Quand j'ai lu hier soir le bulletin météo je n'en croyais pas mes yeux. Il n'y aurait plus de vent sous 3000 m !
Fort de cette prévision c'est au Grand Colon que je compte déplier la voile. Sentinelle rocheuse au dessus de Grenoble, ce sommet emblématique de la région offre une belle selle sommitale bien commode pour décoller, un peu comme le Pic du Gar dans les Pyrénées. En revanche le dénivelé est beaucoup plus conséquent, si l'on se pose dans la vallée il y a 2200 m ! C'est énorme !
Étrangement durant la marche je ne croiserai qu'une seule et unique personne ! Au mois de juillet c'est étonnant ! Les moutons en revanche sont bien là et il me faudra ruser un peu afin d'éviter les redoutables crocs des patous en faction autour des brebis, objets de fascination pour les loups. C'est sur l'épaule sud que les premières bouffes de vent du sud se sont faites sentir. Espérons qu'il n'y en aura pas plus au sommet sinon je suis cuit pour le retour pas les airs.
Heureusement là-haut la brise, quoique mal orientée, n'est pas plus véloce. Il s'agit donc de chercher un troisième site de décollage, les deux premiers étant sous le vent du sommet sud. Je trouve mon bonheur à 100 m de distance du sommet, sur une antécime manifestement prisée des randonneurs si l'on en juge aux murettes de pierres disposées à cet endroit herbeux et parfaitement plat. J'étalerai donc en contrebas de ces bastions en prenant soin de virer les quelques pierres coupantes qui traînent dans l'herbe rase. Le vent du sud semble mâtiné de quelques thermiques, apportant une légère inconstance à la brise.
Une fois la voile bien étalée, plus moyen de trouver le deuxième gant, volatilisé... Il me faudra replier le parapente... pour ne rien trouver !!! Mais où est-il passé ce foutu gant ? Dépité j'enfile la sellette et c'est en la soulevant que je découvre enfin le grand coincé dans les cuissardes. Ouf.
Si le décollage fut parfaitement maîtrisé, les premières secondes du vol ont été folkloriques surtout quand je suis entré dans le lit du vent, en essuyant au passage les turbulences dues au piton rocheux juste sous le décollage. La suite a été heureusement plus calme, qu'elle est longue cette descente jusqu'aux portes de Grenoble ! Pas loin de 10 bornes ! Alors que je glissais tranquillement vers la vallée, l'hélicoptère de la sécurité civile me double par le dessous. Y a-t-il eu un accident là-haut ? Mystère !
Le vol est finalement tranquille jusque dans le champ repéré ce matin avant de monter à Freydière. C'est pas le tout mais il faut remonter au parking à 15 bornes de l'atterrissage. Trois véhicules furent nécessaires, le bus de la TAG qui passe juste au moment où je termine de ranger mes affaires, la caisse d'un ancien pisteur de Chamrousse qui crèche à Revel, et enfin une jeune femme et son clebs qui partent se promener au lac du Crozet à bord de leur petite voiture noire. Je n'ai pas dû attendre plus de 10 minutes en tout !
J'aime quand un plan se déroule sans accroc !