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De cette fameuse rando à deux pas de chez moi, je n’avais jamais encore fait que des petits bouts du côté du Gouffre d’Enfer (dont la via adultes, et quelques très modestes voies de Roche Corbière). Aujourd’hui je me décide enfin à effectuer le tour complet des 2 barrages : il était temps !
Et dès mes premiers pas, vers 9h, je suis malgré tout encore frappé par la sauvagerie de ces gorges par lesquelles on pénètre jusqu’au pied de la digue : ce jour d’hiver limpide et ces arbres dénudés y sont sans doute pour quelque chose ? Puis, après l’échauffement bienvenu de la remontée de la digue par ses innombrables marches (merci aux constructeurs de l’époque, fallait y penser !), première (bonne) surprise : il ya de l’eau dans le barrage du Gouffre d’Enfer ! Tant mieux me dis-je, même si le niveau est aujourd’hui bien bas (je l’avais toujours vu plus rempli, autrefois)…
Et c’est tout ragaillardi que j’entame mon tour des lacs par leurs rives gauches, en me réservant la montée/descente du belvédère (déjà faite plusieurs fois) pour le retour. Il n’y a pas foule aujourd’hui sur ce circuit - sans doute le froid hivernal, dont témoigne une belle petite cascade de glace peu après sur ma droite, et pas mal de plaques verglacées sur mon sentier.
À la digue du Pas du Riot, deuxième et troisième (mauvaises) surprises : partout, de tous côtés, de gigantesques travaux sont en cours, d’énormes quantités de remblai ont semble-t-il été rapportées devant la digue, il y a des engins de partout, y compris sur la digue qui du coup n’est plus franchissable, et le lac est, évidemment, à sec ! Le premier choc passé, je me résous à tenter de poursuivre droit devant, rive gauche du "lac" donc, et là, miracle, ça passe, je trouve sans mal le sentier qui descend au bord de l’eau (ou plutôt des mares résiduelles…), et qui va remonter rive gauche, comme prévu. Je croise une habitante de Planfoy, qui fréquente ces lieux depuis longtemps et me dit que c’est la première fois qu’elle voit ce lac vide ; elle cherche aujourd’hui à rejoindre le gouffre d’Enfer dont le romantisme sauvage l’a toujours impressionnée.
Et puis là, assez vite, ma déception va faire place à une sorte d’excitation : pas de lac, certes, mais là en bas, tout seul comme un grand, au fond de sa vallée, serpente et scintille le Furan ! Quelle chance, jamais on n’a dû le voir ainsi, enfin à nouveau LIBRE ! Libre comme il y a près d’un siècle et demi, avant la construction du barrage ! Je suis fasciné, et ne le quitte plus des yeux. Je suis tenté d’aller le rejoindre là en-bas, mais me réserve finalement ce plaisir pour le retour, en fonction du temps qui me restera.
J’arrive ainsi assez vite à la passerelle (givrée) sur le Furan, au bout du lac. Il n’est pas encore 11h, et l’idée de faire déjà demi-tour me laisse perplexe. Et si je continuais encore un peu le long du Furan ? Je sors ma carte : ben oui, il y a ce bon chemin qui le longe jusqu’au Pont Souvignet, et encore un peu plus loin il y a ce fameux Sapin géant dont j’ai souvent entendu parler et que je n’ai encore jamais vu. Tout ça, ça fait des km évidemment… J’estime à env. 2h le temps qu’il me faudrait pour ce détour… Pile ou face ? Allez, je me laisse tenter, on y va !
Chemin cool, sympa, en effet : longer le Furan en m’emplissant à chaque pas de sa petite musique, dans ce doux vallon arboré, quel plaisir - sauf que… l’humidité et l’altitude aidant (on passe de 850m à 950), le verglas va vite envahir la quasi totalité du chemin, encore à l’ombre, ce qui va me compliquer la tâche (faudra marcher sur les bas-côtés). Certes, ça ira mieux quand la neige remplacera le verglas, mais peu après le chemin va encore s’élargir pour laisser passer les gros engins du chantier : nouvelle galère sur cette voie certes déneigée mais dure et glissante, mais bon, avec le Pont Souvignet qui finit par arriver, me voilà soulagé.
Il n’est que 11h40, je n’hésite pas, va pour le Sapin géant ! Aujourd’hui j’ai du mérite à y accéder, car l’itinéraire, a priori sans problème, est par endroits une vraie patinoire (la neige tombée des sapins ?). Le vieux monstre une fois examiné sous toutes ses coutures (enfin, presque !), je fais demi-tour et c’est dans ce début de descente que je manque plusieurs fois me casser la figure. Mais non, il me reste encore quelques ressources d’équilibriste, et le retour à la passerelle sur le Furan se fera sans problème. C’est là que, plus décontracté qu’à la montée, je découvrirai les deux Douglas centenaires estampillés "Charles Exbrayat"). Et que je surprendrai, tout près, un magnifique héron qui à mon approche s’est envolé à grands coups d’ailes du lit du Furan où il s’abreuvait : quelle grâce et quelle majesté !
Une fois sur le sentier rive droite du Pas du Riot, cette fois je ne résiste pas au plaisir de descendre "au fond du lac" pour tenir compagnie au Furan. Je le longe au plus près un petit moment, puis je remonte le raide talus à droite pour retrouver mon sentier. Arrivé à la digue, évidemment plus de sente qui descend le long de celle-ci, mais d’immenses voies boueuses montantes et descendantes en rive droite. Et là, un conducteur d’engins me fait signe depuis son volant de faire demi-tour. Parvenu à ma hauteur, il s’arrête et me conseille de franchir la digue puis d’en redescendre en face, par une sente que je devrai suivre jusqu’à un petit pont qui me permettra de revenir rive droite. Merci à lui ! J’apprends aussi que la fin des travaux, prévue pour novembre 2018, a été reportée à plus tard en raison des aléas climatiques…
Et tout se passera parfaitement bien jusqu’à mon retour au point de départ. Arrivé au petit pont, j’hésite un moment entre les deux possibilités qui s’offrent à moi : descendre en face sur le sentier du bas pour retrouver l’intimité du Furan, ou franchir le pont et rester en balcon au-dessus du fond du vallon ? Je me décide finalement pour la seconde solution, car ce sentier est encore bien ensoleillé, alors qu’en bas le Furan est déjà plongé dans l’ombre. Bien m’en a pris : aujourd’hui, le sentier du haut est un petit régal ! D’ailleurs, le pont à peine franchi, je m’assieds sur une pierre au soleil pour y dévorer mon sandwich en guise de déjeuner. Ensuite, les hêtres tout dénudés me permettront de superbes vues plongeantes sur le Furan (son sentier, son aqueduc, son vieux barrage hors d’usage) puis les eaux bleues du Gouffre d’Enfer à l’approche de la digue et du Belvédère.
Puis je monte bien sûr au Belvédère, même si c’est pour une énième fois (faut bien faire la totalité du topo !). Même de dimensions plus réduites, même à l’ombre, le lac est toujours aussi beau vu d’ici. Puis, après un dernier coup de chapeau à Roche Corbière et au petit bois d’immenses séquoias, je rejoins le parking à 16h pile. Dans 10 à 15 minutes je serai de retour chez moi pour étoffer un peu mon frugal déjeuner, mieux vaut tard que jamais...
Date | Titre | Auteur | ||
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24-07-2024 | L'enfer en douceur | Geoffroy Rémi | ||
09-05-2021 | De retour dans le Gouffre | Geoffroy Rémi | ||
03-05-2021 | Les cerbères du Pilat | Geoffroy Rémi | ||
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