Sortie : Le grand tour des haberts

Non contents d’avoir édifié l’un des plus beaux monastères du monde, les chartreux ont également fait bâtir de splendides bergeries, au milieu de chaque grande prairie, disséminées au cœur de la zone de silence faite essentiellement de sapinières. L’objectif du jour est de toutes les visiter en empruntant des sentiers secondaires très peu usités pour la plupart.

La balade n’a pourtant pas vraiment bien commencé, le chemin qui part du parking est barré, une importante activité forestière en interdit l’accès en raison des risques d’accident.... pas question de faire demi tour. Après avoir enjambé bien des troncs aux senteurs entêtantes de résine fraîche, nous craignons effectivement les bûcherons, la forêt resonne de forestiers, on croirait entendre un essaim de tronçonneuses. Finalement la coupe n’est pas sur notre sentier et bientôt le bourdonnement incessant des moteurs thermiques s’estompe. Le habert de Chartrousette sera le premier de la liste, ces constructions millénaires sont magnifiques de simplicité, des lignes épurées qui soulignent l’esprit spirituel des bâtisseurs en robe de bure. Bien d’autres suivront, habert des Roches, habert de Corde en ruine, habert d’Arpison, et enfin le plus beau, celui de Billon. Le bâtiment massif est incroyable de pureté, un petit édifice expiatoire l’accompagne. Les sentiers sont tour à tour larges et débonnaires mais parfois terriblement étroits en travers de pentes vertigineuses, bref la balade est longue et variée. C’est au col d’Arpizon que nous pique-niquerons, au centre d’une immense prairie sauvage et déserte.

Finalement nous ferons la boucle intégrale qui fait douze bornes et huit cents mètres de dénivelé positif... c’est avec les jambes flageolantes que nous retrouvons le parking, sans avoir croisé âme qui vive sinon l’esprit de Dieu en longeant le monastère.