Le Châtel (Bonnet de Calvin) versant Nord-Ouest, depuis la Pierre des Sacrifices

Le départ de la balade non loin de la mystérieuse pierre des sacrifices donne une tournure étrange à la sortie. l'autel votif se découvre rapidement au détour du sentier, ventru, boursouflé comme si il avait supporté bien des bêtes apeurées avant le coup fatal. Espérons que ce ne soit pas un funeste présage pour le décollage. En attendant ce nouveau parcours est assez joli sur un sentier très bien tracé. Il passe à travers les murailles par de beaux mais courts escaliers, semblable à ceux du massif du Dévoluy qui n'est vraiment pas loin.

Les températures sont fraîches et les nuages pour l'instant cantonnés dans la vallée du Drac. Progressivement la vue se dégage sur l’immense plateau du Trièves, c'est vraiment une belle promenade sur ces contreforts aux pentes soutenues. L'arrivée sur le plateau sommital est magique, comme si quelques walkyries sommeillaient là sur ce plateau paisible entouré de nuées lumineuses, décidément l'ambiance est féerique aujourd'hui... La brise est parfaitement orientée et la pente quasiment idéale au nord du sommet principal, l'idée de déplier de suite me titille, cependant le sommet m'attire irrésistiblement. Il reste 600m de distance pour atteindre la croix, ils seront vite avalés. Au sommet ce n'est pas une belle et blonde guerrière qui m'attend mais un vieux randonneur tout poilu. Demi-tour droite et retour vers le décollage nord. Ce n'est même pas la peine de descendre beaucoup, il y a toujours cette petite brise Nord-Ouest parfaitement orientée. La voile est donc étaler sur ce que l'on pourrait appeler une pente-école, une surface totalement lisse, une herbe douce et rase, et une augmentation progressive de la pente. La préparation est sereine face à la plaine cernée au loin par la grande muraille du Vercors.

Le vol est même plus amusant que prévu, en face ouest, évidemment il ne faut pas compter sur les thermiques... pourtant au dessus de la pierre des sacrifices, comme si les forces telluriques étaient rassemblées ici en un étroit faisceau, un thermique m'a permis de rester plus longtemps que prévu au dessus de Mens. Ce qui me laisse un temps confortable pour retrouver le petit champ fauché que j'ai aperçu ce matin en passant avant de poser la bagnole. Ayant omis de poser une flamme, j'en suis réduit à des hypothèses sur la direction du vent... évidemment je choisis la mauvaise option. Ils avaient pourtant annoncé du vent du nord à la météo, Eh bien non, c'est plein sud et c'est vent de cul que j'aborde le petit terrain... Si je ne suis pas tombé, c'est bien grâce à mes grandes guibolles. Arrivée donc en courant de toutes mes forces et la voile qui tombe loin devant... ça m'apprendra à ne pas mettre de flamme avant de partir.

Une sortie sous le signe de l’ésotérisme que la musique de Gurjueff et Hartmann, sous les doigts habiles de Keith Jarrett illustre parfaitement.