Le Les prévisions sont formelles, si des orages très locaux ont éclatés cette nuit, les nuages résiduels ne devraient pas faire long feu sous le soleil d'octobre. En arrivant au lever du jour à Entraigues, je me suis dit que l’orage a dû être conséquent cette nuit en observant le morne plafond gris qui occultait tous les sommets environnants. Étant pessimiste par nature, je me renseigne sur une autre météo qui est aussi optimiste que le bulletin de Caplain, alors allons-y. A 8h la voiture est abandonnée à son triste sort à côté de l’église qui tombe en ruine et le début du chemin est rapidement trouvé.
Un chasseur redescend déjà le sentier et me salue au passage, par bonheur il est parti trop tôt car quelques minutes plus loin, une étagne et son petit déboulent presque dans les pattes. Ils partent en gambadant à travers les pentes vertigineuses de la face ouest, ces à-pics où se faufile astucieusement le sentier qui se fraye un passage à travers cette gigantesque face qui surplombe Entraigues. C’est en observant la sécheresse de la terre et des plantes environnantes que je me rends subitement compte que j’ai bêtement oublié la gourde dans la bagnole. C’est ballot quand on sait qu’il y a 1400 m de dénivelé, pas une goutte d’eau et encore moins de source mentionnée sur la carte. La pente régulière du chemin est parfaite pour oublier le temps qui passe, on se retrouve sans s’en rendre compte au-dessus de tout, au-dessus de la vallée, mais également largement au-dessus de la mer de nuages qui semble bien épaisse. En arrivant dans la prairie sommitale, le moral est dans les chaussettes, un splendide tapis nuageux occupe tout l’espace, du Dévoluy jusqu’au Vercors, c’est joli mais tout est désespérément recouvert de nuages, difficile de voler dans ces conditions.
Mais puisque j’avance bien j’en profite pour monter jusqu’au sommet du Vêt. Et là-haut c’est la décharge électrique! La mer de nuages est trouée au nord, juste au-dessus du village du Perrier ! Seulement le décollage est face au sud !!! Cruel dilemme, Il n’en faut pas plus pour que j’étale la voile et la verrouille par des petites pierres l’empêchant de partir en tous sens. Une fois prêt face au vent du sud, qui n’était pas prévu du tout d’ailleurs, j’abandonne tout le matos pour aller voir derrière la crête s’il est toujours opportun de réaliser un décollage. Bingo, la trouée est toujours présente… alors Go !
Le vol ne sera pas trop paisible car la mer de nuages est mouvante, il s’agit de s’enfoncer dans l’ouverture. La sérénité sous le plafond nuageux sera de courte durée car plus je m’approche du sol plus les arbres de la vallée apparaissent mobiles, un vent de vallée tonitruant est déjà en place et secoue sévèrement la cime des hêtres ! Heureusement, le Perrier est une vaste étendue plate à un endroit où la vallée est plus large... Le vent y est moins fort et l’atterrissage se passe bien. Pour le retour à la caisse en stop ça se passe moins bien. En une demi-heure y a seulement dix bagnoles qui passent et aucune ne s’arrête. Je ferai les six bornes de retour qui me séparent d’Entraigues à pince.