Pointe de la Québlette par le vallon du Sappey , la Buffaz et l'arête nord

Bien que située dans la haute-Savoie, la petite vallée du Sappey n'en a pas tous les attributs: C'est très encaissé et les chalets ne sont pas aussi cossus qu'au Grand Bornand. La voiture est garée dans le village, on pourrait monter plus haut mais après le vol, il faudra bien venir la chercher par le bas. Des pistes carrossables mènent aux alpages ici comme partout en Savoie. Cependant elle est étroite et terriblement raide, un slogan anti JO est inscrit sur une dalle du chemin... les gens d'ici sont donc sensés ! Quel plaisir de marcher sur cette montagne que je ne connais absolument pas, deux imposantes murailles encadrent le vallon, l'une est dans la pénombre, l'autre est déjà baignée de lumière.

Sous le col de la Buffaz, descend un randonneur solitaire, il marche à petits pas mal assurés sur cette redoutable piste raide, ce promeneur doit bien avoir 80 ans, nous parlons un peu, il revient déjà du col de la Buffe - ici on ne prononce pas les az finaux - il n'est pourtant que 9h du matin. Plus haut c'est la bergère et sa fille qui sont en train de brancher l'eau pour le chalet de la Buffaz, l'eau doit venir de loin, le tuyau noir est interminable.

Peu à peu le panorama grandi, la brise n'est pas trop forte bien que mal orientée pour le sommet convoité, d'après la carte il doit y avoir des solutions de repli. Effectivement pas de souci, ça décolle de partout à partir du chalet de l'Ovine, c'est donc guilleret que les derniers mètres sont parcourus. En arrivant à la crête un immense plateau vert se découvre à l'ouest, les multiples clarines résonnent comme une symphonie alpestre, celle de Richard Strauss ? Au sommet le point de vu diffère à bien des égards de ceux de la région Grenobloise. Le Mont Blanc se montre de profil, la Tournette offre un sombre et austère versant nord, et tous les sommets des Aravis apparaissent. J'en reconnais pas un seul ! Ah si, l'Aiguille Perce peut-être et puis aussi le Charvin, un tel gros tas, on ne peut pas le rater. Tout au sud l'Étendard est majestueux, pourtant quand on sais la bavante que c'est pour y accéder de ce coté.

Mais c'est pas tout ça, il va falloir voler. Le vent est nord-est, il serait préférable de décoller plus bas sur l'arête nord, mais j'ai la flemme de redescendre, en plus si l'orientation n'est pas optimum, elle reste quand même acceptable. Donc au sommet la voile est étalée de travers, la pente n'est pas trop raide, il suffira d'attendre la bonne bouffe. Une fois fin prêt dans la sellette, je l'attends. En faite de bonne brise ça tourne cul.... Patience patience. Au bout de dix bonnes minutes qui me paraissent une heure, la flamme s'agite à nouveau dans le bon sens... Et hop, droit sur le chalet de l'Ovine. La voile se gonfle parfaitement sans même me tirer à droite.

Le vol est une longue glissade tout contre l'interminable muraille ensoleillée. Elle est parfois d'une verticalité impressionnante. Des beaux pétards me permettent de ne pas perdre d'altitude durant cette longue descente vers Thones. C'est à 400m au dessus de l'attéro que le vent de vallée s'est fait sentir, il me faut donc garder une marge de sécurité pour ne pas rater le seul champ disponible. Mon ombre au sol n'avance bientôt plus, ou si peu, 5km/h tout au plus. J'ai bien fait de conserver une bonne marge de sécurité. Étant bien en avant du replat, je fais une boucle qui me propulse vent de cul au milieu du terrain où il faut se remettre face au vent. Je ferai les 100 derniers mètres verticalement sans la moindre turbulence. Attéro en bordure du grand champ qui n'est hélas pas fauché (enfin si, mais pas partout). Pliage de la voile sur la route et c'est l'électricien du Sappey qui me remonte, il m'a vu voler, et me demande des informations sur le vol pour pouvoir y aller avec sa voile montagne.

De passage à Annecy pour solder mon avoir au magasin de parapente, je reconnais Viviane à la terrasse d'à coté. J'en profite pour aller la saluer, voilà des années que je suis ses exploits volants sur son site.