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Après des semaines de grisaille interminable, revoilà enfin du soleil ! Et qu’importe qu’il soit encore plus ou moins voilé ! Ni une ni deux, je file à la découverte de ce site proche mais que je ne connaissais pas encore. Muni d’un circuit tout juste élaboré, me voici déjà perdu à peine arrivé à Saint-Paul-en-Cornillon. Il est vrai que ce magnifique village, qui s’étend à la fois le long de la Loire et sur les hauteurs vertigineuses qui la dominent, est un vrai dédale ! Je ne sais toujours pas par quel miracle (en fait si : grâce au GPS de ma bagnole, que j’avais ignoré avec mépris !) je finis enfin par me retrouver sur la place du Lavoir. Une bonne demi-heure de perdue, mais aussitôt le moral remonte en flèche. C’est parti à l’assaut du Mont Fayn.
"Mont" est un bien grand mot pour cette petite bosse boisée (145m de D+ !), mais la montée la plus directe est aussi brève que raide et caillouteuse… Et les émotions fortes sont vite au rendez-vous : que ce soit à la montée ou à la redescente (encore plus raide !) par le sentier de la Vierge, les vues plongeantes sur les gorges, en aval comme en amont, sont fabuleuses ! Seul le "sommet" proprement dit est décevant, mais il faut bien en passer par là.
Une fois descendu dans le bas village, je file vers les bords de la Loire au niveau de son grand méandre. Et là, à nouveau, l’enchantement est total, même si c’est pour des raisons opposées. Toujours tout seul, comme sur le Fayn, je suis ici comme envoûté par cette sorte d’immense jungle au fond de laquelle je me meus et qui longe le large fleuve qui s’écoule paisiblement à ma gauche. Soudain un bruit rauque rompt le silence de ces lieux. Je l’identifie sans mal, c’est le coassement d’une grenouille. Mais en voici une deuxième, puis une autre encore, toutes invisibles dans le tapis d’herbes hautes au bord du fleuve. Je poursuis alors mon chemin pour tenter de les dépasser. Mais c’est l’effet inverse qui se produit : voici que j’en entends dix, vingt, plus encore, le tintamarre enfle et se démultiplie à chacun de mes pas. À présent je crois en entendre des centaines, c’est l’apocalypse ! Mais l’amateur de musiques contemporaines que je suis est ravi ! Je m’immobilise et me laisse envahir, submerger par cette formidable et puissante avalanche sonore, tout à la fois répétitive et dissonante. J’appelle alors Sylviane au téléphone pour lui faire partager ce moment exceptionnel ! Je ne sais combien de temps cela a duré. Mais il me faut poursuivre et, au bout d’un certain temps, la musique de mes grenouilles diminue peu à peu d’intensité, pour finir par s’éteindre d’elle-même, tout doucement, dans un silence assourdissant… C’est après toutes ces émotions qu’une fois arrivé au bout de ce chemin magique des bords de Loire, je m’assieds sur un gros bloc rocheux (sensé en interdire l’accès aux véhicules) pour mon pique-nique du jour…
Puis je me retrouve dans les rues de Saint-Paul, mais là j’hésite un moment sur la manière de monter en haut du village. Le plus simple serait, comme me le recommande un habitant, de prendre la petite route, peu fréquentée, qui y mène à partir du viaduc "des 9 ponts". Mais tout compte fait je préfère suivre le conseil d’une jeune femme qui m’indique une voie plus longue mais plus "randonnable" (et aussi plus raide). Une fois arrivé en haut, pas de regret, le jeu en valait la chandelle. Je file alors au Château tout proche, magnifique, imposant, et je visite le peu qui m’est accessible, l’église étant elle aussi fermée. C’est en effet un peu frustrant, mais bon…
Puis je poursuis ma boucle du jour. Par deux fois, des habitants du coin, me croyant perdu alors que je consultais juste ma carte, vont m’offrir très gentiment leur aide : une fillette toute pimpante dans son jardin peu avant Lyet, puis plus loin un agriculteur sur son énorme tracteur. Ce dernier m’a d’abord dépassé d’extrême justesse au fond d’un bucolique vallon perdu, dans un profond chemin creux de la largeur de son engin, et où je n’ai réussi à survivre qu’en me hissant et en me plaquant sur son rebord gauche. Et c’est quand nous nous sommes retrouvés peu après au carrefour de la "Case du Bois", tout en haut du vallon, qu’il m’a proposé spontanément son aide. Sympas, les Cornillonaises et les Cornillonais !
C’est enfin la longue et belle remontée progressive jusqu’aux Plats, puis la non moins plaisante redescente qui s’ensuit, qui m’ont offert mes derniers plaisirs du jour. C’est certes un peu frustrant de ne pas pouvoir accéder au (bien modeste !) sommet des Plats, mais il est sûrement noyé dans les bois qui le recouvrent, et donc sans grand intérêt. En revanche, malgré la faible altitude, on aperçoit à plusieurs reprises côté Ouest les chaines montagneuses du Livradois et, tout au fond, celles encore plus lointaines de la chaîne des Puys d’Auvergne.
De retour au parking vers 19h, je ne peux que me féliciter de mon choix d’une randonnée aussi dépaysante que variée, et qui restera placée pour toujours sous le signe du formidable concert que m’a offert au passage le grand orchestre des grenouilles des bords de Loire.
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