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Enfin un jour de soleil ! Ça ne se rate pas. Donc direction le Sud, sur la toujours agréable N88, à la recherche de sucs non encore gravis, de part ou d’autre de la frontière entre Haute-Loire et Ardèche.
Mais dès l’entrée en Ardèche ça se gâte : neige et verglas sur la route, et les "grands" sommets du coin recouverts d’un épais manteau neigeux ! Donc demi-tour (je n’ai pas pris mes crampons…), on verra ça plus tard, et retour aux Estables où la neige m’a semblé beaucoup plus discrète.
Reste à y choisir mon ou mes volcans… J’ai déjà perdu pas mal de temps, et comme je n’avais pas prévu la chose, je tourne dans ma tête les différentes possibilités. Comme par ici je n’ai encore gravi que le seul Mézenc, j’envisage de me rabattre sur le Mont d’Alambre (la saison de ski n’est pas ouverte, ça tombe bien), plus (si l’horaire le permet, vu qu’il va faire nuit avant 18h) un ou deux autres satellites du genre Rechausseyre ou Rocher Tourte. Je n’ai pas de topo sur moi, mais comme j’en avais déjà consulté pas mal et tracé au crayon des itinéraires potentiels sur ma carte, j’ai gardé quelques souvenirs en tête, et puis j’ai ma carte IGN et ma boussole, allez c’est parti… à 11h50 !
Dès l’entrée en forêt, j’ai les pieds dans la neige. Il fait froid, mais quoi de plus agréable sur ces larges pistes peu pentues que de fouler cette bonne neige, quasiment vierge de toute trace ? L’itinéraire est évident, et les trois seuls marcheurs que je vais croiser sur ce trajet, une fois sorti du GR, sur la dernière piste un peu plus raide, me confirment que "oui, le sommet c’est bien par là, c’est tout droit!".
J’y arrive juste passé 13h. Le vent (d’est !) est glacial mais le panorama est magnifique. Je ne peux pas m’empêcher de détailler les sommets tout autour (même le Mont Blanc me fait l’honneur da sa présence mais c’est tout juste…), avant de m’asseoir dans l’un des deux anneaux de pierres prévus pour s’abriter. Je vais donc y pique-niquer à l’abri du vent (ça marche !), face à l’immense mer de nuages qui recouvre l’ouest et le nord (par chance, à l’est et au sud, beaucoup plus intéressants, tout est dégagé).
Je repars à 14h, non sans avoir bien repéré au sud-ouest mes deux autres éventuels sommets du jour, le Rechausseyre et le Rocher Tourte. Retour sans histoire par l’agréable et confortable Tour du Mont d’Alambre. Un peu plus de monde (à pied ou à VTT – ici (ouest et sud) plus aucune trace de neige !) jusqu’au retour sans problème aux Estables, aux alentours de 15h et des poussières. Je repars presque aussitôt, mon prochain objectif c’est le Rechausseyre, pas bien loin, ça devrait le faire (pour le Rocher Tourte, je commence à douter).
Jusqu’à l’entrée en forêt, aucun problème. Mais ensuite, sans doute pressé par le temps (la nuit ?), je loupe le croisement suivant, sans regarder la carte je file tout droit… pour constater un peu plus loin que plus rien ne correspond à mes attentes… je dois être sur le versant ouest du suc ? En tout cas monter à gauche, au jugé, vers le sommet dans la forêt très dense me parait, d’ici, très hasardeux. Donc demi-tour, et retour sur le bon chemin du tour du sommet, par le nord et l’est. Et là je me souviens vaguement avoir lu que l’accès à ce sommet se faisait hors trace dans des éboulis (?). Et en effet, tiens en voici un beau derrière les arbres à ma droite, mais… complètement recouvert de neige ! Ahlala, pas de chance, moi qui adore crapahuter dans les blocs, là ça ne me dit rien qui vaille, trop glissant, trop risqué : je renonce !
Déçu, je change mon fusil d’épaule : tant pis pour le Rechausseyre, va pour le Rocher Tourte… quoique vu la distance et l’absence là aussi de certitude sur l’accès au sommet, je risque de m’y retrouver à chercher ma voie en pleine nuit !? Je continue cependant à tourner d’un bon pas autour du Rechausseyre, on verra bien, quand soudain je vois à ma droite, toujours derrière des arbres… une autre belle coulée de blocs, mais cette fois toute sèche, sans un poil de neige ! Je m’arrête aussi sec, mais oui pas de doute, ça mène forcément au sommet, tout-à l’heure ça devait être en versant nord/nord-est, et là ça doit être au sud/sud-est : normal, donc allez, j’y vais !
Si bien qu’après une excitante grimpette dans les blocs (je choisis les plus gros pour le seul plaisir d’accroitre un peu la difficulté !) je me retrouve assez vite au sommet, peu marqué mais évident entre les rochers et les arbres. Avec le soleil déjà très bas sur l’horizon rougeoyant, juste au-dessus du Rocher Tourte, qu’est-ce que c’est beau ! Tout est baigné d’une douce lumière, tout est si calme… Bien sûr, plus question d’aller au Rocher Tourte (trop loin, trop long), alors je profite un max de cet ilot de paix crépusculaire ouvert sur les sommets environnants, sous le regard bienveillant de la lune.
Mais bientôt la disparition du soleil à l’horizon et l’assombrissement rapide qui s’ensuit m’invitent à redescendre sans tarder. Nouveau petit plaisir bien sûr, au milieu de mes rochers, sans me presser, prudence oblige… Mais une fois parvenu au sentier en-dessous, je ne traîne pas : dans la forêt la pénombre est déjà impressionnante, donc pas question de revenir par le chemin de l’aller. Ça tombe bien, j’avais envisagé un retour plus direct par le GR, il est là tout près, donc je m’y engage sans hésiter. Après un passage bien boueux, il me ramène à la petite route. Là encore ça tombe bien, car maintenant il fait quasi nuit noire. Derrière moi l’horizon a viré au rouge sang, c’est magique ! Et comme j’adore marcher dans la nuit, je suis aux anges… surtout quand le but ne pose plus problème ! Et en effet, tout au fond les petites lumières des Estables, à gauche de la masse toute noire du Mézenc, à peine visible sur fond de ciel… noir, me servent maintenant de repère. Sur cette route déserte, j’ai failli me cogner à deux autres randonneurs marchant en sens inverse, pris eux aussi par la nuit : ils viennent du Puy, et rejoignent leur bagnole qui est juste là au bord de la route : soulagés ! Moi j’arriverai à la mienne, aux Estables au bord de la D36, vers 18h10, heureux comme Dieu en France (comme disent les Allemands)…
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