C'est le premier jour du salon du light à St Gervais. Les conditions pour un vol haute montagne sont au top. Histoire de ne pas gâcher je prends la benne avec un Alsacien rencontré hier au soir et qui rêve de ce vol depuis des années.
Là-haut il est aux anges et mitraille à tout bout de champ. Au sortir du tunnel de glace je l'encorde et nous voilà sur cette arête vertigineuse. Mon compagnon du jour est très prudent et nous descendons à son rythme.
Une fois sur la bosse qui va nous servir de décollage, je le laisse profiter du paysage et se préparer à son rythme.
Les conditions sont optimales. 5km de nord, une neige dure, les brumes de fond de vallée s'estompent impec.
Je déplie ma voile, range piolet et crampons dans le sac, enfile la sellette, une prévol appliquée et gaz. Un premier prégonflage m'indique une petite clef due à la glace, le temps de reposer la voile elle s'est déjà défaite, mais ici avec les 1200 m de gaz à la sortie du déco il faut que tout soit impeccable. Une belle montée de voile, un bon appui ventral et je décolle.
J'ai beau avoir fait ce vol de nombreuses fois, c'est toujours aussi impressionant un tel gaz au sortir du déco.
L'idée c'est d'aller poser vers les Houches et de remonter décoller au Prarion et de revenir à St Gervais.
Je longe les faces nord de l'Aiguille, du Tacul, du Maudit, du Mt Blanc, de Bionnassay au ras des séracs, c'est magnifique.
Au vu de ma hauteur je commence par me dire qu'au lieu de poser en bas des Houches, je vais poser au col de Voza.
Au col j'ai encore de la marge et je tente de passer le Prarion. Si ça ne passe pas j'ai de la place pour poser sur les pistes.
J'approche de plus en plus prêt, j'ai 30 m de marge, je tente le passage, nickel je débouche dans la vallée avec de nouveau du gaz sous les pieds.
Les nuages sont encore présents, quelques turbulences m'accompagnent, puis c'est de nouveau une glissade splendide.
Vu la hauteur, je file jusqu'au lac de Passy et reviens finir mon vol à l'atterrissage de Passy.
50 mn de vol somptueux et 3000 m de dénivelé négatif.
Le temps de plier, un coup de stop et la première voiture me remonte à St Gervais.
Je retourne au camp avec un sourire béat sur la figure.