Ce samedi, c’est par le versant est – contrairement à l’itinéraire décrit ci-dessus par Jean-Michel, qui emprunte, lui, le versant ouest Arêches/Roselend – que nous sommes montés à raquettes jusqu’au Col du Bresson. Donc départ sous le pont de la Gitte au-dessus d’Aime (1426 m.), on chausse à peine plus haut, et sous un beau ciel bleu et sur une bonne neige, on monte en 2 h. jusqu’au refuge de la Balme en suivant grosso modo le tracé invisible du GR5 au fond du vallon de l’Ormente. Il y a pas mal de coulées des deux côtés du vallon, mais aujourd’hui ça tient sans problème (on s’est renseignés avant !). Au refuge, très agréable, on sort les provisions, on déjeune dehors puis on s’installe dedans (il n’est pas encore gardé, et on est tout seuls !). Puis, enfin légers, on repart pour monter au col. Au-dessus de nous la Pierra Menta toute proche ne nous quitte pas des yeux. On suit l’itinéraire (nord) du refuge du Presset et du col du Grand Fond, mais vers 2300 m. on oblique à gauche vers l’échancrure, bien visible sur la crête, du Col du Bresson. Au col (2469 m., 1h.15 du refuge, et 1046 m. de dénivelée depuis ce matin), très belle vue de l’autre côté sur la crête Roche Parstire-Mont Coin, le Grand Mont, au sud sur la Pointe de Cerdosse et le Rosset, à l’est sur le Roignais, etc. Au nord le refuge de Presset est à portée de main… Mais il faut bien redescendre à « notre » refuge, où nous ne sommes pas trop de 9 pour une soirée très très occupée : déneiger au moins une fenêtre de la cuisine, aller chercher de l’eau au torrent, faire fondre de la neige, scier et fendre du bois, allumer et alimenter le poêle, faire cuire les pâtes, mettre la table, faire la vaisselle (sans évier…), tout ranger…
Le lendemain matin, on savait que la météo ne serait pas terrible. Elle fut exécrable : par la fenêtre on ne voyait RIEN ! Que du blanc ! Brouillard à couper au couteau, visibilité nulle, et en plus il neigeait ! On s’était concocté un beau programme pour ce dimanche : col du Mont Rosset, redescente de l’autre côté puis dès que la pente le permettait remontée sur l’arête sud du Rosset, et de là au sommet, et retour plein sud par les chalets jusqu’au pont de la Gitte. Las ! Après une trentaine de mètres à la boussole, il a bien fallu se rendre à la raison : c’était trop risqué de continuer. Donc demi-tour jusqu’au refuge et de là, redescente (toujours à la boussole et à l’alti, nos traces de la veille ayant disparu) par l’itinéraire de montée. Et quand quelque part dans le vallon de l’Ormente on a distingué enfin les premières vagues ombres à droite et à gauche (des rochers), on a commencé à respirer : on était bien sur la (bonne) voie ! Ensuite ça s’est levé petit à petit, mais le ciel est resté bien sombre et les sommets bien bouchés. On a même eu droit à un rayon de soleil pour notre dernier pique-nique dans un pré, sous la Côte d’Aime…
Comme quoi une course à demi ratée peut parfois laisser des souvenirs plus sympathiques et plus intenses qu’une course sans histoire entièrement réussie…