Hier le gendarme de Gavarnie nous conseillait de voler du sommet du Pibeste, une montagne au-dessus de Lourdes. Ce matin donc nous voilà partis pour le Pibeste que nous ne connaissons absolument pas. J'ai glané sur internet quelques maigres informations sur le plan de vol, nous y allons un peu la fleur au fusil.
Après avoir laissé la bagnole à Ouzous, nous commençons la marche, il y a mille mètres de dénivelé plein sud et nous craignons le coup de chaleur, heureusement la forêt nous offre une ombre fraîche et souveraine. Il n'y a qu'une poignée de lacets avant le col des Portes où le soleil tape dur mais une douce brise nous offre du réconfort. C'est à ce moment-là qu'un gars nous rattrape à fond, il a un tout petit sac mais sa marque trahit le contenu, c'est un parapentiste. Je m'empresse de lui demander confirmation de mes informations qu'il valide sans hésiter. Du coup nous discutons un peu, en fait c'est le coach sportif d'un ancien champion du monde de parapente pyrénéen que nous admirons beaucoup depuis quelques années, Pierre Rémy pour ceux qui suivent. Il se trouve que ce champion en question a sa maison d'enfance juste à côté de l'atterrissage ! Le Pibeste est sa balade favorite d'entraînement. Quant au coach sportif, il ne tarde pas à filer devant, notre cadence d'escargot ne lui convenant pas pour son chrono.
Quand on me double aussi vite, j'ai toujours l'impression d'avoir de la colle sous mes chaussures, pourtant on a rattrapé deux personnes, je ne comprends rien, on ne doit pas être tous pareils ! A partir du col des Portes, les explications du coach ne nous semblent pas évidentes, du coup nous abandonnons le chemin pour couper à travers une magnifique hêtraie. Des arbres centenaires bien espacés sans la moindre végétation, un régal à remonter même si nous ne voyons pas le moindre cèpe.
Soudain nous sortons de la forêt sur la crête sommitale, c'est incroyable, à l'épaisse forêt succèdent d'immenses étendues herbeuses. Et au milieu des fougères, une belle pelouse est idéale pour étaler nos chiffons volants. Compte-tenu de l'exposition avec une composante ouest, il nous faut attendre un peu que les conditions propices à l'envol s'installent. Une heure plus tard, nous sommes fin prêts dans nos sellettes pour un vol somptueux au milieu des rapaces. L'essor est facile avec la brise de face. Les plus hautes cimes des Pyrénées se découpent au fond du décor, devant nous trônent Marboré, Mont Perdu , Balaïtous, c'est du panorama en technicolor !
Nous atterrissons au bord du Gave, un peu plus bas que le parking, un ORL à la retraite qui n'entend plus rien nous remonte gentiment à Ouzous. Une sortie superbe comme on les aime