionnante traversée des étroites gorges rocheuses du Furan, notre très sauvage canyon à nous. Serait-il aujourd’hui sonorisé ?! Je vais y croiser en effet deux couples d’Africains avec leurs enfants, l’un des pères tenant une grosse radio qui diffuse à pleins tubes une musique dansante et joyeuse ; c’est tellement inattendu en ces lieux austères que je ne peux que m’en amuser avec eux !

Enfin, la descente de la petite route "du Gouffre d’Enfer", qui doit me ramener à mon point de départ en longeant paisiblement le Furan en aval de ses gorges, est plutôt une bonne surprise. Je n’y croiserai aucune voiture, et elle est en soi fort agréable, entre les raides pentes à droite et le Furan à gauche, qu’on entend toujours sans jamais bien le voir. Ayant loupé, dans le grand virage à gauche le départ d'un sentier qui devrait me permettre de traverser le Furan vers les maisons du Clapeau, je m’acharne, car à travers les branches on voit pourtant bien une grande passerelle au-dessus de la rivière ! Mais ce que je finis par trouver, caché derrière les feuilles des arbres, c’est un panneau "Interdit aux piétons" assorti d’une mise en garde très dissuasive. Il s’agit en effet d’une longue et haute passerelle-aqueduc au-dessus du Furan, visiblement pas du tout destinée aux marcheurs !

Bon, raté. Déçu, je tente alors une dernière possibilité : descendre au carrefour suivant la première route à gauche, vers le Clapeau. Et là, bingo, ça marche : en bas, à un petit pont sur la rivière, j’interroge un aimable habitant à sa fenêtre, qui me confirme qu’en effet il suffit de suivre la rue qui remonte fortement jusqu’à un sentier à droite, qui permet de rejoindre plus loin mon parking. Aussitôt dit aussitôt fait. Sauf qu’au départ du fameux sentier je m’aperçois qu’il semble se poursuivre à ma gauche, donc…vers le fameux aqueduc ? Comme il me reste un peu de temps, je ne résiste pas à l’envie d’aller y jeter un œil ! Et en effet la vague trace toute enherbée finit par me mener à l’autre extrémité de mon pont-aqueduc, pourvue là aussi d’un panneau dissuasif, et dont l’accès se révèlerait en effet des plus acrobatiques…

Bon, demi-tour sans regret, et retour à grands pas au départ du sentier de tout à l’heure. J’arriverai au parking vers 20 heures. Une après-midi bien remplie, sous le signe d’un Furan tantôt sauvage tantôt bien sage, que j’ai enfin retrouvé tellement plus beau et limpide que dans mon souvenir, qui date il est vrai de plus d’un demi-siècle…