Sortie : Cueillette miraculeuse

Partis depuis le fond de la vallée, à Sireix plus précisément, nous montons avec les parapentes au Pouy Droumidé, un cime arrondie couverte d'une lande qu'on pourrait croire écossaise, la pluie en moins. Le chemin choisi n'est pas le plus utilisé, il se faufile à travers de magnifiques forêts tantôt de hêtres tantôt de conifères sombres où ça sent bon l'humus. Et soudain, alors que nous marchons tranquillement, un premier cèpe se présente, charnu, le pied rond, de belles couleurs brun clair. Un magnifique spécimen ! Pas question de le laisser, nous terminerons la balade en scrutant les environs tout en évitant soigneusement les bolets satan hélas plus nombreux que les boletus edulis tant appréciés des gourmets que nous sommes. 

Arrivés à la charmante cabane de l'Abedet, le parcours s'est un peu corsé. J'ai voulu éviter des pistes forestières trop plates en coupant à pleine pente. Dans la forêt la progression est facile mais quand on arrive sur l'estive, des champs de rhododendrons épais nous font barrage. On a dû mettre 40 minutes pour traverser 150 mètres de lande inextricable, ronces, genévriers agressifs, rhodo épais, rien ne nous sera épargné, ah si les orties. Après y avoir laissé une énergie considérable, nous atteignons enfin les immenses prairies sommitales. Il ne reste plus qu'à rejoindre le sommet tout plat et découvrir la pente d'envol dont nous n'avons aucune information. Comme je le craignais en regardant la carte IGN ce matin, la pente est très faible. Nous trouvons 50 mètres en contrebas un ersatz de décollage. Heureusement la brise est parfaitement orientée et devrait nous éviter de courir trop vite. 

Nous installons les voiles sur la steppe immense, au loin paissent plusieurs troupeaux, c'est d'une beauté étrange, comme si nous étions dans les Highlands. L'envol est étonnant, un peu comme si nous étions à bord d'un Airbus A380. Il faut gonfler la voile, courir et imperceptiblement s'éloigner du sol qui reste longtemps moins d'un mètre sous la selette ! La suite du vol nous permet de découvrir le Val d'Azun sous un angle nouveau. Nous ne voyons pas l'atterrissage puisqu'il y a une vallée à traverser et une crête à sauter. Heureusement l'air porte bien et nous passons bien plus haut que prévu pour enfin voir le champ fauché repéré ce matin même. Nous volons ensemble dans un air maintenant apaisé. La prise de terrain n'est pas simple avec deux lignes électriques à éviter soigneusement. Nous nous posons parfaitement. Il ne me reste plus qu'à aller chercher la bagnole garée dans la vallée d'à côté. Une zonarde, pieds nus dans sa caisse brinquebalante, me conduit à toute vitesse pas très loin de Sireix que je rejoindrai par un charmant petit chemin à travers la verte campagne. 

Voilà une magnifique sortie qui se termine en beauté sur notre petite terrasse du gîte avec une succulente poêlée de cèpes, des journées pareilles c'est l'extase !