Sortie : Retour dans les Dolomites

Après le drame de la Marmolada l'an passé où nous avions échappé de justesse à une mort certaine, nous décidons de retourner cette année dans ces fabuleuses Dolomites.

A cela deux raisons. La première, poursuivre notre périple stoppé brusquement suite à l'avalanche de la Marmolada. La deuxième, rendre visite aux parents de l'alpiniste DCD que j'avais retrouvé pour répondre à toutes leurs questions sur les derniers instants de vie de leur fils, et retrouver son amie survivante que j'avais dégagée de la glace. Après cette rencontre chargée d'émotions de part et d'autre, nous prenons la direction de San Martino di Castroza. 

Patricia est très impressionnée par la hauteur de la face dans laquelle se déroule la via ferrata. Aussi histoire de ne pas la brusquer et lui laisser le temps d'apprivoiser la montagne, nous faisons un grand tour de VTT le lendemain. 

Dimanche 25 juin, nous prenons le petit télé du Col Verde. Au vu de la neige persistante dans les 700 mètres de la face nous avons opté pour les grosses et les crampons. La montée au pied de la face se fait dans un silence total. Chacun muré dans ses pensées.

9H, nous attaquons la via ferrata. L'esprit est occupé et les angoisses diminuent. L'itinairaire est très beau, aucun échelon ne vient aider à la progression, seul le câble est présent pour s'assurer. Nous avons déjà parcouru 400m lorsqu'en voulant prendre une photo de Patricia, mon téléphone m'échappe des mains et plonge dans le vide. Je le regarde incrédule faire une belle arabesque, rebondir 20 m plus bas et s'immobiliser par miracle avant le plongon final. Ayant pris soin de prendre une corde, je tire un rappel et récupère le tél, ouf.

Nous poursuivons notre ascension toujours aussi belle. Un verrou bien raide sur une centaine de mètres nous donne un peu de fil à retordre. Bientôt les dalles se couchent et nous débouchons en vue du minuscule refuge dans une magnifique brêche entourée de brume.  

La neige est encore bien présente et nous accompagne jusqu'au minuscule refuge. Une petite pause casse-croûte s'impose avant de plonger dans la descente sur l'autre versant.

Nous rejoignons le col Travignolo et dégringolons l'immense pente de neige sur plusieurs centaines de mètres. Plus bas nous devons désescalader des rochers raides avant de retrouver la neige. La suite est une longue remontée au Passo Bettega. Les heures tournent à la vitesse de l'éclair. J'exhorte ma douce déjà bien entamée d'accélérer le pas si nous ne voulons pas louper le télé de la Rosetta.

 Après le Passo, nous dégringolons une nouvelle pente de neige, puis des blocs pour enfin apercevoir la gare du télé perchée de l'autre coté de la vallée et 200 m plus haut. Glurps.

Je cours devant comme un beau diable, pose mon sac, retourne chercher celui de Patricia, enfourne les deux sacs et file jusqu'au télé. Lorsque j'arrive à 50 m, j'entend un "ultima".... Je jette les deux sacs au pied de l'employé et lui fais comprendre que la siniora arrive. Je repars en courant dans la pente, rejoins Patricia qui est à bout de souffle, l'empoigne par la main et nous repartons en courant jusqu'en haut. Lorsque nous débouchons sur la plateforme, nous sommes applaudis par les derniers touristes et le personnel.

Le temps de s'engouffer dans la cabine et hop le télé s'ébranle. C'était moins une. 

Patricia a le regard absent, le casque en travers, et est complètement hébétée. 

Une chose est sûre, nous avons fait un retour dans les Dolomites en fanfare.

La vie peut reprendre son cours.