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Décidément, la star de ce printemps 2013 qui tient tout le monde en haleine plus efficacement qu’une série romantique américaine, c’est la météo…
En ce long week-end de Pentecôte, elle a encore eu une capacité impressionnante à jouer avec les nerfs et perturber les plans au dernier moment.
Pour le samedi les choses étaient claires : pluie abondante. J’ai pu le vérifier en arrivant à Villard samedi dans l’après-midi. On apercevait le col Vert entre les vagues de pluie et ça ne faisait pas envie : pente marron juste tâchée de 2-3 petits névés résiduels… Seule bonne nouvelle donc : la neige semblait bien fondue (même si au-delà de 1700m les névés étaient bien plus nombreux).
Le Vercors recevait en plus ce week-end une importante course d’orientation (raid « obivwak ») et il y avait du coup pas mal de personnes qui erraient dans Villard, trempées avec leur cape de pluie. L’essentiel des courageux était parti bivouaquer dans les environs de Corrençon, je ne sais pas si on les reverra dans le Vercors…
La météo était ensuite annoncée meilleure dimanche (alternance de cumulonimbus et d’éclaircies, ces dernières devant l’emporter en fin de journée) et belle le lundi (au moins le matin, avant les cumulus voire cumulonimbus de l’après-midi).
Pour ma part j’avais vraiment une furieuse envie de la montagne estivale, de pouvoir paresser allongé dans l’herbe sèche au milieu d’un champ de fleurs. Alors que je pensais initialement enfin aller faire un tour sur les crêtes du côté du Jocou dont je me dis depuis quelques années que c’est certainement une très belle balade, cette météo en demi-teinte m’a finalement conduit à revoir les objectifs à la baisse en partant de Bénevise et en montant vers Tussac et le jardin du Roi, l’un des derniers coins des Hauts-Plateaux où je ne suis jamais allé. L’altitude est plus modérée, avec une bonne exposition au sud, ça semblait donc le bon choix pour mon objectif n°1 : ne pas marcher sur un seul névé de la balade. Le dimanche matin était annoncé encore bien pluvieux donc je comptais en profiter pour refaire un tour à la grotte du Bournillon, que je n’ai jamais vue remplie d’eau.
En ouvrant les volets dimanche matin, une mauvaise surprise : la neige est retombée dans la nuit, et assez bas : en voyant la crête entre le Cornafion et le Gerbier on voyait bien la barre blanche à partir de 1600m. Une bonne surprise à contrario : il y avait déjà quelques coins de ciel bleu donc l’amélioration prévue par Caplain semblait déjà en place. Petit changement dans mes plans : au lieu de faire un tour au Bournillon puis de repasser à Villard pour redescendre tranquillement à Bénevise dans l’après-midi après un bon repas chaud, je prends de quoi compléter en gros un pique-nique supplémentaire et je pars sans tarder au Bournillon en vue de filer directement ensuite vers Bénevise (même si l’amélioration météo me fait hésiter à descendre droit vers Bénevise pour mieux profiter de la journée vers Tussac ; rétrospectivement heureusement que je suis allé au Bournillon).
Je descends les gorges de la Bourne en remarquant qu’il y a pas mal de pierres partout ce qui me fait accélérer comme d’habitude pour limiter les risques d'en prendre une. En même temps j’écoute le requiem de Fauré en descendant : si un gros parpaing tombe et que je termine ici ma vie ce sera peut-être quand même de bon augure de le faire au son d’In Paradisum… Petit changement pratique au passage : le parking est maintenant juste au départ du sentier et plus en face de l’usine. Je monte donc vers la grotte, sous une petite averse mais rien de méchant ce qui me confirme que la journée s’annonce plutôt bien.
Par rapport à mes passages précédents la différence est saisissante : le torrent coule à flots dans des grondements impressionnants. La cascade de Moulin Marquis que j’ai souvent vue réduite à un filet d’eau coule bien également. En arrivant sous le porche, le lac rempli se vide par une petite cascade responsable du grondement de tonnerre. En avançant dans la grotte le lac est bien rempli, avec une belle eau verte qui tourbillonne violemment en tous sens. Enfin au fond de la grotte la passerelle est assez impressionnante avec le torrent sortant de la résurgence qui s’engouffre dessous (d’après Pascal – ancien spéléo de Valence – le débit peut atteindre parfois 80m3/seconde ; je n’ai pas trop idée du débit actuel : d’un côté il y a certes les pluies d’hier mais d’un autre côté la fonte des neiges du plateau est quasiment achevée).
Enfin après cette visite aussi intéressante qu’impressionnante je redescends pour filer enfin sur Bénevise. Toujours de la petite pluie mais je reste confiant.
Encore mieux, en passant aux abords du village de Rousset, de bonnes éclaircies reviennent : je me dis que le phénomène connu de la barrière climatique du col du Rousset (selon lequel on passe sans transition du ciel bleu du Diois au ciel brumeux et froid du Vercors) sera sans doute là, avec peut-être un temps au grand bleu juste derrière !... Mais c’est raté : au milieu du tunnel je croise une voiture avec ses feux antibrouillard allumés, et en débouchant sur le Diois c’est effectivement une poisse nuageuse épaisse et sombre qui m’accueille… J’entame la descente et vers 1000m je repasse sous la brume, mais autour ce n’est pas engageant avec des nuages partout… Il pleut dans la traversée de Die à Châtillon mais ça semble se redégager en montant vers les Nonnières. Enfin je me gare à Bénevise et je vois de nombreux nuages noirs qui approchent : pas la peine de se précipiter, je prends le repas dans la voiture sous une bonne pluie.
Enfin la pluie s’arrête et c’est même un bout de ciel bleu qui fait son apparition : je pars sans tarder pour profiter au maximum de l’accalmie, même si les nuages plus loin ne me laissent pas d’illusions : il repleuvra sous peu. En regardant rapidement la carte j’avais vu qu’il fallait monter par une piste, mais dans Bénevise je vois un panneau qui indique « belvédère », la carte m’apprend que ce sentier part vers Archiane mais il permet ensuite de rejoindre la piste plus haut. Bonne idée, j’aurais même dû y penser en préparant la balade.
Ces premiers pas sont agréables, la végétation est sous une belle lumière alors que les nuages sombres se rassemblent à nouveau. En quittant le sentier d’Archiane pour rejoindre la piste de Tussac la pluie repart. J’apprécie quand même autant que possible le petit sentier qui ménage par endroits des points de vue sur le cirque d’Archiane (enfin il me semble : ce n’était pas évident de se rendre compte avec tous les nuages). Je rejoins la piste monotone et la montée se poursuit sans histoires.
Enfin je débouche à l’entrée du Plateau et comme souvent je suis enchanté par ce cadre fait d’aiguilles déchiquetées qui laissent place après un dernier lacet à la prairie.
Une petite surprise : le joli vallon de Tussac comporte pas mal de cabanes en fait (la bergerie officielle ne permet pas de bivouaquer comme d’autres cabanes, tout juste de s’abriter temporairement si besoin). L’une d’elles a même un petit panneau qui indique « location possible le week-end ». Mais ce vallon semble tout de même plein de charme. Je n’en profite pas trop néanmoins car de gros nuages noirs approchent à nouveau accompagnés du tonnerre : aux abris !
L’averse passée je me balade dans le vallon de Tussac avec une certaine déception : c’est plein de neige, seules les jonquilles égaient un peu la prairie. Je n’ai pas pris de guêtres et ce n’est pas dramatique car la couche n’est pas très épaisse, mais c’est quand même peu engageant : le sol est gorgé d’eau (l’eau stagne par endroits, recouverte de neige), j’avais vraiment envie d’autre chose…
Je fais d’abord un tour sur le flanc qui domine Archiane mais on ne voit pas grand-chose à part de nouveaux nuages bien sombres, je repars alors pour le flanc qui domine Combeau et qui est un peu plus sympathique, il y a même 2-3 rayons de soleil qui percent ça et là. J’essaye alors de choisir un point de vue pile en face du rocher de Combeau pour éventuellement profiter d’une percée au coucher de soleil. Pour le coup c’est galère au possible : la neige couvre juste comme il faut les sentiers pour qu’on ne repère plus les sentes, et dans les descentes ça glissouille bien avec quelques centimètres de neige humide recouvrant la pente de boue. Sur une descente vers la Combe du Coureau, je fais une glissade tous les 5 mètres se terminant par une chute et la neige de cette fin de journée est très humide donc je suis trempé : Y EN A MARRE !!! Le pire c’est que je vois sur la carte qu’il y a une petite sente qui descend mais je ne la trouve pas avec la neige (je la trouverai quand même avec bonheur à la montée).
Après bien des difficultés car la végétation est parfois dense, avec des lapiaz et petits rochers désordonnés, je trouve enfin le point de vue que je cherchais. Mais pas de miracle, les gros nuages sur le Glandasse cachent le coucher de soleil à part une ou deux petites trouées. Du reste, le point de vue sur le rocher de Combeau est finalement peu intéressant : on le domine trop et il perd son allure altière. Un chamois traîne sur un rocher un peu plus loin, ce sera une petite consolation.
Je retraverse à la nuit tombante la zone dégagée qui s’étend à l’ouest du Pré de Toine pour me rapprocher du versant dominant Archiane pour espérer voir le cirque au soleil levant. Ce passage a l’avantage d’être tout simple et « roulant » par rapport à la Combe du Coureau, j’apprécie bien !
Nuit sans histoires, comme au bivouac de février j’ai presque bien dormi : la neige a peut-être quand même des avantages. Une chouette hulotte hulule dans la nuit, et heureusement les masses nuageuses restent cantonnées sur le Glandasse.
Je me réveille presque trop tard (pourtant j’avais bien mis le réveil pour 5h30) et j’arrive donc au bord de la falaise peu avant le lever du soleil. C’est agréable de voir tout dégagé et je prends enfin vraiment du plaisir à détailler toutes ces aiguilles et falaises presque orangées, sculptées telles de la dentelle. En remontant vers le nord il y a notamment une avancée spectaculaire et élancée percée d’une arche, plus loin un petit passage doit permettre de faire un bout de sentier dans ce versant découpé (mais je n’y passe pas car pour le moment je veux rester au soleil, il faut y venir en fin de journée). Je poursuis jusqu’à l’avancée cotée 1662 puis je repars vers l’autre versant, en trouvant cette fois une piste qui me ramène vers le pré de Toine (mais la neige et un peu d’inattention me la font reperdre plus tard). Je poursuis tranquillement vers Tussac et fais une longue pause sur la crête au bord de la Fistourle : la vue sur le vallon de Combeau est belle, je regarde voler les rapaces (probablement gypaètes) qui prennent les ascendances et je laisse sécher mes affaires au soleil.
Mais l’heure tourne et j’ai promis de rentrer avant le dîner donc il ne faut plus trop traîner. Je repasse à la prairie de Tussac bien plus avenante que la veille : la neige a fondu et le sol n’est plus spongieux. Allongé au milieu des jonquilles je passe un dernier moment à regarder un groupe de biches qui se restaure un peu plus loin.
Enfin je descends, par la piste pour changer de l’aller (mais le sentier est en fait bien plus agréable). En rentrant je fais un dernier petit arrêt pour m’approcher du rocher de Combeau ; c’est vraiment bien plus saisissant vu du bas. Et il ne reste plus que la longue route pour rentrer, en admirant au passage un autre ravin marneux que franchit la route du col de Menée.
En conclusion ce coin est assurément très sympa : un peu les mêmes avantages que le Glandasse avec la vue sur le cirque d'Archiane et ses falaises découpées (même mieux car l'autre versant avec Combeau est chouette aussi) mais sans les inconvénients (surtout le 1500m de dénivelée minimum).Du coup la fréquentation me pose question (là il n'y avait personne mais l'accès est tellement simple qu'il y a sans doute du monde à la belle saison ; reste juste dans ce cas sans doute à quitter les sentiers de la carte - manifestement il y en a pas mal d'autres même si hélas la neige m'a quasiment tout caché).
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