Pointe de Leschaux par le couloir des Rossets, depuis Pralognan

Hier soir, par je ne sais quel mystère, la météo de Grenoble annonce 20 à 30 Km/h de sud ???? alors qu'en Savoie seulement 15.... il ne nous en faut pas plus pour nous armer de patience et bruler un paquet de gazoil pour rejoindre la Vanoise... A notre corps défendant, on n'y va pas souvent. On met donc la Chartreuse en veilleuse, les occasions d'y retourner ne manqueront pas.

Humm vent du Sud, la pointe de Leschaux semble tout indiquée, c'est un excellent repérage de speedetrando.over-blog.com/article-23327079.html et nous ne connaissons absolument pas ce quartier sous l'immense et austère face sud du Grand Bec. Luc et moi tombons d'accord sur la beauté de ce sentier qui grimpe le long des pentes verdoyantes. Le chemin est parfaitement entretenu, sa qualité est incontestablement supérieure. Il n'y a qu'en Suisse que l'on arpente de si beaux chemins !

Les sacs se font oublier, il faut dire que le cadre y est pour quelque chose! Nous sommes avant tout ici pour la montagne, le parapente n'est qu'un moyen de descendre, il est secondaire. Un puissant courant descendant apporte la fraicheur et les pics enneigés au loin la lumière ! Si cette brise descendante nous aura rendu la montée agréable, au col elle donne à l'endroit un aspect plutôt sinistre... Du vent du Sud, mon œil ! C'est plein badin de Nord-Est, de cul quoi !

Trois jeunes gens arrivent de l'autre coté. Leur jeunesse me rappelle tout à coup la mienne perdue depuis bien longtemps, quand nous traversions les Alpes de part en part alors que le plus âgé d'entre nous avait tout juste 18 ans... Allez le vieux, arrête de nous pomper l'air et concentrons nous plutôt sur les conditions. Au col donc, l'ambiance est lugubre : une brise glacée pas du tout stable, un site encaissé sous des faces inhospitalières, ça sent le but à plein nez. Mais Luc me fait remarquer qu'il n'est que 8h30 ! Ahhh fallait le dire, les éléments ne sont pas encore en place, c'est tout !

Alors on traine... petit passage au sommet de Leschaux pas si venté que cela, descente sur l'arête acérée vers l'Ouest, c'est plein de bêtes à cornes lascivement étalées sur des pentes propices au décollage. Et puis avec le soleil, une belle petite brise bien de face s'est installée faisant remonter tout à coup le moral tout à l'heure dans les chaussettes. Encore une heure et tu verras qu'on pourra plus décoller dans le thermique, alors finalement on trouve une pente pas trop mauvaise et on s'installe.

J'étale ma voile dans un repli du terrain, si ce n'est pas trop judicieux pour le gonflage au moins elle ne bougera pas pendant que je m'active sur la voile de Luc. Il faut dire qu'on n'est pas sur une pente école. Le décollage montagne mérite ici son appellation contrôlée, c'est raide, pas lisse et accidenté en contrebas. La masse d'air en revanche est apparemment fiable, c'est déjà un bon point. Encore une fois, Luc décolle avec aisance, un petit coup de frein pour ralentir la voile et hop le voilà en route pour la descente. Après avoir enfilé la sellette, je prends mon envol à mon tour. Tout se passe bien mais il me faut mettre un sacré coup de frein pour ne pas voir la voile me doubler et m'entrainer dans un roulé-boulé dont je préfère ignorer les conséquences sur ce relief accidenté...

Le vol est superbe avec les hauts sommets qui apparaissent tout au long de la progression. Je raccroche facilement les thermiques d'en face qui lèchent les pentes du col de Napremont, mais après trois tours, force est de constater une nouvelle fois que c'est pas mon truc. Et puis Luc est en bas, j'ai hâte de partager ce moment avec lui, direction l'attéro tranquillement.

Au sol et non loin des belles tarines savoyardes, nous tombons d'accord une nouvelle fois. Ces lieux sont superbes et le parapente permet d'en appréhender toute la dimension, splendide matinée!