Malgré l'inquiétante humidité ambiante nous décidons de sortir les vélos, de toutes manières il y a trop de vent pour le parapente. Si la météo annonce un temps magnifique, la réalité est tout autre, de grosses masses cotonneuses encombrent le ciel mais il faut rester positifs, ça va se lever. Notre tour ne sera pas trop technique et empruntera des pistes essentiellement sèches et caillouteuses, enfin c'est ce que nous croyions. Nous voilà partis pour le col de l'Emeindras en boucle par Sarcenas, pas besoin de voiture, on part de la maison. Col de Clémencières, Col de Palaquit, tout cela en passant pas les petites routes secondaires goudronnées, c'est du gâteau. Nous avons bien tenté un raccourci qui s'est soldé par une séance de patinage en règle dans la boue.
Pourtant le col de l'Emeindras n'est accessible que par une longue piste, nous ne couperons donc pas à la boue. Les premiers kilomètres sur piste sont en excellente condition, une petite graveline permet de rouler à peu près au sec. Nous butons plus haut sur un parking rempli de grumes et sans issue, mais en cherchant bien nous trouvons une piste secondaire qui continue en traversée. Là commencent les difficultés, c'est terriblement gluant et visqueux, nous pénétrons dans un champ de boue constitué d'une épaisse couche de glaise horriblement glissante. Est-ce une raison pour faire demi-tour ? Il ne saurait en être question !
Pousser les vélos sur ce terrain gras est un calvaire qui ne durera heureusement pas longtemps, pas plus d'un kilomètre, la suite, bien que glissante, est suffisamment dure pour rouler sur les vélos. Bientôt nous arrivons à l'Emeindras Dessous, encore un petit effort, quelques flaques bien terreuses à traverser et nous voilà au sommet de la prairie. Un endroit absolument magnifique, surtout avec les nuages qui se déchirent de plus en plus en passant sur l'échine du Chamechaude. Par bonheur le vent circule largement par-dessus la crête et nous pouvons poser les vélos pour entamer les victuailles, confortablement installés sur une grosse souche pourrissante molle comme un vieux fauteuil.
Le chemin de descente s'avèrera bien meilleur que celui emprunté à l'aller pour s'affranchir des 1500 m de dénivelé. Bien plus bas, nous trouvons enfin le célèbre chalet qui a servi de décor au fameux film "Buffet Froid", chef d'œuvre complètement décalé de Bertrand Blier, devenu film culte depuis des années. Hélas une disgracieuse pergola a été ajoutée au bâtiment qui perd un peu son identité cinématographique.
Le reste de la descente par la route du Sappey est anecdotique mais permet de rejoindre la vallée sans prendre trop de risques sur les chemins boueux. En arrivant à Grenoble par les berges de l'Isère, nous avons la surprise de voir la rivière sortir carrément de son lit. Elle recouvre complètement la voie sur berge. Les eaux bouillonnantes et boueuses s'engouffrent avec fracas sous les voûtes des ponts. Il y a carrément des arbres qui passent, arrachés par les flots tumultueux en amont. Voilà une belle petite boucle avec 45 bornes quand même et 1500 m de dénivelé, ces vélos sont sensationnels !