Sortie : La conjuration de la malédiction luchonnaise.

Depuis que nous sommes arrivés à Luchon, un vent enragé souffle sur les crêtes frontières et nous oblige à trouver des occupations terrestres, cinéma, boucles en VTT, tourisme. Tout cela est passionnant cependant nous sommes quand même un peu frustrés de ne pas pouvoir déplier nos ailes, aussi à la faveur de la première accalmie nous filons ce matin avec JP vers les sommets. Compte-tenu des conditions aléatoires de la masse d'air mouvante, notre objectif est somme toute modeste puisque c'est le Cap des Arjoulents, une proéminence au-dessus de Oô. Elle offre cependant l'indéniable avantage de nous être totalement inconnue. C'est donc par un nouveau sentier que nous montons, à travers une végétation généreuse et gorgée d'eau des orages de cette nuit. Quel plaisir de suivre ces vieux chemins historiques, ceux-là que prenaient jadis quotidiennement les femmes du village lourdement chargées de victuailles pour nourrir leurs maris partis à l'estive. 

Au col de la Coume, nous hésitons entre l'objectif initial ou poursuivre vers le Tuc de Salavané, 400 m plus haut. La raison l'emporte sur l'appel des hauteurs. Le vent et les nuages ne nous inspirent pas vraiment, mieux vaut un tiens que deux tu l'auras, nous rejoignons le sommet tout proche du Cap d'Arjoulents. Comme il est tôt nous musardons au sommet pour nous apercevoir que le vent est d'une inconstance totale. Un coup il vient de l'ouest avant de souffler des pentes orientales. Quand tous les voyants sont au vert, nous étalons les voiles sur un tapis d'herbe détrempée. Nous voilà rapidement tous les trois en l'air pour un vol qui ne durera pas 10 minutes ! Peu importe, la balade est une réussite, la malédiction de ce vent scélérat a été conjurée par ce petit vol sur un site que nous ne connaissions pas. Non vraiment le luchonnais est un paradis pour les parapentistes ! 

Pour valider ce charmant petit sommet, c'est au lac de La Badech que nous allons pique-niquer et accessoirement piquer une tête dans ses eaux glaciales pendant que les planeurs décollent sans arrêt, tirés par un câble à enrouleur sur le terrain d'aviation juste à côté du lac. Contrairement aux idées reçus à la Badech, ce n'est pas tant la dèche !