Notre dernière visite au Pic du Gar, il y a deux jours, nous a laissé dans la bouche un très léger goût amer... En effet le retour par les airs ne nous a pas été possible, il faut réparer cet affront d’autant plus que nous tenons absolument à revoler ensemble de notre sommet fétiche.
Hier soir les météos sont pour une fois d’accord, c’est tout bon pour une nouvelle visite, alors ce matin nous voilà partis avec Jean Pierre sur ce sentier que nous adorons. Étrangement l’ennui n’a pas de prise sur cet itinéraire et rapidement le plaisir de marcher l’emporte sur la lassitude. La légère brise thermique nous rafraîchit et nous constatons qu’au col de Teïech tous les voyants sont au vert. Alors nous terminons la balade de bonne humeur, pour ajouter au bonheur, deux jeunes isards nous émerveillent en galopant sous nos yeux dans des pentes abruptes.
Là-haut c’est magnifique, le vent, si fort ces derniers jours, est totalement tombé, nous laissant toute latitude quant à notre décollage. Une fois la traditionnelle visite à la croix effectuée, nous préparons tous les trois nos voiles côté nord puisqu’il n’y a pas de vent et que ce côté est bien plus facile qu’au sud. Exquises sensations que de décoller de ce sommet emblématique aux reliefs si acérés. Notre plan de vol nous fait contourner rapidement le sommet et nous naviguons ensuite entre les flammes de pierres gigantesques, à la recherche d’ascendances qui nous permettraient de remonter jusqu’au ciel. Mais il est encore trop tôt, la descente est inexorable, c’est bien plus bas que nous trouverons notre salut, en effet, au dessus du charmant col de Matet, se déclenchent les premiers thermiques que pousse le vent de vallée encore descendant.
Je reste un bon moment à tourner dans l’ascendance, le paysage défile avec bonheur, bientôt un vautour surgit de nulle part m’accompagne dans la ronde. Il ne se passera pas longtemps avant qu’il me torche salement. Il monte comme une fusée alors que je rame à le suivre vers le haut. Il ne met pas plus de cinq minutes avant de me déposer et de partir vers d’autres cieux qui n’appartiennent qu’à lui. Le reste du vol ne sera qu’une longue glissade toujours dans un décor de rêve. Voilà, le but que nous avons encaissé il y a deux jours au même endroit est vengé, l’affront est lavé !
Nous nous retrouvons tous les trois au sol dans la grande prairie que borde la Garonne, heureux comme des gosses...