Sortie : Immersion dans les Écrins 

Fantastique ! Ce matin la météo a revu sa copie, beaucoup moins de vent que prévu. En conséquence sur les coups de six heures, je susurre à l'oreille de ma douce encore endormie les syllabes de Côte Belle en Valjouffrey. L'effet est immédiat, une heure plus tard nous voilà partis, la route commencée sous la pleine lune se déroule jusqu’au Désert en Valjouffrey dans la froidure du matin. La vallée de la Bonne, par moment terriblement encaissée, se termine par une timide ouverture sur le ciel entre deux murailles inexpugnables. Nous commençons la marche en doudoune avec les gants et les bonnets. C'est qu'il fait un froid de loup (mais moins qu'à La Mure où il faisait -6°). Il faut remonter lentement le long vallon sous le col. Nous ferons une première pause au soleil, bien plus haut. Un petit groupe de marcheurs nous précèdent, nous les doublerons à la faveur d'un raccourci par l'ancien chemin qui disparaît lentement faute d'entretien. 

Là-haut les conditions sont parfaites, une légère brise de sud matinée de thermiques va rendre le décollage idéal. Notre préparation est sereine, le temps est notre allié. L'Olan à gauche nous surveille du coin de l’œil, en face les versants ombragés de la rive gauche de la Bonne offrent un aspect sinistre en encadrant le terrible col de Vaurze. De notre côté en revanche, c'est éclatant de lumière chaude et vivante, des centaines de chocards volent en groupe dans une murmuration plutôt anarchique ! Des chamois s'ébattent tranquillement sur des pentes abruptes. Le vol est à la hauteur du vallon, magnifique ! Et cerise sur le gâteau, le variomètre n'arrête pas de biper. Nous volons de concert sur les flancs ensoleillés sans perdre une miette du paysage, tant et si bien que nous descendons plus bas dans le vallon ! 

Les derniers mètres du vol changent du tout au tout. Le soleil bas de novembre n'atteint plus le fond de la vallée, elle est immobile et complètement givrée ! Nous passons à l'ombre, il faut enlever les lunettes de soleil pour distinguer clairement le relief avant de nous poser sur l'herbe blanche. Après avoir plié les voiles au bord de la route sans voir personne, une voiture passe enfin, c'est  Marc Puissant, un jeune qui n'a jamais quitté la vallée, il s'arrête bien sûr et nous remonte gentiment au Désert en Valjouffrey maintenant au soleil. Merci à lui pour sa sollicitude ! 

Encore une sortie de toute beauté dans ce vallon sauvage au cœur des Écrins, impossible de se lasser de cette activité dans de telles conditions !