Sortie : Ô lac (adieu à l'automne)

Depuis qu’en avril 2005 un responsable du CAF stéphanois m'avait fait découvrir ce superbe tour du lac de Grangent (à partir de Chambles), je m’étais juré de le refaire par moi-même dès que possible - je me dis ça à chaque fois que je découvre un joyau de la montagne… et puis les années passent et j’en découvre plein de nouveaux et mes envies de re-découverte passent à la trappe. Mais, étant revenu dans le coin (rive gauche à partir de St Just : Essalois… Chambles… ND de Grâce...) la semaine dernière avec un sympathique petit groupe de cinq randonneuses, l’envie a soudain resurgi d’autant plus fortement que j’avais l’impression étrange d’avoir presque tout oublié de mon premier passage. Je me suis donc plongé longuement dans l’examen (complexe !) du meilleur itinéraire et du meilleur point de départ possibles selon moi. Et le 12 au soir, j’ai fini par me décider pour le lendemain, en dépit d’une météo maussade ("Très nuageux")…

De fait, les nuages étaient bien au rendez-vous ce mercredi matin, mais le soleil aussi, tout au long ce cette belle et fraiche journée. Le départ depuis St Victor m’a semblé idéal : l’aller sportif aux allures de toboggan par le barrage et la rive gauche, avec ses points de vue fabuleux, et le retour calme et bucolique depuis le pont du Pertuiset, au plus près de la rive droite et des berges du lac, dans la douce lumière de cette fin d’après-midi. Et très peu de monde sur ces chemins et sentiers, malgré la proximité de villages et de hameaux éparpillés ici et là. Seule (mauvaise) surprise : peu après le départ, pour la seconde fois consécutive (cf. ma précédente rando à l’Ungersberg en Alsace), je tombe à nouveau, après avoir franchi le ruisseau de Grangent au nord de Condamine, sur… une vaste battue de chasseurs ! C’est bien ma veine ! Et un mercredi cette fois, ils sont donc tous en congé par ici ? Je m’énerve tout seul, mais ce coup-ci – coup de bol ? – les 3 guetteurs que je croiserai (et saluerai !) successivement me laissent passer sans mot dire. Je suis tellement perturbé que je me perds dans le bois, et j’ai bien besoin de ma carte et de ma boussole pour me remettre dans le droit chemin. Une fois passé le barrage, je me régale, les sentiers sont pentus à souhait, ça ne cesse de monter et de descendre, et d’en haut comme d’en bas les vues sont fabuleuses. A Essalois, aux Camaldules, puis à Chambles, endroits magnifiques, les souvenirs me reviennent. Je ne remonterai pas sur la tour de Chambles, je l’avais fait la semaine passée (souvenir impérissable), mais je vais casser la croûte sur un banc tout près de la tour, face au soleil avec vue imprenable sur la boucle de la Loire (les Révotes) et le plateau de la Danse : qui dit mieux ?

Passé Biesse et le plateau, la recherche d’itinéraire dans la descente (mon "raccourci" !) va me prendre un peu de temps (une fausse piste heureusement vite débusquée), mais pour moi c’est un vrai plaisir, et la plongée finale sur le Pertuiset en est un autre ! Passé le pont, je rame un peu pour trouver le passage vers l’ancienne voie de chemin de fer. Mais après, longer longuement ces bords du lac, méandre après méandre, dans le calme et le silence absolu de cette fin de journée d’hiver, est un enchantement. Certes j'y croise enfin du monde, plein de monde même au début, qui marche ou court sur ce large chemin, mais il en faudrait bien plus pour me détourner de mon rêve éveillé. D’ailleurs je finis par me retrouver assez vite tout seul au bord de l’eau. Et la remontée terminale sur les hauteurs de Saint-Victor, à la lueur déclinante du crépuscule, passe comme une lettre à la poste. Même pas fatigué, même pas vu passer le temps ni les 1050m de dénivelé cumulé.

Maintenant l’hiver, le vrai, peut se déclencher, je l’attends, je suis prêt…