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Immersion dans la forêt du Grand Arc.
Après avoir laissé un vélo selon la méthode Véro au bord du champ qui fera office d'attéro, je poursuis jusqu'au parking de l'Abbaye. Bizarrement je n'y ai point vu d'édifice religieux. La chasse est ouverte ! De nombreux 4X4 stationnent sur toutes les places de parking disponibles. Ils organisent une monstre battue qui, par chance, se trouve ailleurs. La montée commence raide, il s'agit de vite trouver la cadence. La forêt est bien entretenue, elle est constituée de grands arbres espacés, ce qui permet, comme le gibier, de couper à travers les quelques lacets trop plats.
Plus haut j'opte pour un sentier plus confidentiel puisqu'il n'est pas surligné de rouge sur la carte. Il offre cependant l'avantage d'avoir une pente constante et rentable. Il me semble que ce doit être l'un des sentiers historiques qui montent à l'alpage. La forêt cède brutalement la place à de vertes prairies. Les senteurs boisées sont immédiatement remplacées par un doux parfum de bruyère et de thym sauvage. Plus haut l'automne déchaîne déjà ses odeurs capiteuses. Un groupe de chasseurs arrive bruyamment au gite de la Thuile, la bière va couler à flot, ils sont bredouilles, ce qui les rends nerveux. La lumière est douce et les Bauges se découpent avec une finesse extraordinaire. Maintenant que les chasseurs sont tous attablés, plus personne ne semble parcourir la montagne, c'est la solitude la plus totale. Je ne verrai pas de gibier mais cela était prévisible, il est terré dans les plus profonds replis de la montagne, fuyant les funestes salves de plombs.
Le vent qui devait tarder à tomber est déjà en berne, pas un souffle d'air à quelques altitudes que ce soit. Bien sur arrivé sur la crête, une très légère brise vient des pentes ensoleillées de l'Est. En conséquence je délaisse le superbe décollage du col et déplie la voile exactement au sommet. J'aurais préféré une brise un peu plus consistante pour décoller sereinement à l'opposé du plan de vol et passer tranquillement au dessus du col qui n'est que 40m plus bas. Non il faudra se contenter d'une vent inconsistant, souvent bien orienté mais pas toujours, bref il n'y a pas de vent météo et peu de brise thermique.
Le plan de vol est simple : décoller vers le lac, immédiatement virer à gauche et tenter de passer par dessus la crête. En prenant le col par le travers, je me réserve le droit de ne pas le franchir et de me poser dans les belles et accueillantes prairies. Ce qui me permettra de rejoindre le décollage Ouest. Si ça passe, hé bien il suffira de se laisser porter au dessus de tout. La voile étant vite prête, il ne me reste plus qu'a attendre la prochaine brise de face. Elle tarde un peu à venir compte tenu des nuages de hautes altitudes qui masquent le soleil générateur de thermiques. Dés que le vent se fait sentir sur mon visage, j'entame résolument la course d'envol. La voile ne transmet que peu de sensations dans les commandes... Il va falloir prendre rapidement une décision. Et puis d'un coup d'un seul la voile s'est mise à voler, il faut vite s'appuyer sur le relief en direction du collu. La crête approche, je n'ai pas dix mètres de marge mais la trajectoire est bonne, elle me permet de bifurquer vers les chaudes prairies de secours sans problème. Finalement je bascule dans l'immense flanc ouest avec cinq ou six mètres de marge.
Le vide se creuse brutalement, tout devient facile, il suffit maintenant de se laisser glisser jusqu'à la Léchère. C'est vaste et dégagé, le petit sentier pris ce matin disparaît dans l'épais feuillage des bois. L'attéro est facile sur ce terrain plat que j'avais prudemment équipé d'une flamme en même temps que j'ai posé le vélo.
Une fois la voile pliée, je la cadenasse à la place du vélo. Le début de la route commence par deux kilomètres de descente, c'est pas mal la bicyclette dans ces conditions. Et puis ensuite la montée commence, là c'est pas la même limonade... je ne suis définitivement pas fait pour le vélo, c'est trop bourrin. Du coup, je jette le vélo dans un fourré et poursuis la grimpette à pied. C'est à ce moment que passe un convoi de chasseurs, immédiatement je lève le pouce. Bien que n'ayant ni les couleurs ni les attributs du chasseur, à savoir le kaki et le fluo ainsi que le traditionnel fusil rutilant, ils s'arrêtent et me prennent dans la benne aux chiens, ce qui me satisfait, bien qu'elle soit plongée dans l'obscurité la plus complète et baignée d'une forte odeur de chenil. Dans le noir avec les clebs, le temps me paraît bien long, c'est à se demander s'il ne me kidnappe pas, frustrés qu'ils sont tous de ne rien avoir tué. Mais non, ils me libèrent de l'obscurité nauséabonde juste à coté de ma voiture. Je me confonds en remerciements avant de partir récupérer le vélo et le parapente laissés sur le bord de la route.
Encore un bien joli coin que tu as prospecté ce matin ! Content que nos amis les chasseurs n'ait pas fait du ball-trap sur ton aéronef ! ++
Hello Michel! Je ne pose un vélo que si ça descend jusqu'à la voiture..! Quand par malchance je me fais avoir par quelque remontée imprévue...c'est aussi à pied!
Je m'étais habitué à tes retours en stop avec de charmantes demoiselles... j'avoue que là, tu m'as bien fait sourire!
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