Pas de vent dans le sud du département, et peu de neige également sur les sommets, alors le choix est vite fait, au dernier moment ce sera le Châtel, j'aime bien ce coin.
La balade pédestre est connue, le sentier se déroule sans l'ombre d'une hésitation ce qui permet à l'esprit de vagabonder à son aise durant la montée. Alors que je termine le passage au travers des barres, une salve de détonations retentit, je me retourne et observe médusé une chute de pierres qui dévalent la pente à une vitesse folle, les cailloux percutent le sentier où je viens à l'instant de passer... je l'ai échappé belle ! Au passage du col de la Brèche l'air est calme, signe d'une relative stabilité. Alors les derniers virages sont négociés tranquillement, il n'y a rien qui urge. Bien-sûr là-haut une petite brise thermique vient de l'est, mais en descendant côte ouest on arrive vite à sentir le vent météo qui vient du nord-ouest. Ce sera donc de ce côté de la montagne que je vais décoller.
L'envol est une formalité si l'on excepte un tortillon dans le frein gauche qui me fait rater un départ, le suivant sera le bon. Quelques thermiques loin de tout relief font ressembler cette descente aérienne à du vol de plaine, enrouler l'ascendance sans repère est une sensation étonnante. Un avion sous mes pieds s'envole du petit aérodrome, il file vers le nord pendant que je tourne gracieusement, comme un gros papillon dans l'azur. Je me pose juste à côté d'une belle maison d'où sort un jardinier avec son arrosoir. Il vient entretenir des pousses d'osier qu'il a plantées récemment juste à coté de mon aire de pliage.
Fasciné par ce bout de tissu volant, il engage la conversation pendant que je commence le rangement de la voile dans le sac. La forme étonnante de la voile en corrolle lors de l'alignement des caissons dans le saucisse-bag l'intrigue, il prend alors des photos et me propose de venir boire le café sur sa terrasse afin de poursuivre notre discussion. L'homme est fort sympathique, son café délicieux et sa terrasse magnifiquement exposée face au Trièves, tant et si bien que j'y passe plus d'une heure, il faut dire qu'il est assez bavard. Après avoir visité la maison ainsi que sa nouvelle roulotte bulgare installée dans son jardin, nous nous quittons, non sans avoir échangé nos mails pour nous envoyer mutuellement des photos, lui du Trièves, moi du survol de sa maison.
Il est temps de rentrer