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Grand Ferrand par les Charances depuis Tréminis

Arches inter-ferrantes (c) Sombardier

Données de la sortie

Météo GIF
  • Date : 25-08-2007
  • Durée : 4h30
  • Dénivelé : 2000 m
  • Distance : 16.597 km
  • Participants : Benoît Mathieu
  • Sport : Randonnée

Très belle randonnée de difficulté soutenue.

L'accès par le sentier des Allières recommandé par Sombardier est effectivement super sympa.

Le parcours dans le ravin en haut des Charances est assez improbable, quoique... il est vrai qu'on en a vu d'autres encore plus improbables dans la région... La face Ouest du Grand Ferrand offre un relief assez surréaliste que l'on ne soupçonne pas en la regardant de loin : un peu comme un autre monde où la solitude du randonneur n'est troublée que par les jets de pierres intempestifs de quelques chamois sournois et les "toc toc" d'alerte d'une colonie de lagopèdes alpins.

Le passage au sommet a été l'occasion d'aller faire un "saut" (au sens figuré uniquement) pour explorer la zone des "arches inter-ferrantes" (marque déposée Sombardier) signalée à l'Automne dernier par la fine équipe des casse-cou du Dévoluy (GLaG, Mazas, Sombardier pour ne pas les nommer). Résumons en une phrase : MERCI, MERCI, mille fois MERCI les gars, ça c'est un "petit crochet" qui vaut vraiment son pesant de cacahuètes.

Ceci étant, la promenade frise tout de même à plusieurs reprises l'adjectif "dantesque" : elle commence d'ailleurs par une "descente aux Enfers" dans un couloir très raide et jonché d'éboulis instables dont on trouve l'amorce en se dirigeant d'abord vers le Petit Ferrand puis à droite dans une pente raide en direction du vallon du Grand Villard.

Dans le couloir, on passe à côté de l'entrée des Enfers : une grotte de dimensions apparemment respectables (déjà connue ?), bien planquée et sans doute assez profonde, dont un boyau semble pénétrer horizontalement sous le plateau sommital, et dont un autre boyau s'enfonce quasi-verticalement dans la roche et exhale un vent glacial. M'étonnerait qu'à moitié si ça ressortait du côté de la Fétoura, tout ça...

Après une descente très délicate, on peut enfin admirer l'invraisemblable gruyère sculpté par Dame Nature comme un défi aux lois de la pesanteur : sentiment d'être brusquement sorti du réel, pourtant encore si proche avec ce sommet si paradoxalement plat, horizontal, confortable, débonnaire, peuplé de randonneurs qui savourent l'exceptionnel panorama, fruit de leurs efforts respectables fournis pour monter les 300 derniers mètres de caillasse, et se reposent tranquillement en se préparant pour la descente, sans même soupçonner qu'à deux pas de là se trouve l'antithèse exacte de ce belvédère trop sage : le baroque, la démesure, le vertige, le déséquilibre précairissime miraculeusement figé par un caprice de la gravité, l'omniprésence oppressante de la Verticalité (avec un grand V), de l'Instabilité (avec un grand I) et de la Raideur (avec un grand R), remplis du vacarme assourdissant de vaisselle cassée produit par les éboulis mouvants qui croulent et s'entrechoquent au moindre mouvement.

Quelques cordes de relais témoignent du passage de quelques prédécesseurs téméraires (qui arrivaient d'en-dessous du côté du Chourum Olympique si j'en crois le topo surréaliste qu'ils ont publié il y a quelques mois).

Pour le retour dans le monde réel, plutôt que de tenter la remontée peu engageante du couloir d'accès, on s'est mis en tête de remonter la langue d'éboulis (très pénible) en direction d'une brèche terreuse (qui apparemment pourrait bien être la brèche entre le Grand et le Petit Ferrand). De là, on arrive dans un "terrain de jeu" en face Ouest, très vertigineux et pas toujours confortable, mais pourtant tellement moins pesant que la nasse dont on vient de s'extirper que c'est presque avec facilité voire une certaine légèreté que l'on se joue des quelques gradins et de l'abime insondable qui les borde pour reprendre pied sur la molle croupe sommitale.

Que dire de la suite après une telle aventure... des plus banales : descente sur la Jarjatte via la Tête du Vallon Pierra (point de vue toujours aussi imprenable pour contempler le Ferrand) puis la Tête du Lauzon, le col de Charnier, la cuvette du Lauzon (et ses marmottes toujours aussi peu farouches), le Col des Aurias, une balafre à travers les prés de Ferrand, on retrouve (enfin) la fraîcheur du sous-bois dans la sympathique descente sous le Col de la Croix, déjà parée pour la transhumance, et, pour finir, un bon Coca glacé siroté à la nouvelle buvette opportunément ouverte depuis quelques années aux Granges-des-Forêts.

Creative Commons licence
Haut des Charances
Panorama de la tête du Lauzon

Commentaires

lingo
01-09-2007 02:11:35

Oh que oui Glag, c'est un fameux belvédère !!! Pierre, de rien pour les photos ... un plaisir. Après, nous sommes allés bivouaquer un peu au dessus du col de Charnier (tu as peut-être vu notre tente, que nous avons plantée avant de monter au VallonPierra), pour redescendre le lendemain pépères à La Chaup en passant par le dessus du vallon (désolé je ne sais pas comment on nome ce passage au nord du vallon en surplombant sur de larges balcons). Allé, je polue un peu le fil avec une image de notre départ après le bivouac ;) ... [img:4dd6ddc069]http://216.32.66.210/atpic/1327/14296/lriltxzpvbyxnmzocukg/612719/0.jpg[/img:4dd6ddc069] ...

GLaG
31-08-2007 23:48:38

Ah oui, la tête de Vallon Pierra est vraiment un endroit fantastique pour la photo comme pour la contemplation du Dévoluy...Accés facile mais quand même assez long pour rentrer dans l'ambiance, très esthétique arête la reliant au Ferrand, coucher de soleil tardif et rouge (car peu de montagnes "hautes" dans la direction du soleil), ...


Pierre Baldensperger
31-08-2007 23:45:22

Effectivement : c'était bien nous. Merci pour les photos. Le monde des bivouakeurs est petit... ;-) Qu'avez-vous fait après ? Vous avez attendu le coucher de soleil ? C'est un bon "spot" (GLaG connaît bien aussi).


lingo
30-08-2007 01:17:20

Bon ben je crois que je vous ai shooté toi et ton acolyte ! Si vous étiez au sommet du VallonPierra vers 16h30, vous êtes sur ces deux photos. On s'est croisé au sommet, j'étais avec mon amie. Il y a toujours des paparazzi qui traînent :lol: [url]http://216.32.66.210/atpic/1327/14296/lriltxzpvbyxnmzocukg/611584/0.jpg[/url] [url]http://216.32.66.210/atpic/1327/14296/lriltxzpvbyxnmzocukg/611585/0.jpg[/url] ...


GLaG
29-08-2007 23:22:05

Chic, le Dévoluy revient !! Ne connaissant pas aussi bien que vous le secteur de Tréminis-sud est (tous les accés possibles à la source du Loup et aux Charances du Ferrand), je n'ai pas d'avis éclairé sur la question... Mais cela ne me paraît une bonne idée de la part de la commune (ou d'une communauté de communes ?) de restaurer ces sentiers qui, à en juger par le nombre de vestiges de panneaux, ont été il y a 20-30 ans des destinations de randonnées plus ou moins familiales...et même sans aller jusqu'à rejoindre le sommet du Ferrand, beaucoup de randos dans le coin méritent la visite pour les points de vues offerts sur ce Haut-"balcon ouest du Dévoluy". Je pense au Ménil, au Rattier, au col de la Croix, à la Fétoure, la source du Loup...


Pierre Baldensperger
29-08-2007 23:03:56

Bonjour à tous, J'espérais secrètement que l'ajout de cette sortie relancerait un peu la tradition des "fils-fleuves" de bivouak au sujet du Dévoluy, mais je ne m'attendais pas à un tel déferlement de réactions ! Content que ce récit vous ait plu, mais surtout merci à vous tous d'avoir ouvert la voie vers cette merveille l'an dernier ! Oui, GLaG, bien sûr, la "banalité" de la descente n'était qu'ironique. C'est d'ailleurs à cause d'elle que j'ai indiqué un dénivelé de 2000 mètres. Mathématiquement parlant, du point de départ au sommet, il n'y a certes que 1589 mètres : il s'agissait en fait d'un traquenard imparable pour que Bernard et Pascal nous ressortent leurs débats champignonnesques (j'attendais aussi le retour de la belle-mère de Bernard, mais il faudra peut-être rajouter une couche pour la remettre en selle ;-)). Sérieusement, le dénivelé supplémentaire est dû principalement à l'escapade aux arches (1ère remontée pour revenir au sommet), puis à la "descente" par Vallon Pierra (ce qui nécessite de remonter du Vallon Froid au sommet et ensuite de "tricoter" le long de la crête du Lauzon), et enfin à la petite remontée pour ressortir de la cuvette du Lauzon en direction des Aurias. L'altimètre de mon acolyte avait cumulé près de 2200 m de dénivelé à la fin de la rando. J'ai recalé à 2000 parce que je trouve ça quand même un peu optimiste. Sinon, j'adopte sans hésiter le nom des "arches olympiques" proposé par Pascal et qui est effectivement parfaitement pertinent. Au sujet de la rénovation du sentier "de ronde" pour Pascal : ça avait l'air très sérieux, le sentier est entièrement retracé à la pelle mécanique entre les Maroures et la Source du Loup, façon "autoroute" (1 mètre de large). Le vieux sentier des tonneaux est quant à lui refait à la pioche (les outils étaient encore sur place) sur quelques lacets en un peu moins large. J'ai trouvé ça très étonnant : peut-être la commune de Tréminis qui veut réhabiliter son patrimoine de sentiers de randonnée, mais ça serait quand même très surprenant et même dommage qu'ils envisagent de rouvrir (ou d'ouvrir) cet accès vers le Ferrand, vu la nature de la partie supérieure. Ca serait plus sympa de refaire le sentier de ronde, mais connaissant bien le secteur de l'Auria, je partage tes doutes sur la faisabilité de l'opération.


pascal sombardier
29-08-2007 18:48:22

Le calcul me semble en effet bizarre. L'effet des champignons, sans doute.... J'en profite pour faire qq commentaires sur les compléments de Balden. Le panneau "les Pointes" n'a rien d'étonnant. Si on continue le sentier sans tourner à gauche vers les Allières, on arrive à la cabane des Pointes, qui est appelée "des Ponches" sur certaines cartes... Il s'agit d'un cul de sac, puisque l'ancien sentier de ronde qui rejoignait par là les Aurias est effondré peu après la cabane. Maintenant, tu nous dis qu'il y a des travaux sur le sentier entre la source du Loup et la Fétoure (si j'ai bien compris). Serait-ce que la commune aurait décidé de remettre en état certains de ces sentiers spectaculaires qui ceinturent tout le cirque de Tréminis. Le chemin de ronde refait ? ce serait top ! Mais j'ai du mal à y croire : trop expo par endroits. Mais si quelqu'un a des infos là-dessus.... Tiens, dernièrement, j'ai découvert que ce chemin de ronde continuait au nord dans les Ruines derrière le Château des Chèvres auquel il remontait peut-être par derrière. Mais tout cela est dans un tel état que c'est impraticable aujourd'hui. J'y suis qd même allé voir et suis descendu dans l'Ébron par qq rappels dans les cascades (dont une belle de 50 m). Il me semble plus prudent toutefois de rejoindre le fond de l'Ébron en descendant le versant est du Château. Et là, on n'a plus du tout l'impression d'être sur la même planète...


Bernard MAZAS
29-08-2007 18:23:38

[quote:1237411364="Pascal Sombardier, toujours aussi imaginatif, "]De plus, la vision par dessous (voir lien) ne rappelle-t-elle pas les anneaux de Coubertin ?[/quote:1237411364] Moi ça me fait plutôt penser à un champignon, mais je ne veux pas avoir l'air d'insister... J'en profite pour remercier également Pierre pour son beau récit. Une question subsidiaire : il y a vraiment 2000 m de dénivelée ? :shock:


pascal sombardier
29-08-2007 17:41:40

Merci Balden pour ce texte et ces belles images. Le Dévoluy, si riche en paysages étonnants et en merveilles naturelles, semble décidément être le meilleur inspirateur de ceux qui ont quelque talent pour transmettre leur passion, et ça ne m'étonne pas... Le "dévoluisme" est né. En attendant les prochaines envolées de GLag, François Lannes, Bernard Mazas et autres Dévoluards en puissance, je précise que le terme "arches inter-ferrantes" était un simple joke, et qu'il n'est pas nécessaire de m'en attribuer la paternité. Je préférerais d'ailleurs "arches Olympiques", puisqu'elles se trouvent en haut du tunnel qui domine le chourum du même nom (donné par les spéléos ss doute à cause de la taille inhabituelle de ce gouffre). De plus, la vision par dessous (voir lien) ne rappelle-t-elle pas les anneaux de Coubertin ? ../photos/photos.php?id=8090&id_sport=2 Avec mes amitiés.


GLaG
28-08-2007 11:54:36

> Que dire de la suite après une telle aventure... des plus banales : > descente sur la Jarjatte via la Tête du Vallon Pierra (point de vue toujours > aussi imprenable pour contempler le Ferrand) puis la Tête du Lauzon, le > col de Charnier, ... Faut-il que les environs du sommet aient été impressionnants pour trouver banale une telle descente dans des lieux aussi beaux les uns que les autres... :D Un beau récit !



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