Le vent du sud m'aura poussé jusqu'aux confins de la Savoie.
En effet ce matin, il faut fuir l'ouest et trouver refuge juste sous le Mont-Blanc. Passé Albertville, c'est décidément un habitat diffus tout de bois vêtu, le contraste avec le Dauphiné est saisissant. Ici tout est riant. Le sentier qui serpente dans le vallon est bien tracé, c'est toujours agréable, même si une petite douleur au genou me gêne dans les premiers mètres, et puis, dans cette forêt de grands sapins sombres, la mécanique s'est mise en place, ne reste que le plaisir de la marche.
Devant le deuxième chalet d'alpage, un ancien vaque à ses occupations, nous devisons cinq minutes. Indiscutablement vu l'accent trainant nous sommes bien en Savoie. En tout cas le savoyard est optimiste pour la météo, bien qu'il n'ait sans doute pas internet, il sait précisément les conditions du jour... Du vent ? Vous n'en trouverez pas là-haut ! Bonne balade et bon vol. Les aruspices sont donc formels, ça va voler! Déjà satisfait par le paysage, me voilà guilleret pour les conditions.
En arrivant au petit col, la vue qui se découvre tout à coup est saisissante, l'énorme Mont-Blanc est là, imposant et drapé dans des volutes blanches, en bas le lac est bien vide, laissant apparaître des flancs terreux. Pourtant un puissant torrent débouche d'une gueule sombre juste au dessus de la vallée. Quant au barrage, il offre au soleil matinal de larges pans de béton jaunes arrondis pour le moins étonnant, c'est une succession de petites retenues en arc de cercle, offrant une perspective étrange, comme autant de fromages empilés les uns à coté des autres, c'est normal on est au pays du Beaufort !
Au col déjà un vent bien constant d'Est semble parfaitement sympathique pour le décollage. Sur le large sommet arrondi c'est pareil alors ce sera décollage au dessus du lac. Pourtant une fois la voile dépliée, changement de programme... d'un coup d'un seul, le vent pivote de 180°, me voilà vent de cul. Pas de souci c'est un dôme, il faut tout remballer pour se placer vers l'ouest... Une fois dans la sellette, rebelotte, la brise tombe et repart dans l'autre sens... Les éléments se jouent de moi ou bien ?
Ne pas perdre patience... Pour la deuxième fois je remballe tout, retour à la case départ. Là je me jette dans la sellette pour profiter de la brise orientale devenue bien molle. Et hop, par dessus les buissons de rhododendrons pas encore verts. Le survol du lac est fort plaisant, après observation du barrage,il ne reste plus qu'à descendre jusqu'aux Granges où le vent est quasiment nul. A peine ai-je plié la voile que deux autres randonneurs volant arrivent, d'où viennent t' ils ? Mystère, j'ai vu personne là-haut !