Ce matin rien n'est prévu, mais, devant le bleu insolent du ciel, préparons-nous - à l'arrache - un pique nique et une réservation du bateau pour le retour, et en avant pour le grand tour à travers les deux passerelles himalayennes. C'est à moi qu'incombe la préparation du repas au matin, et puis, après un court transport, nous commençons la marche... Le fils numéro 4, le seul qui reste encore à la maison, me demande au bout de 10 minutes de marche sous un cagnard de plomb quand est-ce qu'on arrive.... c'est quand je lui ai répondu qu'il nous restait encore 13Km qu'il a commencé à râler... C'est dans ces moments là que je regarde le sommet du Sénépy et que je me demande pourquoi je ne suis pas là-haut, tout seul... mais bon, il s'agit d'assumer, alors avec forces encouragements, jeux puérils et autres stratagèmes finalement tout est rentré dans l'ordre. La vue de la première passerelle finit de motiver le fiston qui, à partir de là, n'a plus daigné se plaindre.
Pourtant il y avait de quoi quand j'ai déballé le sac à dos pour l’arrêt pique nique tant attendu.... dans la précipitation du départ, le fameux repas que j'avais concocté avec amour est resté sur la table. Ah ça, la tenue de pluie et le pull pour chacun, je ne les ai pas oubliés (32° sous abri et pas le moindre nuage de la journée...). Heureusement pour le petit, j'ai retrouvé une vieille barre de KitKat enfouie au font du sac... quant à l'eau, nous n'en avons pas trop. Mais bon, comme le cheminement est ludique, nous poursuivons.
Ce qui est marrant dans ce tour, c'est qu'il y a du monde, aussi entendons nous les bla bla des uns et des autres qui avancent en même temps que nous. Il y en a qui sont vraiment bavards, tellement d'ailleurs que nous nous imposons des arrêts inutiles afin de les laisser prendre de la distance, ce qui nous épargne un babillage par moment un tantinet abrutissant. A l'opposé, les personnes que nous croisons furtivement imposent un contact trop court pour appréhender leur niveau de discussion. Néanmoins, il est à noter que la plupart des gens nous gratifient d'un salut auquel nous nous empressons de répondre - quand ce n'est pas nous qui initions les salutations.
Je remarque ici le fait que durant ma courte saison de ski de randonnée, j'ai souvent croisé des gens certes très affutés pour la marche mais beaucoup moins doués concernant la plus élémentaire des courtoisies, je veux parler du petit bonjour qui va bien. Peut-être suis-je vieux jeu, mais le petit bonjour en passant est pour moi un indispensable geste à faire lors d'une promenade, fut-elle la plus triviale des balades. Aujourd'hui donc, j'ai beaucoup apprécié la politesse constante de tous les randonneurs. Conclusion, plus c'est difficile, moins les gens sont sympas.
Fort de cette constatation, nous poursuivons par monts et par vaux. Ne sous-estimez pas la distance, surtout par des températures caniculaires et sans rien à se mettre sous la dent, ça finit par être long, très long. Finalement nous avons bouclé le tour tranquillement. Bien sur, la crème glacée et le litre de flotte ont été hautement appréciés et nous avons même pu piquer une tête dans l'eau particulièrement fraiche du lac en attendant le bateau.
Du retour à travers les flots sur ce bateau cinglant vers le port je ne saurais trop quoi vous dire. Deux remarques cependant, la première concernant ce microcosme totalement nouveau pour moi, je veux parler des adorateurs de la glisse sur les eaux. Ils nous ont donné un spectacle impressionnant avec plein de pirouettes et de figures de voltige à haute vitesse. Les kite-surfeurs, ils évoluent avec une étonnante facilité, tirés par ce qui ressemble à un petit parapente, simplement construit autour de quatre suspentes. C'est peu mais diablement efficace sur l'eau, ils assurent un spectacle permanent tout autour du bateau, et les acclamations du public sont proportionnelles à la hauteur du saut - qui est vraiment énorme par moment - c'est quasiment du vol !
La seconde chose, c'est quand les haut-parleurs du bateau ont commencé à égrener les premières notes de www.youtube.com/watch?v=WIF4_Sm-rgQ pas du tout sacré de Jeff Buckley. L'un des plus beau chant jamais chanté. Il arrive ainsi à point nommé pour clôturer une journée familiale comme je les aime, avec un peu d’imprévu, un peu de peine et surtout beaucoup de plaisir.
Au moment où je termine ces lignes (22h30 quand même), le fils numéro 1 me donne un coup de fil. Il s'est fait une entorse à la cheville en faisant du canyoning en ce jour glorieux et réclame des soins... Il nous faut donc aller chercher le malade et rapatrier sa moto... tache qui m’incombe.... Faites des gosses !