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Cinq jours après ma découverte de cette belle boucle en excellente compagnie, je profite d’une nouvelle fenêtre de beau temps pour me replonger, seul cette fois, dans la version un peu différente que j’avais concoctée dans l’intervalle (le topo ci-dessus), et qu’il me restait donc à tester sur le terrain.
Comme prévu, le tour du lac est un plaisir en soi. Je n’y rencontrerai personne. Mais en descendant au bord de l’eau peu avant la digue, je trouve par terre un bout de papier qui m’intrigue. C’est une lettre manuscrite, recto-verso, d’un jeune détenu (il dit compter les jours dans sa cellule) à un(e) destinataire inconnu(e). L’écriture est appliquée, presque sans faute, et il ne cache rien de ses émotions ni de ses indignations. En lisant ce papier, j’ai l’impression vertigineuse de pénétrer par effraction dans la tête de son auteur. Si bien que malgré mon envie je n’oser l’emmener, et le repose donc là où je l’ai trouvé. Il faut vite que je me replonge dans ma rando !
Avec une soudaine remontée d’eau côté lac et un esthétique "jet d’eau" en corolle de l’autre côté, la digue m’offre un petit spectacle aussi gratuit qu’inattendu, qui me change les idées. Au pont sur la Semène, ma curiosité me pousse à poursuivre encore un peu rive droite au bord du ruisseau. J’aime bien l’aspect sauvage des lieux, mais bientôt, bloqué par un grillage, je vais remonter à droite en pleine pente jusqu’au chemin. Je redescends ensuite jusqu’à la Scie Neuve, puis fais demi-tour devant les rails d’une ancienne passerelle, que je ne peux décemment pas conseiller…
Le tour du lac achevé, je reprends depuis l’auberge du Sapt le chemin vers Chaussitre inauguré lors de notre récente sortie commune. Je retrouve avec plaisir mes repères, et ne manque pas cette fois le départ du sentier vers la Pierre St-Martin. Ce n’est pas la plus belle saison pour admirer la superbe lande de Chaussitre ; mais au passage je tombe quand même en arrêt devant un incroyable hêtre à 14 troncs (j’ai bien recompté) !
Je ne voulais pas m’arrêter une fois de plus à Chaussitre (où j’arrive vers 13h). Mais c’est un peu comme au Crêt de la Perdrix, difficile de ne pas tomber en arrêt à chaque passage devant le panorama toujours renouvelé des monts du Velay, du Pilat, du Forez, etc. C’est finalement la faim qui va me faire repartir, car je n’ai pas envie de pique-niquer sur ces crêtes exposées à tous les vents… Et c’est dans la descente, face au sommet sur un tronc d’arbre horizontal et opportunément surélevé, que je sortirai enfin mon casse-croûte du sac.
Passée la belle ferme (close) de la Rochelle, une épouvantable odeur nauséabonde me prend soudain à la gorge : pas de doute, elle provient d’un agriculteur juché tout là-bas sur son tracteur, il traîne une énorme citerne qui propulse à jets réguliers un infect liquide noirâtre dans les airs ! En plus le vent est complice du forfait, puisqu’il souffle droit dans ma direction. Si encore c’était du purin, j’en connais bien l’odeur depuis mon enfance ; mais là, c’est bien pire, c’est à vomir ! Heureusement ça va s’arrêter peu après, et l’attelage infernal va se déplacer vers moi et me croiser sur mon chemin – pas envie pour une fois de saluer le bonhomme, qui passe d’ailleurs sans me regarder…
Au Rozet, haut lieu du catholicisme régional, j’avais déjà vu la chapelle, mais pas la maison natale du saint local, juste avant à droite. Puis je rejoins Marhes, mais cette fois sans m’y attarder. Commence alors la très belle remontée vers le nord du paisible et large vallon de ce haut plateau, avec ses fermes éparses, ses ruisselets scintillants, et ses premières éclosions printanières - rares bouquets de jonquilles, feux d’artifice de chatons (de saule me semble-t-il), c’est à chaque fois un petit miracle de la nature.
Vers la ferme des Granges, je me rends compte que j’ai perdu le papier sur lequel je prends mes notes : panique à bord, demi-tour… Je ne le retrouverai, quelle chance vu la petite brise qui souffle ici en permanence, qu’au bout d’env. 500m, posé sur le bord de mon sentier (comme ce matin la troublante lettre au bord du lac). Soulagement… À l’Allier, la maison historique de la Béate est magnifique, mais malheureusement fermée comme prévu. Et quand je retrouve le chemin du tour du barrage, vers 18h30, je sais que je suis tout près d’arriver au bout de ma boucle du jour, alors que le soir tombe tout doucement sur les eaux paisibles du lac, caressées par les derniers rayons du soleil couchant.
Date | Titre | Auteur | ||
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27-03-2019 | Premier essai réussi | Geoffroy Rémi | ||
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