J'avais pas l'air malin au parking...aucune envie de me promener ici, les conditions médiocres, qu'elles soient météorologiques ou nivologiques, n'inspiraient pas à aller s'ébattre dans cette nature austère. Maintenant que le trajet était effectué, il eut été bien bête de redescendre sans rien tenter. Du coup après 10 minutes d'hésitations, je me lançais.
Il faut dire que les remontes-pentes ne fonctionnent pas, ça c'est une bonne nouvelle car remonter ces 200 m de piste, fût-elle olympique homme, ne m'enchante vraiment pas dans le vacarme des perches qui passent les pylônes bruyamment. Ce matin tout est calme et il n'y a même pas grand monde sur le parking dont la surface est uniformément vitrifiée, ce qui rend d'ailleurs l'arrivée plutôt ludique. Quant à la neige, cela ne s'annonce pas grandiose, une soupasse bien lourdasse. Peu importe au pire je ferai demi tour. Finalement non, j'irai jusqu'au bout du bout, pourquoi? Sans doute le ciel menaçant mais pas agressif, mais aussi la relative tranquillité des lieux, il n'y a vraiment pas grand monde ce qui donne un ton sauvage à cette petite balade classique d'habitude très peuplée.
Je rattrape un couple, l'homme sermonne sa moitié :
- A cette vitesse on n'arrivera jamais en haut les premiers... (Sic)
- Allez avance !
- T'es un vrai boulet à tirer !
C'est dit sur le ton de la rigolade mais c'est dit... Par ailleurs, la suite est charmante, entre pins noueux et vallons arrondis. À la brèche Robert le vent est déjà très sensible, mais sur la pente finale, c'est supportable, et même en haut. Alors que je m'apprête à sortir le piquenique du sac, profitant de la solitude du sommet - un luxe ici -, une rafale puissante et chargée de grenaille glacée me fouette le visage et me déséquilibre dangereusement. La suite a pris des allures de retraite de Russie. Enlever les peaux et chausser les skis a été une entreprise périlleuse dans un vent maintenant en tornade, je commence à comprendre pourquoi la station de chamrousse à l'air morte vue d'ici. Avec ce ciel contrasté, alternant des gris presque noirs et des tâches de lumière blafarde, le paysage est impressionnant comme un jour de colère. Ça en jette, comme une fin du monde.
Pour ce qui est du ski on a connu des jours meilleurs même si la neige est rapidement plus douce et presque agréable. De retour dans les vallonnements boisées, le vent ne se manifeste plus que par un grondement sourd juste troublé de Longs sifflements étranges. Au lac des Pourettes je croise un raquettiste, au son de sa voix on reconnaît tout de suite le mosellans. Effectivement il est de Metz. Comme tous les gens du nord, après un contact assez froid nous abordons vite des thèmes essentiels, une bonne demi heure se passe à échanger sur le monde et l'importance de la lumière sur l'être humain. Je prends congé de Laurent et termine la descente heureux de ma condition, ils sont comme ça les gens du nord, ils savent faire partager le bonheur.
Mon ressenti de la neige *** / 5