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Entre la Dent Parrachée (le w.e. précédent) et la Pointe Gnifetti, deux semaines après), ce fut un début d’été en fanfare. En effet c’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’aller en Italie pour se faire successivement deux sommets aussi exceptionnels du massif du Mont Rose !
Nous étions onze ce jour-là à vouloir gravir le Castor. Soit 3 voitures pour le (long) voyage jusqu’à Gressoney, puis 4 cordées pour l’ascension du lendemain… Le samedi, du départ ultra-matinal de Sainté jusqu’à l’arrivée au refuge Qintino Sella, en passant par les remontées mécaniques de Staffal puis la grimpette du col jusqu’au refuge, tout a marché comme sur des roulettes. Merci Robert, impeccable organisateur de cette aventure. Et personne n’a calé dans la traversée de l’arête rocheuse assez déchiquetée qui mène au refuge – surprenante mais excitante "mise en bouche"qui sans les cordes fixes et la passerelle en aurait sûrement découragé quelques-uns…
Le refuge (malheureusement dans le brouillard quand nous y sommes arrivés) et les gardiens étant vraiment agréables, j’ai pour une fois passé une assez bonne (quoique trop courte) nuit. Mais le lendemain, peu après notre départ au petit matin, à peine étions-nous arrivés sur le glacier à proximité du refuge, voici que l’une de nous défaille : gros malaise ? mal des montagnes ? Rapidement, Robert décide de revenir avec elle au refuge, avant de redescendre avec elle jusqu’à Staffal ! C’est son copain Marcel, bien chevronné lui aussi, qu’il charge de le remplacer pour emmener notre petite troupe quelque peu désarçonnée jusqu’au sommet.
Après avoir refait nos cordées, nous repartons enfin, l’envie et la niaque reprennent le dessus !
La suite sera un pur enchantement : il fait beau, le glacier est en excellente condition. Seul bémol : alors que nous étions parmi les premiers à partir à l’assaut du Castor, le temps perdu lors de l’incident ci-dessus a permis à tous les autres alpinistes candidats au sommet de nous devancer ! Leur longue file s’étire devant nous. Mais on va finir par en dépasser quelques-uns (et oublier les autres).
Jusqu’au Felikjoch, nous serons à l’ombre. Mais une fois au col, changement d’orientation, nous voici soudain inondés de soleil, éclaboussés par la blancheur de la neige. Quel régal dans ces conditions que ce superbe parcours d’arête au-dessus du monde ! La longue arête finale (avec le sommet en vue tout au bout) est un de mes tout meilleurs souvenirs de montagne : très fine, comme suspendue au-dessus du vide, c’est une pure merveille… à condition d’avoir le pied sûr et de ne pas avoir le vertige !
C’est pourtant là que s’est produit un second incident, lorsqu’un des membres de notre cordée (menée par Marcel) s’est à son tour senti mal ! Maux de tête, nausée… le mal des montagnes, assurément ! Marcel envisage le demi-tour. Je suis effondré : si près du but !!! On parlemente… Je tente de persuader le copain d’essayer encore un peu, le sommet est si près… Finalement, courageux, il accepte de tenter le coup… et ça a marché !! Nous voici au sommet du Castor !!!
Le copain ne va pas mieux, mais il a tenu le coup. On a dû rester trente secondes au sommet, le temps de faire trois photos, de voir que le panorama sur toutes les Alpes est absolument sublime (peut-être le plus beau et le plus vaste que j’aie jamais vu) et nous voici repartis en sens inverse.
Descente tout aussi magique. Cette fois on voit parfaitement à notre gauche, en contrebas, les énormes crevasses béantes au-dessus desquelles nous avons déjà évolué à la montée (mais sans pouvoir les apercevoir). Et au fur et à mesure de la descente les symptômes du copain disparaissent. Super ! Tout va bien !
Et le reste sera sans histoire, heureusement. On reverra à la descente le refuge, le passage d’arête rocheuse, le col, etc. Et une fois en bas, on va bien sûr retrouver Robert et la copine défaillante qui s’est bien requinquée entretemps.
Sacré Castor !
(sortie rédigée en août 2021)
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