Jean-Louis Etienne

Jean-Louis Etienne

Mis à Jour le 2023-09-13 par Luc

Jean-Louis Étienne, un acteur majeur de l'équilibre climatique mondial

 

JL Etienne - Paris-2017 ©Getty / Eric Fougere/Corbis
in Le temps d'un Bivouac www.franceinter.fr

Pas de longs blablas ici tellement le net, la presse, les librairies et bibliothèques regorgent d'informations sur ce grand monsieur qu'est le Docteur Etienne ! Vous trouverez également un large éventail de détails quant à son parcours sur le site de son actuel projet : Océan Polaire.

 
Mais quelques mots quand même ! 
 

Né le 9 décembre 1946 dans le TARN, le jeune Jean-Louis se retrouve faute de bons résultats scolaires orientés dans une formation manuelle de tourneur fraiseur. Le CAP en poche, et validé avec brio, ses enseignants l'invitent à poursuivre vers le bac... et puis de fil en aiguille, Jean-Louis finit par s'assoire sur les bancs de la fac de médecine à Toulouse! Il terrminera sa thèse à Grenoble. Le voilà ainsi médecin et toujours autant avide de nature, ce diplome sera son futur passeport pour bien des aventures ! Et c'est donc avec cette casquette de médecin que Jean-Louis Etienne va participer à une puis deux puis toutes une série d'expéditions !

" Il rêve de missions exaltantes, pas d’une plaque de cabinet avec horaires des consultations. Il s’embarque ainsi vers New York, avec un prêtre qui soigne des toxicos par la navigation, puis en Patagonie comme médecin d’expédition, ensuite avec le navigateur Alain Colas pour une tentative de record. Il passera un an sur « Pen Duick VI », le monocoque d’Eric Tabarly dont les jeunes « mousses » (Titouan Lamazou, Philippe Poupon…) le surnomment « papy ». La vie passe et l’aventure n’accueille que les audacieux.

Six ans encore et, entre deux remplacements comme médecin de campagne, il intègre la cordée de l’alpiniste Jean-Marc Boivin, en partance pour l’Himalaya. Prisonnier cinq jours dans la tempête, lui, l’enfant du Sud, se découvre une vraie résistance au froid extrême. Bien sûr, ça « pique » ; mais il aime ça. Il va avoir 40 ans. C’est maintenant ou jamais. Vie de docteur ou vie d’aventurier, il choisit. Va pour le pôle Nord" (source Romain Clergeat Paris Match |

Et rejoindre le pôle Nord en solitaire devient une évidence pour lui parce que :

"Le pôle Nord est la synthèse de tout : c'est une épreuve maritime, puisqu'on marche sur la mer gelée,
et c'est un peu de la montagne puisqu'on affronte la glace."

Le 11 mai 1986, JL Etienne deviendra ainsi le premier homme à caresser le Pôle Nord en solitaire (à l'époque, on vous le rappelle, il n'y avait pas nos GPS actuels einh?!! ;) Et JL Etienne de dire qu'il a eu cette chance d'y arriver avant tous ces outils !

Il y arrive donc seul après soixante-trois jours de marche et 1200 km de marche. Nicolas Hulot et JF Chaigneau, dans leur ouvrage "Chasseurs de Pôles" racontent qu'il réussit là "l'expédition la plus inimaginable de toutes les tentatives pour aller au pôle. Il y arrivera seul, à pied, après avoir tiré lui-même son propre traineau. Il est le premier français du pôle". Il sera et est peut-être encore celui qui y aura passé le plus de temps puisque le "taxi" qui viendra le chercher mettra plusieurs jours à arriver !  

Arriver au Pôle nord est assez subtil raconte-t-il : 

"le Pôle n'est pas le sommet d'une montagne ni même un point remarquable.
Il est à l'image d'une rencontre au milieu de l'océan.
Le paysage ne change pas. Il est le résultat de calculs.
A un moment on fait ses operations, et on y est."

 

Chasseurs de Pôles de N. HULOT et JF Chaigneau (1989) 
Le jour où j'ai atteint le pôle, in La Croix du 21/12/2019 
Mon expedition au pôle nord a été une véritable quête spirituelle, in La Croix - mars 2021

  

Et c'est parti pour une liste d'expéditions à la Jules Vernes !

1989-1990, Jean-Louis Etienne avec l'americain Will Steger mettent en place une expedition internationale : Transantarctica. Rejoints par un Russe, un Chinois, un Japonais et un Anglais, ils réussissent tous les six à traverser avec des chiens de traineaux l'Antarctique sur 6300km, soit la plus longue traversée jamais réalisée au Pôle Sud :

"Leur projet survient alors qu’est remis en cause le traité qui préserve l’Antarctique de l’exploitation de ses richesses potentielles.
Par leur expédition, puis leur rencontre avec le président Bush père, le président Mitterrand, le premier ministre japonais et
le ministre soviétique des affaires étrangères, ils contribuent au vote d’un moratoire qui protège l’Antarctique d’une exploitation jusqu’en 2048."

Transantartica est un moment clé dans la vie de Jean-Louis Etienne, le rapprochant une énième fois encore de la nature et du comportement de l'homme.

En 1990, lorsque le glaciologue Claude Lorius, qui a étudié les échantillons de glace rapportés par la Transantarctica, explique que « le processus du réchauffement climatique est enclenché », Jean-Louis Etienne sera on ne peut plus clair :

"toutes mes expéditions ont une dimension environnementale. 
Chacune a une vocation scientifique avec des prises de mesures et une visée pédagogique."

 

Et les idées et projets se succèdent, toutes avec cette visée scientifique, écologique et humaine.

1993-1994 : expédition Erebus, un volcan actif qui culmine à 3794m en Antarctique, l'idée était de prélever de la lave en fusion mais comme pour H.Tazzief en 1974, cela s'avèrera impossible car le cratère est éventré.

1995-1996 : Expédition Spitzberg à bord d'Antartica, huit mois où l'idée est de traverser l'Océan Arctique à bord du bateau .... emporté par le courant de dérive transpolaire.

1999 : Jean-louis Etienne, après cette notoriété au pôle nord, écrit Le pôle intérieur. Une manière pour lui dit-il, de retrouver et partager son libre arbitre. En effet, parvenu au sommet de sa renommée, Jean-Louis Etienne ressent le besoin de se retirer. Revenant à un rêve d’enfance, il se construit sa propre retraite, au fond d’un bois de son Tarn natal, d’où il s’interroge sur l’essence même de cet appel de l’aventure qui lui était si primordial : qu’est-ce que la liberté ? Qu’est-ce qui nous relie les uns aux autres ? Comment aider chacun à aller au bout de ses rêves en vivant sa propre légende ?

2002 : expédition Banquise, une dérive de trois mois de navigation au Pôle NOrd à bord du Polar observer (programme de recherche et d'observation sur le réchauffement climatique). " Je suis un passeur d'observations (...) insuufler une dose d'espoir, parce qu'il y a des solutions... c'est le rôle que je prends plein volontiers... on ne peut entrainer une popultion que si on lui montre qu'il y a un chemin

2004-2005 : expédition scientifique sur l’île Clipperton avec des chercheurs du Muséum, IRD, CNRS, pour réaliser un inventaire de la biodiversité et un état de l’environnement.

2010 : Expédition Generali Arctic Observer, JP Etienne réusit la Première traversée de l'Océan Arctique en ballon, histoire de montrer là-encore, le chaos planétaire. 120 heures de vols et 3500km parcourus, il se pose en pleine sibérie. Une première mondiale digne d'un roman de Jules Vernes... 

2021 : Expé Polar Pod, exploration de l'océan Austral à bord d'un vaisseau habité et conçu pour dériver autour de l'antarctique. 12 pays sont concernés par ce projets et 43 insitutions scientifiques. Enorme ! 

"Cette expédition digne de Jules Verne, permettra d’animer en « temps réel » 
u
n grand projet pédagogique international sur les Sciences de la Vie de la Terre et de l’Environnement
en collaboration avec l’Union Internationale de Conservation de la nature (UICN).

La jeunesse a besoin de rêve,
de modèles d’audace, d’engagements incitatifs,
de croire en ses ambitions.
"

 

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Commentaires

Luc
24-10-2021 19:52:38

et de faire gaff à ce que la température ne monte pas.... 

ben
24-10-2021 09:59:40

Merci Luc pour cette retranscription de la soirée du grand bivouac.

J'ai été extrêmement touché par Jean-Louis Étienne lors de ce débat, surtout par ces mots de conclusion qui nous invitaient à continuer de rêver et de vivre nos aventures.

Merci.


Luc
24-10-2021 05:02:42

A l'occasion du Festival du Grand Bivouac, Jean-Louis Étienne était invité pour la sortie de son livre  "Explorateur d'Océans" qu'il a présenté hier samedi.

Quant à nous, c'est vendredi soir que nous avons pu rencontrer ce grand monsieur, lors de la soirée ARCTIQUE COUP DE CHAUD POUR LES GRANDS FROIDS, soirée où a été projeté le film ATSUNAÏ KAMMAK, et où étaient présents également Cédric Gras et Francis Latreille.

Au passage, Atsunaï est un ours sculpté par Pascal Bejeannin, un artiste sculpteur, créateurs d’œuvres médiatrices et curieuses, d’animaux métalliques. Atsunaï est parti une année en Arctique, il a aussi été déposé sur un iceberg au Groenland afin de sensibiliser le tout un chacun à la fonte des glaces.

 

Fonte des glaces qui ont des répercussions en chaine sur l'ensemble de toute la planète.

Je vous fais partager à ce sujet la verve délicieuse de Jean-Louis Etienne qui clôturait ainsi cette soirée  sur cette question :

 

Depuis 150 ans on voit une accélération de la température moyenne et de la teneur en gaz carbonique de l'atmosphère,

ça c'est la signature de l'activité humaine, ça c'était en 1990 et on a perdu beaucoup de temps (...)

Personne n'est capable de percevoir une élévation de la température moyenne de la planète de 1 degré en un siècle. Personne ! 

Et ce petit degré c'est celui-là le problème.

Si la température était de 37°C normal -et c'est le médecin qui vous parle là- la Terre, elle, a pris un degré. Elle a trente huit. On appelle ça une fébricule en médecine, c'est une fièvre chronique. La terre, elle est dans une fièvre chronique. En général si on on ne s'occupe pas des fièvres chroniques on va vers des complications... On est à l'aube des complications, vous voyez ? et ces régions polaires nous racontent l'histoire du climat de la terre et elles sont aujourdhui effectivement les témoins pregnants du rechaufement climatique.

On a ouvert la porte du frigo en arctique et ce froid va nous manquer parce que, si vous voulez, la vie climatique c'est l'échange entre la chaleur des tropiques et le froid des poles et c'est ce bipole là thermique qui fait qu'il y a une régulation qui se fait (...) et donc effectivement aujourd'hui il y a une  accéleration en arctique...


On va vers de la dérégulation importante et ça on le vit tous les jours.

Il est évident que La réponse climatique est à la fois technologique mais elle est comportementale et chacun doit être efficace sur sa zone d'influence.

Et Dr Etienne d'ajouter :

 

Je ne voudrais pas terminer tout cela par ce constat, on est quand même au Grand Bivouac !

Il y a des gens ici qui aiment randonner, qui aiment l'aventure, qui rêvent d'aller dans les régions polaires, il y a de la place !

Il y a de la place pour rêver !

On a parlé effectivement des choses sérieuses qui arrivent, qui sont vraies, des populations qui sont touchées effectivement, elles sont localisées on l'a dit, mais ce sont encore des grandes immensités de rêves... donc sincèrement, si vous avez encore envie d'aller dans des régions polaires, je ne peux que vous encourager à le faire"

No comment ! 

luc
wink

 

 

ARCTIQUE COUP DE CHAUD POUR LES GRANDS FROIDS
Comme un miroir sans concession, l’avenir des pôles renvoie désormais à notre propre futur. Enjeux environnementaux, humains, climatiques, économiques, stratégiques : du cœur des grands froids peut surgir l’énergie – ou le chaos – de demain. Aux premières loges, l’Arctique et ses 2 à 4 millions d’habitants. De l’Alaska à la Sibérie, du grand nord canadien et de l’Europe au Groënland, plusieurs centaines de milliers d’Inuits, Saamis, Iakoutes, Nénètses ou Tchouktches sont les plus proches témoins du « coup de chaud » des grands froids. Pas toujours pour le pire...
Parce qu’il renvoie aussi à notre propre imaginaire, le Grand Bivouac invite à une plongée inédite en Arctique. Si loin, si proche.
Doudoune recommandée.
Projection du film ATSUNAÏ KAMMAK
durée de la séance : 2H00
VEN. 22 OCT. À 20H30, THÉÂTRE DE MAISTRE
En présence de Cédric Gras, Jean-Louis Etienne, Franciis Latreille.

https://www.grandbivouac.com/i/g-2-5-2-34_14252__2038.pdf

 

ATSUNAÏ KAMMAK de Cédric Bejeannin (VF)

Je m’appelle Atsunaï. Je suis une ours polaire et mon sculpteur Pascal m’offre le voyage de mes rêves : retrouver ma terre d’origine, le Groënland et y demeurer un an (*) pour témoigner moi-même de l’impact de l’Homme sur la planète. « Mon sculpteur », oui, car je suis en matériel de récupération. Et j’ai l’œil vif : la fonte des glaces est bien réelle même si l’un des plus fameux observateurs des terres polaires, le naturaliste Rémy Marion met vite les choses au point : « L’image d’un ours isolé sur un bout de glaçon ne résume pas les effets du réchauffement climatique ! ». En Arctique, la mondialisation et le creusement des inégalités font tout autant de dégâts. On est tout heureux de suivre Atsunaï, de son Jura natal à Ilulissat, sur la côte ouest du Groënland. Qualifier ce film d’adorable pourrait prêter à confusion. Mais cela ne signifie-t-il pas : « digne d’être adoré » ? (*) Atsunaï est aujourd’hui de retour à l’Espace des mondes polaires de Prémanon (Jura)

https://actu.fr/bourgogne-franche-comte/champagnole_39097/lours-pascal-bejeannin-ete-installee-groenland-an-jusquen-juin-2020_25142334.html

 

 

 

 


Résumé

Jean-Louis Etienne

Jean-Louis Étienne, un acteur majeur de l'équilibre climatique mondial

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