Montagne du Conest (Beauregard) par le versant Ouest depuis Saint Pierre de Commiers

La neige à beau tomber enfin, elle ne me semble pas des plus agréables à skier aux vues des compte-rendus ici ou là. Reprenons encore cette voile si plaisante pour la descente et direction un sommet pas trop haut. Cependant j'aimerais bien une belle promenade un peu longue... c'est le sommet de Beauregard qu'il me faut, 7km de sentiers à travers les vallons champêtres, endroit par ailleurs très prisé des chasseurs, population hétéroclite où le meilleur côtoie le pire... Ce matin c'est le dessus du panier que je croise, un premier en poste, le fusil accroché dans les branches d'un noisetier, nous discutons le bout de gras, il me refile gentiment quelques tuyaux pour me rendre rapidement à la cime. Plus loin ce sont deux autres qui cherchent leur chien à bord d'un rutilant 4X4, ils s'arrêtent devant moi pour examiner une piste, leur clébard est passé par là, d'après les traces, il course un sanglier de 50 Kilos.... l'excitation est à son paroxysme, les moustachus repartent en trombe dans leur véhicule, c'est curieux cette mode de la moustache chez les chasseurs.

Pour ma part, la simple marche au cœur de cette belle forêt suffit à mon plaisir, le ciel se dégage, l'air est étonnamment calme, rien ne presse, le soleil fait même de brèves apparitions à travers les branches décharnées des hêtres. La sortie de la forêt est un moment privilégié, le paysage jusqu'à maintenant à peine suggéré entre les branches clairsemées apparaît au grand jour. C'est grand, c'est vaste. L'espace ainsi libéré donne une impression de légèreté. Aux puissantes odeurs de terre humide succède un air pur et doux. Le vent vient bien du nord, comme prévu et sa force est tout à fait compatible avec le vol.

J'étale donc la voile sur une mince couche de neige tout près du sommet de Beauregard. Au loin Belledonne brille de mille feux entre quelques nuages violets, c'est bon d'être ici. La brise est parfaite, ni trop forte ni de travers. J'entre ainsi dans le décor sans même avoir à courir sur une pente pourtant peu raide, c'est la douce brise qui m'a pris et m'a emporté dans le ciel. La descente est ponctuée d'un lent balancement pas désagréable du tout. Comme mon terrain favori est cultivé, je me déroute vers philippe.belleudy.free.fr/080120_Conex/slides/Conest20jan08%20034.jpg, alors que je cherche une cheminée qui fume, je me rends bien compte avec ma dérive que la brise en basse couche vient du sud. L'approche sera faite sur une ligne électrique avant de tourner au dernier moment sur le champ. Seulement la brise se fait soudain plus vive, à tel point que je n'avance plus... Au dessus de la ligne, ce n'est pas des plus rassurants. L'usage de l'accélérateur sera-t-il nécessaire ? Non, finalement j'arrive en milieu de terrain et le plan B dans un champ plus au nord est abandonné.

Alors que je cherche un chemin pour sortir du hameau et plier ma voile, une voix me hèle, c'est une belle blonde qui me propose son terrain pour plier la voile... cela ne se refuse pas ! Et voilà, de retour pour 13h à la maison, je vais rester sur un nuage tout l'après midi, à écouter le dernier disque de Kate Bush.... si si il vient de sortir et il est superbe, de longues chansons parfois proches du silence, et ça commence comme ça :

I Was born in a cloud
Now I am falling
I Want you to catch me

C'est d'un flocon de neige qu'il s'agit, thème central de l'album....