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De l’hiver et du printemps derniers, je ressors sans avoir fait une seule course ou rando dans les Alpes : du jamais vu ! Il est urgent de réagir : une récente tentative tristement avortée à la Petite Ciamarella m’a démontré s’il en était besoin la nécessité d’une sérieuse remise en forme.
Alors, avec l’irruption soudaine de l’été et du soleil, je ne résiste plus : ce vendredi, je m’expulse de ma tanière ! Seul, c’est impératif, je ne sais pas trop pourquoi ; c’est une affaire entre la montagne et moi, voilà, un besoin de liberté absolue, pour me" refaire une santé". Objectif : un vieux rêve, les 2 Sœurs, encore jamais atteintes malgré déjà 2 tentatives (mauvaise météo, col des 2 Sœurs enneigé…), et plus si possible (Les Moucherolles ? Ou alors la boucle par le Pas de l’Oeille ?). J’hésite, je tergiverse… Ben finalement, je décide… de décider une fois sur place.
Le temps est encore gris ce matin au col de l’Arzelier, mais un randonneur descendu du Col des 2 Sœurs me certifie que bientôt je passerai au-dessus de la mer de nuages... Le Col des 2 Soeurs est vite atteint, après le superbe bout de sentier en balcon, et enfin gravi malgré un dernier névé encore blotti sur le passage. Première victoire, avec en effet, en prime, le surgissement en plein soleil sur le plateau. Mais voir se dresser la Grande Moucherolle à la sortie du Col est un vrai choc. Monter là-haut parait fou vu d’ici ! J’hésite…
En attendant, je file sur le sommet de Sophie, puis après le retour au Col sur celui d’Agathe. Quel spectacle splendide, au-dessus de la mer de nuages ! A la redescente, je constate que des nuages remontent et enveloppent de plus en plus la Grande Moucherolle (que j’avais déjà gravie il y a des années mais par son versant sud, à partir du Col des Moucherolles). L’idée de ne pas y grimper aujourd’hui fait son chemin dans ma tête. Un randonneur isolé qui pique-niquait là me dit qu’il l’a déjà fait 4 fois, que oui, c’était assez chaud surtout là-haut, et qu’aujourd’hui il n’y retournerait pas… Peu après un couple qui montait du lac me certifie que, non, la traversée vers le Pas de l’Oeille n’est pas si scabreuse que ça, ya qu’à suivre la ligne de cairns, etc… Bon allez, je tente ça, on verra bien. En fait je suis étonné, ça passe plutôt bien, les cairns sont au rendez-vous. Et soudain, je me trouve au beau milieu d’une quinzaine de bouquetins ! Soufflé, je m’arrête, je les observe, je leur parle (une vieille habitude…). Il y en a de tous les âges, certains sont sur la crête, d’autres tout près de moi. Tous me regardent, calmement, bougeant à peine de temps en temps. Je reste ainsi un long moment en leur compagnie, c’est magique. Après la séance photos, pour laquelle ils posent complaisamment (je n’avais encore jamais eu l’occasion d’en voir de si près), je les quitte à regret…
Peu après, la trace débouche au-dessus d’un vallon (où elle s’arrête) : je suis perplexe ! Je devine que le Pas de l’Oeille est peut-être bien là-bas en face, sur la crête du flanc opposé du vallon, mais où exactement ?! Est-ce cette large échancrure, où est-il encore plus loin au nord ? Ne l’ayant jamais vu depuis ce versant, je ne saurais dire. Je pourrais bien descendre dans le fond du vallon et remonter sur la crête en face, mais sans certitude je risque de me planter et de perdre énormément de temps pour rien.
Donc, demi-tour. J’ai le plaisir de repasser dans ma petite harde bouquetine, descendue un peu plus bas sur un névé. Mais cette fois-ci je ne m’attarde pas, et les salue définitivement.
De retour au-dessus du Col des 2 Sœurs, je n’hésite pas longtemps. A tort ou à raison, je décide de descendre au lac et de contourner la Grande Moucherolle (devenue invisible, car complètement dans les nuages cette fois) par sa base. Je me farcis donc les pistes de ski, petite remontée, longue descente, puis montée au Col des Moucherolles côté ouest (la fatigue commence à se faire sentir…). De là je grimpe à la petite Moucherolle par le raide petit couloir en écharpe (sympa, jamais monté de ce côté-là), avant d’entreprendre la longue, très longue voie de retour par le Pas de la Balme (très agréable, lui) et le raccourci (mais en est-ce vraiment un ?!) par le Bois de Barnière et l’interminable piste jusqu’au parking. Ouf !
Parti de là ce matin à 9h30, j’y reviens à 20h30, avant de me farcir encore les 2h30 de route jusqu’à Saint-Etienne ! Un peu épuisé, mais rassuré…
Mais je reviendrai :
- pour la traversée de la Grande Moucherolle
- pour la traversée du Col des 2 Soeurs au Pas de l'Oeille !
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